jeudi 30 mai 2013

ET DE 100 !

   Nous avons officiellement dépassé les cent commentaires ! Merci à tous !!! Bon, ça été difficile, mais nous y sommes enfin arrivés !

   Merci aux grands habitués qui me réchauffent le cœur avec leurs petits mots toujours destinés à émettre un avis en guise de critique ou de compliment. L'un et l'autre me font avancer dans ce blog, merci énormément à vous !
  
   Les corrections de “Eros et Thanatos” avancent à grands pas, le roman sera donc prochainement disponible sur internet. Vous serez les premiers tenus au courant, évidemment.
   J'ai commencé l'écriture de la fiction sur Médée. Un article apparaîtra bientôt pour vous présenter le personnage. Pour patienter, je vous donne en exclusivité ce début, écrit dans la journée même, entre deux heures de cours.
 
Au centre d’une chambre ovale se trouvait un lit à baldaquin. Les soieries qui ornaient l’armature de fer se balançaient mollement dans une brise rafraîchissante qui provenait des volets écartés. Le jour commençait à poindre à l’horizon, déversant une douce lumière dorée sur la ville de Corinthe encore ensommeillée.
Mais, au centre des draps froissés, témoins d’une nuit agitée, un corps était en proie à de terribles tourments. Il s’arquait, la peau rendue luisante par un voile âcre de transpiration. Son front était barré de rides, sa bouche tordue dans une supplique muette. Dans son esprit se fracassaient des images issues du passé, d’un passé empli de douleur et de sang. Empli de mains suppliantes dont les doigts tordus agrippaient une robe au bas ourlé de boue et de viscères. Des yeux… Ah, tant haïs ! Terrifiants, ils fixaient sans ciller leur victime avec cette impassibilité qu’ont les morts. Le poids de leur regard pesait sur ses membres, lestés du plomb de leurs reproches.
Le cauchemar se poursuivait, torturant avec un lent plaisir son être. Il y inscrivait au fer rouge ses crimes, labourait ses chairs avec des aiguilles de feu. Une lente litanie broyait ses tempes avec des mots perfides pour ne cesser de lui remettre sans cesse en mémoire ses fautes, ses péchés, ses meurtres, ses massacres… 
Puis, il y eut comme une libération. Son corps se délivra enfin de toute cette souffrance qui hantait la moindre parcelle de sa peau. Cela jaillit de sa gorge sous l’aspect d’un cri terrible, presque inhumain. Ses paupières se soulevèrent, révélant des yeux qui roulaient, billes folles, comme s’ils voulaient s’expulser de leurs orbites.

    Non, je ne m'arrête pas là par sadisme, c'est réellement tout ce que j'ai mis sur papier pour le moment ! La suite à venir !
   Et, une fois n'est pas coutume, voici notre moment musique ! 



   Ou comment Dieu a laissé tomber son micro… Bref ! Encore un énorme merci et à très bientôt ! Je compte sur vous pour qu'on fête bientôt le 200ème commentaire !

Marine Lafontaine 

LES ÂMES CROISÉES

   Bien le bonjour ! Alors, je vous ai fait attendre un moment, mais le voilà. C'est un livre que je voulais vous présenter depuis un moment, mais ça fait vraiment un bout de temps que je l'ai lu… Les âmes croisées de Pierre Bottero (paix à l'âme de ce génie) c'est bien l'histoire avec les Perles et les Cendres ? Oui ? Bon, bah tout va bien alors ! 
   La couverture que j'ai choisi est celle de la réédition. on connaît plus celle avec les deux visages. Je vous la mets aussi pour la comparaison ! Je la trouve moins jolie que la nouvelle, mais plus représentative de l'histoire. 

   Parlons-en, d'ailleurs ! Alors… Heu… Houlà, ça fait longtemps ! Si je me souviens bien, l'héroïne, Nawel Héliantas, appartient à une haute classe sociale qu'est celle des Perles. Elle vit à AnkNor, un des douze cités de son pays. Capricieuse et exigeante, elle ne se préoccupe que d'elle-même et méprise en tout point les Cendres situés au bas de l'échelle sociale. Jusqu'au jour où elle est responsable d'un drame qui va bouleverser sa vie. Les évènements s'enchaînent et elle doit garder la tête froide car son avenir va bientôt se jouer. En effet, elle va devoir choisir sa Robe et endosser un rôle qu'elle devra assumer jusqu'à la fin de son existence. 

  J'ai beaucoup aimé ce livre. Il devait faire office d'une suite, mais la mort prématurée de son auteur nous prive de ce bonheur… Je sens que j'ai plombé l'ambiance, là. 
   J'avais du mal au début avec Nawel. Capricieuse, égoïste, cruelle, elle ne m'était guère sympathique. Elle subit une transformation fulgurante à travers le roman et se revêt d'un tout autre visage. L'histoire est très intéressante et il existe de nombreuses pistes qui ne demandent qu'à être exploiter, dont, l'essentielle… Y se passe quoi derrière cette p***** de porte ?!… Je n'en dis pas plus pour ne pas vous révéler la clé de ce roman. Après, que dire d'autre… Bah, c'est du Pierre Bottero, hein ! Vous vous attendiez à quoi ? A une histoire splendide, évidemment !

Marine Lafontaine


 

lundi 27 mai 2013

CHAPITRE 9, FIN DE "LECTURE DANGEREUSE"

   Voici le dernier chapitre ! Une fin un peu rapide, désolé pour cet énorme retard ! En espérant que cela vous plaise malgré tout !


