vendredi 10 février 2017

ENSEMBLE, C'EST NOUS, PARTIE 2

   Bien le bonjour, tout le monde.

   Chose exceptionnelle si c'en est une, la fanfiction comporte donc un second chapitre. D'habitude, cela n'arrive jamais car je suis incapable de manipuler très longtemps les personnages d'un autre. Après, il est vrai que j'aurais pu tout mettre ensemble, mais je trouvai ça plus cohérent de séparer mes deux chapitres.

   Sans plus attendre, je vous laisse découvrir la suite, celle-ci se passant après le fameux épisode 24 de la série Osomatsu-san



Aussi incroyable qu’impensable, la famille Matsuno venait d’être prise dans la Sélection. Leur mère avait pleuré de fierté en apprenant la nouvelle. Les frères dispersés avaient de nouveau été assemblés pour former la plus pitoyable équipe de base-ball jamais mise sur pied. Un homme était alors venu à leur rencontre pour les entrainer. Cela faisait maintenant trois jours que les neets les fainéants du Japon s’astreignaient à un entrainement drastique qui les avaient laissé sur les genoux.
Ce soir-là, épuisés, ils étaient rentrés chez eux en traînant des pieds. A peine se furent-ils effondrés dans le salon que leur mère vint à leur rencontre. A la vue de ses fils transformés en larves suantes, elle fronça les sourcils.
-         Regardez-moi dans quel état vous êtes ! les gronda-t-elle. Vous devriez filer vous laver au lieu de traîner sur le sol.
Alors qu’elle faisait la leçon à ses enfants, elle passait entre eux pour récupérer les casquettes puantes dans l’intention de les jeter dans la machine à laver. Elle s’aperçut alors qu’elle n’avait que cinq casquettes en main et compta ses fils. Un, deux, trois, quatre, cinq… Mais où était donc passé le sixième ?
-         Les enfants, qu’est-ce vous avez fait de votre aîné ?
Les intéressés se redressèrent, surpris et fouillèrent la pièce du regard.
-         C’est vrai, ça, où est donc Osomatsu nii-san ? marmonna Choromatsu.
-         Il était pourtant avec nous tout à l’heure, fit remarquer Todomatsu.
-         Il est peut-être aux toilettes ! suggéra énergiquement Jyushimatsu.
-         Ou il s’est perdu, se moqua Ichimatsu avec un ricanement.
Karamatsu se redressa, inquiet.
-         Je vais partir à sa recherche, indiqua-t-il. Reposez-vous, my dear little brothers !
-         Ah, attend, je viens avec toi ! s’exclama Choromatsu. Si ça se trouve, il est allé boire quelque part, on ne sera pas trop de deux pour le porter.
Les plus jeunes échangèrent un regard et se levèrent en chœur pour se joindre à l’expédition. Ils passèrent dans l’entrée et chaussèrent leurs godasses de sport. En effet, les chaussures de leur aîné n’étaient pas ici… Où pouvait-il donc être passé ?
-         Séparons-nous pour le moment, proposa Choromatsu, toujours méthodique. Dans une heure, on se rejoint devant la maison.
Tous approuvèrent du chef et les cinq frères se dispersèrent tout aussitôt. Choromatsu s’aventura du côté de la maison de Totoko, alors que Karamatsu se dirigea vers le pachinko, Todomatsu prit la direction de leur point de pêche, Ichimatsu, lui, slaloma entre les ruelles et Jyushimatsu choisit de vérifier les alentours de l’hippodrome. Tous cherchèrent durant toute l’heure où pouvait être passé Osomatsu, inquiets.
Depuis qu’ils étaient revenus à la maison, ils savaient que leur aîné n’était pas au meilleur de sa forme. Leur abandon l’avait profondément affecté, ils en avaient parfaitement conscience, mais personne n’avait encore osé aborder le sujet avec lui. Ce n’était pas chose facile de revenir sur un acte qui avait terriblement blessé un être qu’on aime, surtout quand l’acte en question avait été d’essayer de s’arracher à l’univers si rassurant et confortable qu’était le leur jusqu’alors. Osomatsu, lui, avait toujours le pilier de ce monde. Il était leur grand frère, celui qui les avait accepté sous leurs aspects les plus farfelus ou étranges, voire dérangeants.
Et eux avaient essayé de grandir sans laisser le temps à leur aîné de comprendre qu’il était peut-être temps pour lui aussi de faire un pas vers cette terrifiante terra incognita des adultes.
Sûrement le moment était-il venu qu’ils aient enfin la conversation qu’ils repoussaient tous inconsciemment depuis le début de la Sélection.
