Bien le bonjour, tout le monde !
Et voilà, je viens d'écouler ma première semaine de cours en tant qu'étudiante à l'université de Lille 3. Quelle épopée, dis donc… C'est compliqué la fac !
Et pour démarrer de bon pied une nouvelle année, quoi de mieux qu'un petit texte de mille mots pour illustrer une magnifique carte de Dixit ? Je vous souhaite une agréable lecture.
Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont
toujours cru que la nature se régulait d’elle-même. Qu’elle poursuivait un
cycle précis, ponctué par la course du soleil, par la venue de la pluie, du
vent et tout un tas d’autres trucs de ce genre. Les plus rationnels avanceront
certainement des théories et les plus scientifiques seront capables d’expliquer
le processus.
Sauf que vous vous trompez.
Je ne dis pas cela pour vous énerver. Ce
n’est pas un reproche, loin de là. Je veux juste vous faire partager quelque
chose. C’est la première fois qu’un membre de mon espèce prend la parole face
aux humains. Je dois vous avouer être un peu nerveux.
Mon nom est Qua’ri’lo. Ma famille est
dans le gonflage de raisins depuis toujours. J’aimerais vous parler un peu des
autres, aujourd’hui, et vous parler de moi. Car il y a des choses que vous
ignorez. Nous avons fait en sorte que vous les ignoriez, en réalité. Et nous
aurions continué à le faire si la situation n’avait pas exigé que nous sortions
de notre cachette.
La nature a des enfants, tout comme vous.
Ces enfants, c’est nous, les Killipiras. Nous sommes des êtres minuscules
chargés de prendre soin de tous les végétaux dans le monde. Certains, par le
passé, nous ont appelé les fées. C’est un terme que nous aimons bien utiliser
entre nous, aussi. Sauf que personne ne possède d’ailes chez nous. Nous
possédons bien un duvet de plumes qui couronne notre tête et cascade dans notre
dos, mais voilà tout. Ça ne nous permet pas de voler. Pourtant, ça aurait été
chouette ! Et ça nous aurait bien facilité le travail.
Les Killipiras sont divisés entre
plusieurs classes et chaque classe est chargée de veiller sur un type de
végétal. Ma cousine, par exemple, est dans une famille de courgettes. Ils
veillent sur le tubercule, puis sur la fleur, puis sur le légume. C’est un
travail fastidieux, mais nous aimons tous le moindre brin d’herbe avec passion.
Alors, pour nous, le voir s’épanouir est un moment de joie intense. Le
printemps est une période de réjouissance absolue. Tous les Killipiras dansent
et chantent sous les physalis. C’est un moment que j’adore. Les lumières qui
sont promenées au bout de longues branches et qui forment des colonnes
mouvantes dans l’obscurité… Quelle beauté !
Comme je vous disais, moi, je suis dans
une famille de raisins. On est chargés de les gonfler jusqu’à maturation à
l’aide de nos petites pompes. Il y a quelques générations, mes arrières
grands-parents ont emménagé en France car le marché du travail y prospérait.
Nous nous sommes installés dans un petit vignoble où nous vivons tous
harmonieusement, la nature, les humains et nous.
Puis les temps ont changé. Nous avons vu
les hommes adopter des comportements étranges. Au départ, nous n’avons pas fait
attention. Ils nous aidaient dans notre travail, en fait. Le fumier sur les
pieds des plantes, l’irrigation… De formidables inventions, vraiment !
Nous voyions nos raisins pousser plus vite, devenir plus forts, s’élever,
tourbillonner. J’adorais ça. J’aimais sentir l’ombre des larges feuilles sur
mon duvet bleu. J’aimais caresser les ventres rebondis des fruits. Mais, le
temps a continué à s’écouler.
Et la vague noire a déferlé sur notre
famille.
Le vignoble n’a cessé de s’étendre. Nous
avions sans cesse plus de travail, si bien que nous avons fini par manquer de
main-d’œuvre. Nous essayions tout de même de faire de notre mieux pour
accomplir nos tâches dans les temps. C’est là que les premiers signes de
maladie sont apparus. D’abord chez papa. Puis chez mes frères et sœurs aussi.
Ils se mettaient à tousser, des marbrures violacées apparaissaient sur leurs
membres. Nous ne comprenions pas. Et les raisins… Ils grossissaient de
façon anormale, leur texture changeait, ils puaient la mort !
Les chefs des Killipiras se sont réunis
et ont constaté avec horreur que le fléau s’était étendu sur le monde tout
entier, comme si un vicieux magicien avait emprisonné la terre dans un charme
maléfique. L’air lui-même semblait saturé d’ondes empoisonnées. Les Killipiras
qui vivaient en ville, près des serres, nous ont alors rapporté que les humains
avaient découvert de nouvelles manières de “soumettre la nature”. Que de noms
désagréables vous avez donnés à vos machines infernales !
Pesticides ? Insecticides ? OGM ? Et vous continuiez à manger
tous ces végétaux ? Ils étaient devenus si laids ! Nos avions du mal
à expliquer aux plus jeunes que la nature était bien différente auparavant.
Qu’elle était magnifique, grandiose ! Comme si leur cerveau confit dans la
pollution pouvait imaginer quoique ce soit…
Nos compatriotes ont commencé à quitter
la Chine où, pour la première fois, des Killipiras avaient trouvé la mort. Les
membres de mon espèce ne meurent pas, ils retournent parfois auprès de la
Grande Mère, mais ils reviennent toujours quand il est temps pour d’autres de
se reposer. Mais, à cause des humains et de leurs armes, beaucoup d’entre nous
ne sont jamais revenus.
Nous avons dû nous vêtir pour nous
protéger. Nous portons dorénavant des capuchons rayés et de larges manteaux.
Pour nous détourner de nos pensées noires, maman s’était amusée à les décorer
du mieux qu’elle le pouvait. Mais ces stupides tissus pesaient plus lourds que
du plomb sur nos dos. Nous ne parvenions même plus à sourire.
Puis papa a succombé. Son corps était
affreux, si vous l’aviez vu ! C’était comme si on l’avait roué de
coups… Il a expiré dans la douleur, savez-vous ? Et quand les
premières marques de dégénérescence sont apparues sur moi, j’ai décidé qu’il en
était assez. J’ai alors entrepris un très long voyage jusqu’à la Grande Mère.
Quand elle ne nous rappelle pas auprès d’elle, il est très difficile de la
trouver. Quand je parvins à elle, j’étais mourant. La pauvre était dans un
état… Je lui ai soumis ma requête qu’elle n’a accepté d’exaucer qu’après
de longues négociations.
Le texte d'aujourd'hui était un peu spécial. Mais il me donne l'occasion de vous parler d'Ecosia. Il s'agit d'un moteur de recherches que j'utilise actuellement où, pour chaque recherche faite, vous plantez un arbre. Je vous met un lien vers leur site, je pense qu'ils sauront bien mieux vous éclairer que moi à ce sujet. Notre planète a besoin de nous, aujourd'hui plus que jamais. Et même s'il est infime, un geste compte.
Marine Lafontaine
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