 

Gilles avait le ventre noué par une drôle d’appréhension. C’était un sentiment diffus qui s’attaquait à ses organes pour s’amuser à les malmener. Il reporta son attention sur Wait qui se tenait immobile sur une sorte d’estrade, régalien. Les couturières tournaient autour de lui pour prendre ses mesures, armées de longs rubans qui formaient un étrange ballet autour de l’imposteur. Léna se tenait en retrait, le regard fixe, l’air complètement détachée de la réalité.  Il était déjà arrivé au jeune homme si elle se rendait réellement compte de la situation qui l’entourait au vu de son manque de réaction.
-                Gilles ! l’appela Wait d’une voix cinglante. Cesse de rêvasser et aide ! Tu n’es vraiment d’aucune utilité !
-                Pardonnez-moi, mon seigneur.
-                Ah ces domestiques… 
Le jeune homme vint en aide aux couturières qui ne lui adressèrent même pas un regard, concentrées sur leur tâche, à savoir satisfaire les caprices de cet insolent gamin. A chaque fois que ce dernier n’était pas satisfait, il le faisait  clairement savoir de remarques forts déplaisantes voir blessantes. Quand à Gilles, il reçut même un coup après avoir involontairement piqué l’usurpateur avec une aiguille. Le calvaire prit finalement fin et tous trois sortirent de la boutique. Le soleil était à son zénith, inondant la terre de ses rayons chauds. Wait, de fort belle humeur, s’étira voluptueusement. 
-                Gilles, c’est quoi la suite ?
-                C’est tout pour aujourd’hui, mon seigneur.
-                Donc, c’est bon, on peut rentrer ?
-                Oui.
-                Enfin ! J’en avais plus qu’assez de ces greluches avec toutes leurs manières ! Elles étaient tout bonnement insupportables !
L’héritier des Phamvarna se garda bien de répondre. Il se contenta d’assurer sa prise sur le costume flambant neuf de Wait. Un pauvre sourire se perdit sur ses lèvres alors qu’il contemplait la délicate étoffe. Ce costume aurait dû être le sien… Il s’agissait du modèle que Holly avait spécialement dessiné pour son mariage. Savoir que Wait allait porter l’œuvre de sa sœur suffisait à attiser la colère et la peine qu’il enfouissait au plus profond de lui-même depuis trop longtemps déjà. Il prit une goulée d’air pour calmer ses palpitations de son cœur et emboîta le pas de ses deux tortionnaires. L’idée de fuir, une nouvelle fois, le séduit, mais il y renonça aussitôt. Ce comportement égoïste coûterait la vie de toute sa famille, il ne pouvait se le permettre.
Il crut alors apercevoir un éclat vert du coin de son œil valide. Il sursauta violemment en reconnaissant un anneau de jade passé autour d’un cordon.   
-                Rima… murmura-t-il.
Mais déjà sa silhouette s’était perdue dans la foule. Etonnemment, Gilles s’en sentit soulagé. Cette femme l’avait séduit, trahi, blessé, mais il ne pouvait s’empêcher de ne pas avoir de ressentiments à son égard. Et la savoir en vie, visiblement en sécurité, loin des foudres de Wait, suffit à le tranquilliser pour le reste de la journée.