Une heure s’écoula. Les cinq frères revinrent bredouilles. Todomatsu se tordait les mains, incroyablement mal à l’aise. Il avait très violemment réagi quand Osomatsu avait refusé de se réjouir pour le travail de Choromatsu. Alors, forcément, cela lui pesait. Karamatsu, remarquant son attitude, posa une main sur son épaule et lui offrit un petit sourire qui se voulait réconfortant.  
-         On va le retrouver, ne t’en fais pas, lui assura-t-il.
-     Réfléchissons ! les enjoignit Choromatsu. Si vous étiez Osomatsu, où iriez-vous ? Il y a forcément des endroits que nous n’avons pas encore fouillés.
Chacun s’abîma dans de profondes réflexions. La ville était immense, où pourraient-ils se diriger ? Il avait des souvenirs à tous les coins de rue : dans la vieille cabane au bord de la rivière, dans la cour de leur école, dans le parc, à la clinique de Dekapan, sur le terrain vague encombré par des tuyaux en béton… Les cinq frères eurent un sursaut et échangèrent un regard entendu.
-         Il s’est peut-être réfugié là-bas, suggéra Ichimatsu. Ça vaut le coup d’essayer, non ? On y allait tout le temps quand on était gamins.
-         Ce sera toujours mieux que rien, approuva Choromatsu.
Jyushimatsu approuva de la tête, mortellement silencieux. Le fanatique des chats glissa ses doigts entre les siens pour lui apporter un semblant de réconfort. Un Jyushimatsu qui ne crie pas toutes les secondes, c’était effrayant… Mais il savait parfaitement le sportif trop inquiet pour qu’il se laisse aller à ses habituelles pitreries.
Tous les cinq se mirent rapidement en route. Depuis combien de temps n’étaient-ils pas retournés sur les traces de leur enfance disparue ? Ces moments où ils couraient partout dans les rues pour faire tourner en bourrique Chibita ou Iyami, ces moments où ils étaient inséparables, pis, indissociables ! Qu’est-ce qu’ils leur paraissaient loin… Et Osomatsu qui était toujours là pour les entrainer plus loin, leur sourire et les pousser aux bêtises les plus folles.
Leur cher frère aîné… 
Guidés par une sorte d’instinct, les frères avaient accéléré l’allure jusqu’à se mettre à courir. Une crainte leur nouait l’estomac. Ce fut essoufflés qu’ils parvinrent au terrain vague. Ils s’arrêtèrent au seuil pour reprendre leur respiration. Lentement, ils se mirent à avancer. Choromatsu était en tête, une petite douleur dans le regard. Karamatsu fermait la marche, comme pour veiller sur la fratrie. Il avait mal, là, au niveau de l’estomac. Il sentait que quelque chose allait se produire. Et il ignorait si ce quelque chose allait renforcer leurs liens ou tout briser.
Mais, le voilà, leur moment charnière.
Alors qu’ils avançaient au centre du terrain, ils aperçurent des tuyaux en béton, empilés les uns sur les autres pour former une sorte de pyramide. Au sommet de cette dernière, les jambes dans le vide, ses chaussures à la main, Osomatsu était assis, tranquille, les yeux clos. Ils durent faire du bruit car leur aîné baissa soudainement les yeux sur eux. Il parut surpris de les voir, fourra quelque chose dans sa poche et leur fit un signe de main.  
-         Salut, les gars ! Qu’est-ce que vous faites-là ?
Ses frères échangèrent des regards gênés. Karamatsu prit alors la parole, l’air de rien, essayant d’étouffer la tension qui manquait de faire chavirer sa voix :
-         Nous venus pour toi, O, my beautiful brother ! Mommy s’inquiète de ton absence.
Sans qu’ils comprennent pourquoi, ils virent leur leader hausser un sourcil ironique, une expression un peu méprisante sur le visage. Mais ce fut si fugitif qu’ils doutèrent tous très vite de l’avoir vu. En effet, Osomatsu renversa la tête en arrière pour étudier les nues qui s’étiraient au-dessus de lui.
-         Ah, c’est vrai que le soleil va bientôt se coucher ! La journée est vraiment passée vite.
-       E… En effet, reprit Karamatsu, décontenancé par son attitude distante. Et si tu descendais, pour qu’on y aille ?
-         Descendre ? Ah, non, non, pas la peine. Allez y, je vous rejoindrai plus tard.
-         Mais, Osomatsu nii-san… ! voulut protester Todomatsu.
