jeudi 15 septembre 2016

CARTE 9, MOI, QU'A'RI'LO, JE DÉCLARE… (+ ECOSIA)


Bien le bonjour, tout le monde !

 Et voilà, je viens d'écouler ma première semaine de cours en tant qu'étudiante à l'université de Lille 3. Quelle épopée, dis donc… C'est compliqué la fac ! 

Et pour démarrer de bon pied une nouvelle année, quoi de mieux qu'un petit texte de mille mots pour illustrer une magnifique carte de Dixit ? Je vous souhaite une agréable lecture.




Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont toujours cru que la nature se régulait d’elle-même. Qu’elle poursuivait un cycle précis, ponctué par la course du soleil, par la venue de la pluie, du vent et tout un tas d’autres trucs de ce genre. Les plus rationnels avanceront certainement des théories et les plus scientifiques seront capables d’expliquer le processus.

Sauf que vous vous trompez.

Je ne dis pas cela pour vous énerver. Ce n’est pas un reproche, loin de là. Je veux juste vous faire partager quelque chose. C’est la première fois qu’un membre de mon espèce prend la parole face aux humains. Je dois vous avouer être un peu nerveux.

Mon nom est Qua’ri’lo. Ma famille est dans le gonflage de raisins depuis toujours. J’aimerais vous parler un peu des autres, aujourd’hui, et vous parler de moi. Car il y a des choses que vous ignorez. Nous avons fait en sorte que vous les ignoriez, en réalité. Et nous aurions continué à le faire si la situation n’avait pas exigé que nous sortions de notre cachette.

La nature a des enfants, tout comme vous. Ces enfants, c’est nous, les Killipiras. Nous sommes des êtres minuscules chargés de prendre soin de tous les végétaux dans le monde. Certains, par le passé, nous ont appelé les fées. C’est un terme que nous aimons bien utiliser entre nous, aussi. Sauf que personne ne possède d’ailes chez nous. Nous possédons bien un duvet de plumes qui couronne notre tête et cascade dans notre dos, mais voilà tout. Ça ne nous permet pas de voler. Pourtant, ça aurait été chouette ! Et ça nous aurait bien facilité le travail.

Les Killipiras sont divisés entre plusieurs classes et chaque classe est chargée de veiller sur un type de végétal. Ma cousine, par exemple, est dans une famille de courgettes. Ils veillent sur le tubercule, puis sur la fleur, puis sur le légume. C’est un travail fastidieux, mais nous aimons tous le moindre brin d’herbe avec passion. Alors, pour nous, le voir s’épanouir est un moment de joie intense. Le printemps est une période de réjouissance absolue. Tous les Killipiras dansent et chantent sous les physalis. C’est un moment que j’adore. Les lumières qui sont promenées au bout de longues branches et qui forment des colonnes mouvantes dans l’obscurité… Quelle beauté !

Comme je vous disais, moi, je suis dans une famille de raisins. On est chargés de les gonfler jusqu’à maturation à l’aide de nos petites pompes. Il y a quelques générations, mes arrières grands-parents ont emménagé en France car le marché du travail y prospérait. Nous nous sommes installés dans un petit vignoble où nous vivons tous harmonieusement, la nature, les humains et nous.

Puis les temps ont changé. Nous avons vu les hommes adopter des comportements étranges. Au départ, nous n’avons pas fait attention. Ils nous aidaient dans notre travail, en fait. Le fumier sur les pieds des plantes, l’irrigation… De formidables inventions, vraiment ! Nous voyions nos raisins pousser plus vite, devenir plus forts, s’élever, tourbillonner. J’adorais ça. J’aimais sentir l’ombre des larges feuilles sur mon duvet bleu. J’aimais caresser les ventres rebondis des fruits. Mais, le temps a continué à s’écouler.

Et la vague noire a déferlé sur notre famille.

Le vignoble n’a cessé de s’étendre. Nous avions sans cesse plus de travail, si bien que nous avons fini par manquer de main-d’œuvre. Nous essayions tout de même de faire de notre mieux pour accomplir nos tâches dans les temps. C’est là que les premiers signes de maladie sont apparus. D’abord chez papa. Puis chez mes frères et sœurs aussi. Ils se mettaient à tousser, des marbrures violacées apparaissaient sur leurs membres. Nous ne comprenions pas. Et les raisins… Ils grossissaient de façon anormale, leur texture changeait, ils puaient la mort !

Les chefs des Killipiras se sont réunis et ont constaté avec horreur que le fléau s’était étendu sur le monde tout entier, comme si un vicieux magicien avait emprisonné la terre dans un charme maléfique. L’air lui-même semblait saturé d’ondes empoisonnées. Les Killipiras qui vivaient en ville, près des serres, nous ont alors rapporté que les humains avaient découvert de nouvelles manières de “soumettre la nature”. Que de noms désagréables vous avez donnés à vos machines infernales ! Pesticides ? Insecticides ? OGM ? Et vous continuiez à manger tous ces végétaux ? Ils étaient devenus si laids ! Nos avions du mal à expliquer aux plus jeunes que la nature était bien différente auparavant. Qu’elle était magnifique, grandiose ! Comme si leur cerveau confit dans la pollution pouvait imaginer quoique ce soit…

Nos compatriotes ont commencé à quitter la Chine où, pour la première fois, des Killipiras avaient trouvé la mort. Les membres de mon espèce ne meurent pas, ils retournent parfois auprès de la Grande Mère, mais ils reviennent toujours quand il est temps pour d’autres de se reposer. Mais, à cause des humains et de leurs armes, beaucoup d’entre nous ne sont jamais revenus.

Nous avons dû nous vêtir pour nous protéger. Nous portons dorénavant des capuchons rayés et de larges manteaux. Pour nous détourner de nos pensées noires, maman s’était amusée à les décorer du mieux qu’elle le pouvait. Mais ces stupides tissus pesaient plus lourds que du plomb sur nos dos. Nous ne parvenions même plus à sourire.

Puis papa a succombé. Son corps était affreux, si vous l’aviez vu ! C’était comme si on l’avait roué de coups… Il a expiré dans la douleur, savez-vous ? Et quand les premières marques de dégénérescence sont apparues sur moi, j’ai décidé qu’il en était assez. J’ai alors entrepris un très long voyage jusqu’à la Grande Mère. Quand elle ne nous rappelle pas auprès d’elle, il est très difficile de la trouver. Quand je parvins à elle, j’étais mourant. La pauvre était dans un état… Je lui ai soumis ma requête qu’elle n’a accepté d’exaucer qu’après de longues négociations.

Mais voilà, humains, aujourd’hui je me tiens enfin devant vous. Et je viens demander la paix.

Le texte d'aujourd'hui était un peu spécial. Mais il me donne l'occasion de vous parler d'Ecosia. Il s'agit d'un moteur de recherches que j'utilise actuellement où, pour chaque recherche faite, vous plantez un arbre. Je vous met un lien vers leur site, je pense qu'ils sauront bien mieux vous éclairer que moi à ce sujet. Notre planète a besoin de nous, aujourd'hui plus que jamais. Et même s'il est infime, un geste compte.


     Marine Lafontaine

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