Quand les trois cavaliers se présentèrent devant les grilles, ils furent stupéfaits de les voir fermées. Gilles, sourcils froncés, mit pied à terre et empoigna les battants de fer forgé pour les secouer. Sans succès. 
-                Qu’est-ce que cela signifie ? cracha Wait en lançant un regard mauvais à son chien.
-                Je… Je ne comprends pas, balbutia Gilles. Qui a bien pu les fermer… ?
Léna le saisit par le col et le plaqua contre les grilles. Son regard aigu était froid, incroyablement dénudé de toute humanité. La jeune femme le toisa un long moment, n’attendant qu’un seul geste de Wait pour égorger simplement ce garçon pour lequel elle n’avait jamais eu aucune considération. Gilles demeura immobile, le souffle suspendu, attendant avec crainte les évènements qui allaient suivre. Mais, finalement, il fut relâché. Les jambes sciées par toute la tension qui venait brutalement de le quitter, il se laissa choir à terre. Wait lui jeta un regard condescendant.
-                Debout, cracha-t-il avec une hargne peu commune. Au moindre faux pas, je m’en prends à ton deuxième œil.
-                Bien.
Gilles se redressa et prit naturellement la direction à suivre, talonné de très près par son tortionnaire et son zombie. Ils contournèrent les épais murs de craie dévorés par le lierre pour finalement arriver devant une petite porte en bois. C’était toujours par celle-ci que s’échappait Gilles quand il s’enfuyait dans la forêt pour y lire tranquillement. Il en poussa le battant, soulagé de voir qu’elle était toujours ouverte. Les herbes hautes atteignaient ses cuisses alors qu’ils progressaient silencieusement. Gilles espérait de tout cœur que les serpents qui rôdaient dans les alentours n’avaient pas eu dans l’idée de venir se balader dans le coin. Il frissonna en croyant apercevoir au loin une peau cuivrée et sinueuse, mais cette impression s’envola aussi vite qu’elle lui était apparue.
Ils parvinrent finalement à une porte dont la vitre était brisée. Inquiété par le silence de mort qui régnait dans le manoir, Gilles pénétra dans la cuisine. Ce qu’il y découvrit le glaça d’effroi. Sur une chaise, ligotée et bâillonnée… 
-                Mademoiselle Elizabeth !
La jeune fille, à sa vue, cria à travers son bâillon, les yeux plein de larmes. Sans plus attendre, Gilles se précipita à ses côtés. Wait et Léna, eux, pénétrèrent la pièce avec nonchalance. 
-                Que cela signifie-t-il ? gronda doucement l’imposteur.
Dès que ses mains furent libres, Lizzie arracha son bâillon qui la faisait suffoquer ! Elle sourit faiblement à un Gilles complètement paniqué. Puis elle se tourna fièrement vers Wait, les poignets encore douloureux à cause du frottement des cordes.
-                Wait Phamvarna, ce n’est pas à vous d’exiger des explications, mais à moi.
-                De quoi parlez-vous ?
-                De bien des choses. A commencer par le fait que Toboré m’ait attaquée !
Tous écarquillèrent les yeux de stupeur. Lizzie, encore tremblante après l’affront qu’elle venait d’essuyer, releva son menton dans une posture princière.
-                C’est une honte, cracha-t-elle d’une voix teintée d’une colère froide. Après ce que j’ai subi, je pourrai exiger le fouet !
-                Lizzie, balbutia Gilles, sous le choc.
Il découvrait une toute nouvelle facette de la jeune fille. Elle, si droite et honnête, prête à réclamer cette pratique barbare… Quoique lui ait fait Toboré, demander le fouet était… Il sursauta en percevant un petit sourire moqueur perdu au coin des lèvres de Wait.
-                Le fouet, dites-vous ? Quelle excellente initiative, je n’aurai pas proposé mieux moi-même.
Lizzie, dont le visage était revêtu d’un masque des plus cruels, recula doucement, comme pour chercher à donner de l’appui à ses paroles. Soucieux, Gilles la suivit. Il sentit soudain la main de la duchesse se refermer sur son poignet.
-                Je peux vous proposer une autre alternative. Si vous m’accordez votre chien, peut-être oublierai-je cette fâcheuse bévue.
Gilles se raidit. Qu’est-ce que… ? Qu’est-ce qui lui prenait ?! Il vit Wait froncer les sourcils alors que Léna glissait doucement sa main vers sa ceinture, les doigts prêts à se refermer sur le manche de son couteau à cran d’arrêt.
-                Requête rejetée. Ce serviteur est mon jouet, je ne vous le laisserai pas.
-                Quel dommage, soupira Lizzie d’un air faussement dramatique. Bon, j’en ai plus qu’assez de cette mise en scène ridicule et parfaitement inutile. Sanal !
Tous sursautèrent violemment quand le mastodonte surgit de derrière une porte. D’un geste rapide, il se saisit de Léna et tordit ses deux bras dans son dos avant de la pousser à terre pour se mettre à genoux. Impassible, Wait contempla la situation. Il leva un regard morne sur la duchesse qui ne put réprimer un frisson. Ses yeux semblaient si las tout à coup… Le garçon secoua doucement la tête.
-                Je suppose que cela signifie que je suis découvert. Toboré doit être maîtrisé quelque part. Mais quel va être le sort des otages ? Il suffit que je parvienne à m’échapper de cette pièce pour les exécuter. Si ce n’est moi, ce sera Léna.
-                Les otages sont en sécurité, loin de toi et de tes manipulations, cracha Lizzie, les yeux étincelant de colère. Je ne te laisserai plus jamais mettre la main sur eux ! Je le jure sur le nom des Nemurine ! Ceux qui s’attaquent aux autres pour satisfaire leur ego ne sont rien de plus que des vermines !
Wait la fixa longuement de ses yeux éteints. Il s’avança d’un pas alors qu’un rictus haineux lui montait au visage.
-                Satisfaire leur ego ? Vermines ? Tu es mal placée pour me faire la leçon, toi qui n’as jamais connu la moindre peur, la moindre contrariété dans ton beau château doré. Tu ignores tout de ce que nous autres avons dû à subir !
Ses yeux s’animaient enfin, d’une rage implacable et démesurée. Il enfonça ses ongles dans ses paumes comme pour tenter de contenir la colère qui s’était abattue sur lui.
-                TU NE SAIS RIEN ! RIEN ! Rien des lois de la rue ! Combien de fois avons-nous dû nous prostituer, voler, mentir, courir, fuir ?! Tout cela pour un misérable morceau de pain ! J’ai vu ma famille toute entière périr sous les coups d’une de vos milices de riches bourgeois ! Pendant que vous vous pavaniez dans le luxe et l’oisiveté, le fils de Léna, un bébé, mourrait de faim !
Sous le choc, Lizzie et Gilles fixaient Wait avec effroi. Léna, à ses mots, cessa de se débattre alors que des larmes silencieuses roulaient sur ses joues. Profitant de l’hébétude générale, Wait bondit sur l’héritier Phamvarna. D’un geste qui dénotait l’habitude, il le saisit, le plaqua contre lui alors que sa lame venait caresser sa gorge. Lizzie voulut crier, mais la pression du couteau s’accentuer sur la pomme d’Adam de Gilles et un fin filet de sang s’écoula de l’entaille, la dissuadant de tout mouvement.   
-                Je refuse de retourner là-bas, gronda Wait, le corps tremblant de haine. Jamais !
-                Wait… tenta de la raisonner la duchesse.
-                La ferme ! Tu ne voudrais pas que ton cher fiancé perde définitivement la vue, non ? Cela ferait mauvais genre et entacherait à jamais ton blason, non ?
-                … 
-                Bien. Je vais quitter cette pièce avec Gilles. Je vais récupérer les papiers et me casser d’ici avec lui. Si vous voulez que rien ne lui arrive, vous ne préviendrez personne. Je ne le relâcherai que lorsque je serai en sécurité. Je ne serai peut-être plus l’héritier des Phamvarna, mais je ferai en sorte que lui non plus !
Sans attendre leur réponse, il sortit de la cuisine en entraînant Gilles dans son sillage. Ils parcoururent rapidement les couloirs pour finalement atteindre le bureau où Wait les enferma. Il délaissa enfin son otage pour fouiller la pièce. Abasourdi par cette chaîne d’évènements, Gilles l’observa faire un moment. Ce ne fut seulement quand Wait bandit les lettres de noblesse de sa famille qu’il sembla se réveiller.
-                Que vas-tu faire ? osa-t-il lui demander.
Il récolta en guise de réponse un de ces regards meurtriers dont Wait avait le secret. Silencieusement, il s’approcha de la cheminée aux braises encore rougeoyantes. Et, sans hésitation aucune, il y jeta les papiers. Puis, alors que des flammes surgissaient, il se débarrassa du médaillon en forme d’étoile et le balança à son tour. Puis il se tourna vers Gilles pour guetter sa réaction. Hum, comme il s’y attendait… Un sourire triomphant gagna ses lèvres. 
-                Nous sommes réellement diamétralement opposés, toi et moi. Alors que j’étais prêt à tout pour ces simples feuillets, toi, cela n’a l’air de te faire ni froid ni chaud.
Gilles ne répondit pas, hypnotisé par le ballet des flammes qui consumaient lentement sa vie passée. Un genre de vague goût d’amertume s’insinua dans sa bouche, mais aucune trace de peine ou de colère ne vint hanter son cœur avec un aiguillon empoisonné. Silencieux, il fixa un long moment l’âtre pour finir par reporter son attention sur Wait. Ce dernier s’était installé dans un canapé, son visage pâle offert aux flammes. Gilles dénota ses muscles tendus, ses traits crispés et le voile de transpiration qui recouvrait sa peau.
-                W… Wait ? balbutia-t-il. Tu… 
L’imposteur lui répondit par son habituel sourire carnassier.
-                On dirait que mon corps ne sera pas assez résistant pour me permettre d’échapper à cette toxine… 
Il se laissa aller contre le dossier, la respiration laborieuse. Pas de doute possible… 
-                Tu as été mordu… par un serpent ? s’étrangla Gilles.
Le garçon ricana, yeux clos.
-                On dirait bien… Approche, Gilles.
Le ton était sec et inflexible. Silencieusement, Gilles sut qu’il assistait là aux dernières minutes du garçon. Le poison était à effet foudroyant.
Son persécuteur allait mourir sous ses propres yeux sans qu’il ait à le tuer de ses propres mains. Il s’assit près de lui, à distance respectable. Il voyait de la souffrance dans ses yeux, dans le tremblement incontrôlé de ses mains. Wait le fixa intensément.  
-                 Je ne fournirai aucune excuse… 
-                … 
-                Je ne pense pas avoir eu tort, murmura-t-il d’une voix faible. Ce n’est pas juste… Que la naissance détermine ta vie. Pourquoi… suis-je né… ici… Pourquoi, toi, là… Je voulais juste équilibrer un peu la balance… 
-                … 
-                Ma famille comptait sur moi… pour la nourrir, la protéger, l’aimer… Je n’ai pas été capable d’assumer ce rôle. Quand j’ai recueilli Léna… Toboré… Rima… Kanvre… je ne voulais pas que cela se reproduise… 
-                Wait… 
-                Pas de pitié… Je te hais… 
-                Moi aussi.
Un petit rire échappa des lèvres du garçon. Il abattit doucement le voile protecteur de ses paupières sur ses yeux vitreux alors qu’un faible sourire venait ourler ses lèvres. Silencieusement, une larme roula sur sa joue. Gilles l’essuya rapidement. Pas par compassion. Il ne voulait pas voir Wait pleurer, il voulait garder en tête l’image d’un homme qui l’avait torturé, pas celui d’un garçon perdu. Sinon, contre qui devrait-il diriger toute la haine qui l’habitait ? Wait se laissa encore un peu aller en arrière alors que sa tête commençait à dodeliner sur son cou. Puis son souffle devint paisible, régulier… Et lentement, toutes ses fonctions vitales s’arrêtèrent.