-         Je vous rejoindrai plus tard, l’interrompit sèchement l’intéressé en dardant sur le benjamin un regard glacial.
Un silence de plomb s’abattit sur la fratrie. Choromatsu, ne supportant pas voir leur aîné se comporter comme un gosse en colère, s’avança à son tour.
-         Ça suffit, Osomatsu nii-san ! lui cria-t-il. Descends maintenant, maman nous attend tous et personne n’est encore lavé, en plus !
Pour toute réponse, il reçut une chaussure sur le sommet de la tête. Dans son dos, les autres suspendirent leur souffle. Stupéfait, Choromatsu, lui aussi, demeura sans voix. Il contempla la basket qui venait de heurter son crâne, la ramassa puis leva un regard d’une noirceur peu commune sur Osomatsu qui, lui aussi, le foudroyait du regard.
-         Tu viens de me lancer ta godasse puante ? lui demanda-t-il d’une voix très calme.
-         C’est exactement ce que je viens de faire, lui répondit son interlocuteur sur le même ton.
Il n’en fallut pas plus à Choromatsu pour retourner l’objet à expéditeur dans un lancer rendu très rapide par des heures et des heures d’entraînement. Osomatsu n’eut pas le temps de se décaler. La semelle de sa propre chaussure se fracassa contre son nez, le laissant étourdi. Karamatsu et Ichimatsu saisirent à bras le corps l’adorateur des chanteuses pour l’empêcher de faire un malheur.
-         Lâchez-moi, tous les deux ! vociférait-il. Je vais me le faire ! Je vous jure que je vais me le faire !
Karamatsu allait lui demander de se calmer quand il fut victime d’un nouveau bombardement intempestif de la part du roi qui siégeait au sommet de la pyramide des tuyaux. Le second projectile, par contre, fut pour Jyushimatsu. Ce dernier, pétrifié, contempla sans comprendre la chaussure qui venait de lui tomber dessus. A la vue des larmes qui menaçaient de jaillir de ses yeux, Todomatsu n’y tint plus. Il leva un regard courroucé sur le guide leur fratrie, dégoûté par son comportement. 
-         Arrête ça, Osomatsu nii-san ! Tu es peut-être en colère contre nous, mais ce n’est pas une raison pour te comporter comme un parfait imbécile !
-         La ferme ! Fermez-la, tous autant que vous êtes !
Le ton menaçant leur coupa à tous le sifflet. Osomatsu s’était levé, il se tenait au-dessus d’eux, haletant, le regard humide. Il passa la manche de son tee-shirt sur ses yeux et leur tourna le dos rapidement.
-         Rentrez à la maison, leur demanda-t-il d’un ton plus doux. Je ne vous demande que quelques minutes, d’accord ? Après, j’arrive. Juste… cinq minutes.
Todomatsu voulut signaler son désaccord de vive voix, mais Karamatsu lui fit gentiment signe de se taire. Sûrement valait-il mieux lui obéir pour le moment. Ils pourraient toujours avoir une discussion à un moment plus calme, où tous seraient reposés et disposés à mener cette conversation qui les hantait tous. Rapidement, le deuxième fils consulta Choromatsu du regard. Ce dernier était en train d’essayer de consoler Jyushimatsu, mais il capta son interrogation. Un soupir gagna ses lèvres puis il hocha tristement la tête. Dans ce genre de cas, que faire à part céder, de toute manière ? Tous connaissaient le caractère buté de leur cher aîné ; ils ne parviendraient pas à le faire céder, pas ce soir, tout du moins. C’est alors que Jyushimatsu eut un commentaire qui les inquiéta :  
-         Où est passé Ichimatsu nii-san ?
Les trois autres eurent un sursaut et fouillèrent le terrain vague du regard. Nulle trace de leur frérot des gouttières. Où avait-il donc disparu, celui-là ? 
-         Osomatsu nii-san.
Les quatre levèrent la tête. Ils virent avec stupéfaction que leur petit disparu se tenait au sommet des tuyaux, juste devant Osomatsu. Ce dernier se rendit compte de sa présence en même temps que les autres. Mais quand était-il grimpé jusque-là, celui-là ?! L’adorateur des chats fit un pas vers lui et pencha la tête sur le côté. Son vis-à-vis crispa ses mâchoires, furieux de s’être laissé piéger. Puis il vit un sourire carnassier se dessiner sur les lèvres de son petit frère. Et il comprit un instant trop tard qu’il venait de se faire avoir.