Quand Gilles regagna la cuisine, il fut accueilli par le cri de joie de Lizzie. Sa fiancée se précipita sur lui, un grand sourire aux lèvres.   
-                Dieu soit loué, tu es vivant !
Le jeune homme la rassura d’un sourire avant de se tourner vers Léna et Toboré, tous deux emprisonnés de cordes.
-                Wait est mort, leur annonça-t-il de but en blanc. Il a été mordu par un serpent et il a succombé au venin.
Toboré, sous le choc, fixa le vide, incapable de prononcer un mot. Pour Léna, c’était comme une digue qui venait de se briser. Elle hurla, hurla et pleura toutes les larmes qu’elle avait enfoui en elle depuis la mort de son bébé. La respiration laborieuse, elle se recroquevilla comme une enfant pour se soustraire au regard des autres. Sanal prit ses deux prisonniers en main et sortit avec eux. 
-                Où vont-ils ? voulut savoir Gilles.
-                Là où ils auraient dû être placés depuis longtemps. Un orphelinat.
-                Tu… ?
-                Je ne suis pas assez inhumaine pour ajouter de la souffrance à ce qu’ils ont déjà vécu. Leurs crimes, ils les ont déjà payés.
-                … 
-                En attendant, toi, que vas-tu devenir ? As-tu pu récupérer les lettres de noblesse ?
-                Elles ont brûlé… Je ne suis plus personne.
Lizzie allait protester quand elle perçut le sourire en coin de Gilles. Cette appellation semblait lui plaire, en fait… Il se tourna vers elle et, sans un mot, s’agenouilla.
-                Elizabeth Nemurine, moi, Gilles, fils de rien, je vous jure de payer ma dette envers vous. Vous avez ma gratitude éternelle.
-                Oui, oui, et bla, bla, bla ! s’amusa Lizzie. En attendant, et si on allait prendre des nouvelles de ta famille, Gilles, fils de rien ?
Un sourire des plus éblouissants fut sa réponse. Galamment, il lui donna le bras pour qu’elle puisse s’y accrocher en souriant. Et, ensemble, ils quittèrent le manoir Phamvarna.

Deux mois s’étaient écoulés depuis ses évènements. Profitant de l’état de leurs parents, les jumeaux et Gilles leur laissèrent simplement une lettre pour leur signifier leur départ définitif. Bien que des recherches furent lancées, les seigneurs Phamvarna ne parvinrent à leur mettre la main dessus et répandirent dans la société la rumeur de la mort tragique de leurs enfants. Holly, elle, se remettait doucement du traitement de Wait. En tant qu’aînée, et ce dès qu’elle en fut capable, elle prit en charge ses cadets qui lui promirent de lui obéir. En attendant que chacun trouve quelque chose, un déclic, une voie, ils travaillaient d’arrache pied au manoir des Nemurine. Les seigneurs du domaine furent surpris par ce soudain afflux de visiteur et par la lettre des Phamvarna qui leur annonçait froidement la rupture de leurs accords.
Toboré et Léna furent très bien accueillis à l’orphelinat où ils trouvèrent très vite leurs marques. Quand Lizzie leur rendit visite, ils étaient métamorphosés.

Quant à Gilles, il lui arrivait parfois de se rendre dans la forêt, son livre à la main. Il s’asseyait alors sur une souche pour entreprendre lentement une douce lecture avec pour seul témoin la nature. Bien que son manège en inquiète plus d’un, personne ne tenta de l’en empêcher.
Jusqu’à ce jour-là.
Un après-midi de printemps, doux et calme. Il y était retourné, en ces lieux marqués par des souvenirs tendres et effrayants. Il s’était assis, avait commencé sa lecture. Il ne s’était pas interrompu quand il avait entendu une personne s’asseoir près de lui pour l’écouter. A peine levé les yeux de son histoire, à vrai dire. Quand il eut terminé le récit, il referma doucement le livre et s’intéressa enfin à son auditoire. Rima lui offrit un sourire complice. 
-                Tu as fait des progrès, on dirait.
Quand Lizzie gagna le sous-bois au soir venu, il ne trouva que le livre posé sur la souche. On pouvait encore apercevoir entre ses pages les baisers de deux amants qui pouvaient enfin s’aimer pleinement et sans contrainte. Souriant, elle le prit dans ses bras et ramassa ses jupons de l’autre.
-                Ce n’est vraiment pas pratique pour marche ! grommela-t-elle. Bon, alors, c’est aujourd’hui que les jumeaux jouent leu premier concert, non ? Il s’agirait quand même de ne pas arriver en retard !       

   Ouais, bon, rapide et sans grand intérêt, mais j'espère que cela vous a plu tout de même ! Je vais bientôt ajouter une page spéciale pour les fictions pour que vous puissiez y avoir un accès plus libre.  d'autres sont à venir, la prochaine devrait porter sur un mythe réécrit par mes soins : celui de Médée. Article prochainement dessus pour vous éclairer sur sa légende avant de me lancer dedans. 
A très bientôt j'espère ! L'article suivant portera, comme promis auparavant, sur un petit bijou littéraire. Je ne vous en dis pas plus ! 

Marine Lafontaine

vendredi 24 mai 2013

GUNDAM WING

   Bien le bonsoir chers lecteurs ! Aujourd'hui, comme promis, je vais écrire cet article en rapport avec un article précédant où nous avons eu un long débat sur qui-donc-se-cache-derrière-cette-citation ? Jeu fort intéressant, on devrait recommencer !
   La réponse fut trouvée par un mystérieux justicier qui sait apparemment disparaître dans l'ombre comme Batman (Romain, cher petit frère, je te reconnais bien là…). En effet, il s'agissait de Duo Maxwell, l'un des cinq pilotes principaux dans Gundam Wing. Alors, je vais me renseigner sur ce que je vais pouvoir vous raconter et je reviens ! 