Usant dans ses légendaires capacités, Jyushimatsu venait de bondir dans les airs comme un fauve. En un instant, il avait ceinturé Osomatsu pour ensuite le jeter dans le vide. Choromatsu et Todomatsu hurlèrent de frayeur, mais Karamatsu se précipita pour attraper l’aîné avant que celui-ci ne touche terre. Les deux premiers fils chutèrent sur le sol dans un cri de stupeur et un nuage de poussière. Du haut de leur pyramide, Ichimatsu et Jyushimatsu semblaient très satisfaits du déroulement des évènements. Le sportif prit alors son grand frère dans ses bras et sauta naturellement à terre, sous le regard consterné des autres qui commençaient sérieusement à se poser des questions quant à l’humanité de leur adorable frangin au sourire béat.
Une fois remis de leurs émotions, Todomatsu et Choromatsu se précipitèrent sur leurs frères pour les aider à se relever. Une fois Osomatsu sur pieds, il se tourna vers les deux comploteurs, hors de lui.   
-         Mais ça ne va pas, la tête ?! Vous auriez pu me tuer !
-         Il fallait bien qu’on arrive à capter ton attention, répondit tranquillement Ichimatsu, les mains enfoncées dans ses poches. Et puis j’en avais marre de me tordre le cou pour te parler.
-         Vous n’êtes qu’une bande d’inconscients ! Des ingrats ! Des traîtres ! Vous m’avez laissé seul derrière vous ! Je vous déteste !
Il avait véritablement hurlé cette dernière phrase. Ahanant, il défiait ses frères du regard. Ces derniers, un sentiment de culpabilité planté au fond du cœur, baissèrent la tête sous l’œillade incendiaire. Osomatsu sentit les larmes rouler alors sur ses joues. Il s’était juré de ne pas se montrer sous ce jour à sa fratrie. Il ne voulait pas leur balancer des insultes et des reproches à la tête, il souhaitait les garder en lui jusqu’à ce qu’ils s’éteignent naturellement, avec le temps. Mais il avait fallu que ces petits cons viennent à sa rencontre, qu’ils le poussent et le fassent vaciller ! Bon sang… Ils avaient une telle expression sur le visage ! Il se détestait pour être la cause de la douleur qu’il lisait là…
Il sentit soudain un corps s’écraser sur le sien. Choromatsu venait de lui sauter dans les bras. Il se trouva enferré dans une étreinte étroite, prisonnier des bras de son petit frère, incapable de s’éloigner ne serait-ce que d’un millimètre.
-         Nous sommes désolés ! Nous sommes désolés ! Nous ne voulions pas te blesser, je te le jure ! Mais, tu sais… Osomatsu… Nous devrons tous grandir un jour… 
Osomatsu tenta de se dégager, mais Choromatsu ne le laissa pas faire. Il le serra encore plus étroitement contre lui si cela était possible. Il refusait de le laisser partir ! Pas tant qu’il ne lui aurait pas avoué tout ce qu’il avait sur le cœur… 
-         La prochaine fois, faisons ça ensemble, lui chuchota-t-il, un sanglot dans la voix. Grandissons ensemble… Sans laisser aucun d’entre nous sur le banc de touche, d’accord ? Faisons cela en grand !
L’aîné se raidit. Il sentait le corps de son frère trembler tout contre lui. Quand il releva la tête, il s’aperçut que tous pleuraient silencieusement. Il comprit alors que pour eux aussi, cela avait été dur. Ils s’étaient soudainement retrouvés seuls au monde, sans personne vers qui se tourner, sans personne sur qui s’appuyer. Pourtant, ils avaient essayé, ils n’avaient pas failli et avaient tout fait pour sortir de leur vie quotidienne.
Ils avaient vraiment d’incroyables petits frères… 
Osomatsu soupira et appuya son front contre celui de Choromatsu.
-         Merci, lui murmura-t-il. Merci… d’être tous là.
Son murmure n’échappa à l’oreille de personne. Tous se précipitèrent sur leur aîné pour participer au câlin groupé. Ils se mussèrent contre Osomatsu avec la sensation que, enfin, ils étaient parvenus à se rassembler. Ils étaient de nouveau ensemble, pour de bon, cette fois-ci.
-         Quelle bande de mauviettes on fait, pouffa le leader de la fratrie. Il faut qu’on se reprenne, on a quand même le tournoi le plus important de l’univers à remporter !
Tous l’approuvèrent de vive voix. Osomatsu contempla leurs visages marqués par les larmes et leur offrit un large sourire.
     -     Allez… et si on rentrait à la maison ?

Marine Lafontaine 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne pensais pas lire une fanfic mignonne des frères Matsuno un jour… mais c'est chose faite ! Histoire toute choute !