   Alors voilà ! Cette collection de trois tomes fait parti de la looooongue série Gundam (ou Mobil Suit Gundam), créée par Yoshiyuki Tomino et Hajime Yatate pour le studio Sunrise en 1979. Ces animes vont révolutionner le genre Mecha avec un souci de réalisme. En effet, avant, nous avions les robots géants en première ligne, se battant d'eux-même pour… heu, je n'en sais rien. Quoiqu'il en soit, ici, ils vont être rabaissés au rang d'armes de destruction massives : ils seront dorénavant des armures mobiles géantes pilotées de l'intérieur par des êtres humains. 
   Gundam Wing est sorti sous forme de manga en 1995 (en France sous Pika Editions), on le doit à Koichi Tokita. Le succès a vite été au rendez-vous et, la même année, le manga était sorti sous forme d'animé de 49 épisodes (ci-joint les cinq personnages principaux avec, de gauche à droite : Trowa Barton, Heero Yuy, Duo Maxwell, Chang Wufei et Quatre Winner).
    L'histoire tourne autour de cinq jeunes hommes envoyés sur terre dans des gundams pour délivrer les colonies spatiales du joug de l'alliance, Oz et la fondation Romefeller… Ouais… Pas très intéressant comme speech, peut mieux faire. Univers futuriste, voyages dans l'espace, guerre impitoyable, tout un programme !
    
   Malheureusement, je ne vous donnerai ni mon avis sur le manga, ni sur l'animé… Parce que je ne connais ni l'un ni l'autre ! Enfin, si, je connais un peu l'animé, j'ai visionné quelques épisodes, mais j'ai vite arrêté. Pourquoi ? Heu… Parce qu'on ne les trouve qu'en français ! Vous m'avez bien lue, en français ! Tout amateur d'animé me comprendra aisément car les versions françaises des mangas sont… horriiiiiiibles ! Il n'y a aucune émotion dans les voix, aucun jeu, aucune intonation ! Bref, l'horreur ! 
   Donc, pour en revenir à nos moutons, pourquoi vous parler de quelque chose que je ne connais pas beaucoup ? Parce que j'ai une autre source ! Tadam ! En effet, j'ai commencé ce manga par des fanfictions. Pour ceux qui ignorent ce que c'est, une fanfiction est une histoire pouvant être écrite par n'importe lequel d'entre nous et qui reprend les personnages, et parfois même tout l'univers, d'une œuvre déjà réalisée. Il peut s'agir de films, de pièces de théâtre, de romans, de jeux vidéos… ou de mangas ! C'est le cas ici. 
   Façon peu conventionnelle de découvrir une histoire, non ? Les fanfictions m'ont vite passionnées. Quand elles étaient bien écrites, on découvrait toute la complexité des personnages, leur histoire douloureuse et leur lutte pour la paix.  Quelques unes mettent en scène des romances entre les jeunes pilotes, d'autres s'inscrivent dans une autre dimension, telles les classiques School-fics où les personnages sont propulsés sur les bancs de l'école et vivent des aventures banales de lycéens. D'autres fois, on retrouve une partie de l'univers, mais avec quelques menues modifications où, par exemple, Heero, le héros du manga, va être en réalité… un extraterrestre ! Riez pas, je vous jure que j'ai lu une fiction où il était comme ça. 
    Heero était d'ailleurs le plus intéressant des cas à traiter. Pour vous brosser un peu son portait, il s'agit du soldat parfait : conditionné dès sa plus tendre enfance pour obéir à n'importe quel ordre et réussir les missions les plus suicidaires quelques en soient les conditions. Avec un tel profil, les écrivaillons se sont régalés ! Je pense notamment à une qui écrit sous le nom de Mimi Yuy (avatar à votre droite). Je vous conseille vivement à aller sur son site (cliquez sur le nom) qui est très intéressant. Elle (ou il d'ailleurs, je ne sais pas…) vous initie aux fanfictions, au yaoi et vous offre de magnifiques histoires, notamment avec Gundam Wing. Elle/Il a un très bon style d'écriture et ses fictions sont toujours remarquablement menées.  
   Pour terminé, on m'a demandé il n'y a pas longtemps pourquoi avoir choisi une réplique de Duo Maxwell pour la mettre sur mon tableau. Comme on me l'a fait “gentiment” remarquer que “I run, I hide, but I never lie” ne veut rien dire. Je ne peux pas répondre à cette interrogation. C'est plus un état d'esprit que la phrase en elle-même qui m'a séduite. C'est trop complexe et confus pour que je l'explique. 

   Enfin voilà ! Hé, ça fait presque un article shampoing ! A très bientôt pour un nouvel article, n'hésitez pas à commenter ou à vous abonner au blog par mail pour être prévenus dès qu'un écrit est mis en ligne. Vous pouvez aussi me suivre sur Google + et sur Facebook. Merci et à la prochaine pour un article qui portera ce coup-ci sur un livre magnifique !

Marine Lafontaine 

mardi 21 mai 2013

JE RÊVE OU…

   Bien le bonsoir, messieurs, dames et mesdemoiselles. Je viens de constater une chose… surprenante. Oui, c'est le cas de le dire. Figurez-vous que le 11 mai, nous avions franchi la barre des 5 000 visites sur le blog. 
   Aujourd'hui, nous sommes à 5 500… 
   Comment… ?
   Mais c'est carrément super cool ! Yahou ! Merci à tous, c'est carrément extraordinaire ! 
   Et, comme promis, voici un petit dessin pour vous remercier. Il s'agit cette fois-ci de Kei Himura, le personnage central du livre Libre arbitre, celui qui a servi de support au concours “A vous la suite” (plus qu'un mois avant la clôture !).  Dans l'histoire où les mots sont quasiment des personnages à part entière, j'ai choisi de les mettre en avant avec des “merci” de tous les horizons ! Nous avons le russe, le grec, le français, le latin, le polonais, l'allemand, l'espagnol, l'italien, l'arabe, le japonais, le danois, l'hébreu, l'islandais et le suédois. 

   Un énorme merci à tous les lecteurs qui viennent maintenant en masse. Un merci particulier à SouLEateR5, Aline22, Amélie, Jacques, Maïlyssa, Manon, Jelisbcp, Alex67, Eragon, OttoDIX, Harrypowa ! et Daviiiid pour leurs nombreux commentaires qui font chaud au cœur. Merci à tous ceux qui continuent de me soutenir, merci à mes parents (je leur dois beaucoup dans cette entreprise, tout de même) et merci tout simplement. Maintenant, je vais vous faire part d'une chanson un peu particulière qui me vient d'un groupe d'amis. Si vous aimez, n'hésitez pas à aller visiter leur page Facebook, elle est géniale. Sans plus tarder, voici The Cows Star



  Je trouve cette chanson superbe… même si je n'aime pas du tout les zombies ! 
  Sur ce, à très bientôt ! Le prochain article est dédié à tous ceux qui ont participé au vaste débat qui s'est déroulé dans les commentaires de l'article précédent pour tenter de deviner qui se cachait derrière la citation suivante : “I run, I hide, but I never lie”. Vous l'aurez, votre réponse, pas d'inquiétude !
   … Mais pas aujourd'hui !

Marine Lafontaine

vendredi 17 mai 2013

ARTICLE SHAMPOING

   Bien le bonjour ! Entre mes révisions de code (que j'ai eu !!) et celles de latin, j'ai trouvé le temps d'écrire cet article shampoing deux-en-un un peu spécial.
   Premièrement, je vais vous parler de K-project, un manga qui m'a beaucoup plus. La série sur papier se nomme K -Memory of red et se concentre (apparemment, je n'ai pas vérifié personnellement) sur les membres d'un des gangs qui sévissent en ville, ou plus précisément sur leur passé et leurs liens. L'anime les reprend plutôt en tant que personnages secondaires. Il se déroule en treize épisodes et il nous vient des studios GoHands.

   L'histoire se déroule dans un Japon futuriste où évolue Yashiro, appelé couramment Shiro. Adolescent parfaitement normal, populaire auprès de ses camarades de classe, mais sans véritable ami. Pour aider au festival organisé par son école, il est envoyé par sa déléguée, Kukuri, faire des achats en ville… où il devient la cible soudaine de plusieurs tentatives de meurtre ! Pourquoi ? Aucune idée ! les choses commencent véritablement à prendre une tournure étrange au moment de la diffusion d'une vidéo où l'on le voit assassiner quelqu'un tout en se proclamant le septième roi…

   Petits passages à éclairer ! Dans cette ville rivalisent plusieurs gangs connus sous différentes couleurs : rouge, bleu, or… Chacun est dirigé par un roi plus ou moins influent et tous possèdent d'étranges pouvoirs que leur procure une épée de Damoclès géante qui flotte dans les airs… Oui, je vous jure que c'est vrai, cessez de fixer l'écran avec cet air septique !
   Le manga est bon, c'est un vrai moment de détente qui se révèle plutôt intéressant. Les personnages sont travaillés et leur caractère vraiment bien trouvé. Plein d'histoires se déroulent en parallèle à la principale pour finir par ne former plus qu'une seule. Et que les fans se tiennent prêts, il a été officiellement annoncé qu'il y aurait une suite ! La fin vous a laissé sur votre fin ou sur les nerfs ? Ça a été mon cas  aussi (très belle fin, mais voilà quoi…). Par contre, je n'ai aucune information à vous fournir à son sujet, seulement cette image à votre gauche où l'on voit notre jolie petite Anna, accompagné d'un mystérieux individu.

   Je vous avais promis un article shampoing spécial. En effet, j'aimerai mettre l'accent sur un petit quelque chose. Vous voyez les personnages principaux, Shiro et Kuro ? Noms très originaux au passage, notez l'ironie (Shiro = blanc en japonais et il a les cheveux blancs, Kuro = noir en japonais et il a les cheveux noirs…).  

   Alors on a la sérieuse tendance à dire “ils ont rejoins le gang” ! Le gang de quoi ?
 

   Voilà. Peut-être les aurez-vous reconnus, ce sont les personnages principaux de D-gray.man et No.6 (les deux les plus à droite). Alors, oui, il y a une ressemblance physique, ce sont tous les trois une paire de jeunes homme avec cheveux blancs et cheveux noirs. Si certains points de caractères sont parfois semblables (comme le côté assez chevaleresque de Sion -No.6- et d'Allen -D-gray.man-). Mais il faut arrêter de dire que les personnages ont été repris ! Je sais, le sujet doit moyennement vous intéresser, mais j'avais envie d'en parler, na !

   Prenons nos trois blandinets (comment ça, ça ne se dit pas ?). Le plus à gauche est Allen, le combattant d'Akumas, défenseur de la veuve et l'orphelin, un terrible joueur de poker (ne jamais parier contre lui, c'est une règle d'or) et victime d'une terrible malédiction. Je n'en dirai pas plus sinon je risque de dévoiler des éléments clés de l'histoire. Après, au centre, Sion (ou Aster, dans le livre). Pulsions de destruction refoulées, naïf, timide, idéaliste avec une intelligence plutôt élevée et sincère. Et enfin, Shiro, bon enfant, joueur, moqueur, tacticien et profiteur. Aucun n'évolue dans le même univers et chacun à ses propres traits de caractère. Si parfois ils se rejoignent, c'est parce que ce sont les éléments clés à un bon personnage, rien de plus. 

   Quant aux beaux bruns… Voici une BD qui saura être assez éloquente. 
 


  Voili, voilou, je voulais juste dénoncer ma petite injustice du jour ! A très bientôt pour un nouvel article, n'hésitez pas à commenter ou à vous abonner au blog par mail pour être prévenus dès qu'un écrit est mis en ligne. Vous pouvez aussi me suivre sur Google + et sur Facebook. Merci et à la prochaine !

Marine Lafontaine 

 
     

dimanche 12 mai 2013

CHAPITRE 8

Le voilà enfin, le chapitre 8 ! Le prochain sera le dernier. En attendant, bonne lecture !


-                Mademoiselle est souffrante ? répéta Gilles avec étonnement.
-                Voui, M’sieur Gilles, mentit Sanal sans sourciller. E’ va pas bien, la M'amzelle.
-                Ah, d’accord… Puis-je faire quelque chose pour l’aider ?
-                Non, c’est bon. Faut jus’ qu’e’ do’me.
-                Je vois. Je la confie à vos bons soins, alors.
-                Me’ci, M’sieur Gilles.
Songeur, Gilles délaissa son invité. Lizzie, malade ? La jeune fille lui avait pourtant parue de solide constitution. Aurait-elle attrapé du mal avec tous les courants d’air du manoir ? La chose ne l’étonnerait guère. Un soupir franchit ses lèvres alors qu’il pénétrait une salle tout en longueur où siégeait Wait en bout de table. Ce dernier ne fit pas attention à lui, tout à sa fureur.
-                Où est-elle ?! hurla-t-il de nouveau. Où est passé cette fille ?!
-                Je… Je l’ignore, balbutia Toboré, cible principale de la colère de son chef. Je la surveillai, mais elle m’a échappé…  
Il se recroquevilla lamentablement sous le regard incendiaire de son chef alors que Léna demeurait parfaitement stoïque. Wait se tourna alors vers Gilles.
-                Où est cette garce de Rima ?! beugla-t-il en frappant du poing sur la table.
-                Je ne sais pas, répliqua l’intéressé. En quoi cela me concerne-t-il ?
-                Si le moindre agent de l’ordre se pointe ici, je descend Holly, tu es prévenu !
-                Oui… 
-                Bien ! C’est aujourd’hui que nous devons rencontrer le couturier, non ? Où est passée l’autre pimbêche ?
-                Elle est souffrante.
-                Tant pis, nous irons sans elle. Léna, Gilles, vous m’accompagnez. Toboré, tu te charges de la demoiselle. Rend-toi utile pour une fois et fais en sorte qu’elle n’aille pas fouiner dans les alentours.
-                Compte sur moi, acquiesça rapidement le garçon, soucieux de bien faire.
Plus tard, alors que Gilles aidait Wait à enfiler une veste brodée de fils d’argent, l’usurpateur sembla réfléchir intensément.
-                Qu’y a-t-il ? le questionna le jeune homme, surpris par son silence.
-                J’étais en train de me demander comment je réagirai si j’étais à ta place. Je crois que je descendrai celui qui m’humilie de la sorte. Toi, non… Tu es docile comme un chien, c’est écœurant.
-                Je n’ai pas le choix si je veux préserver la vie de ma famille, répliqua Gilles d’un ton amer. Si je t’éliminais, Léna tuerait les miens.
-                Alors pourquoi ne pas s’occuper d’elle ?
Gilles ne répondit pas tout de suite, il prit son temps, lissa la veste. Puis il leva son unique œil sur son ennemi et souffla :
-                Parce que je ne suis pas comme toi.

Une fois que les chevaux eurent quitté la propriété, emportant avec eux leurs cavaliers, Sanal retourna auprès de sa jeune maîtresse. Il la trouva en cuisines, en compagnie d’Holly qui chantonnait doucement, une carotte à la main. Dans un coin de la pièce, Toboré ne les lâchait pas du regard, comme s’il avait peur que la duchesse ne s’envole sous son nez.
A l’arrivée de son serviteur, Lizzie eut un grand sourire.
-                Te voilà, Sanal ! Quand tes frères arriveront-ils ?
-                Ils dev’aient pas ta’der, M'amzelle.
-                Houlà ! les interrompit sèchement Toboré. C’est quoi cette histoire, quels frères ? Wait ne m’avait pas parlé de ça !
-                Sanal… Je crois que notre ami a besoin d’une sieste.
-                Oui, M'amzelle.
Sanal n’eut pas besoin de se faire prier, au contraire ! Il leva une main grande comme un battoir et l’asséna de toute sa force d’ours sur la joue de Toboré. Celui-ci tourna sur lui-même sous l’impact et s’effondra sur le sol sans un cri. Lizzie vit Holly s’accroupir près du garçon, les yeux écarquillés. Un sourire tordu vint s’inscrire sur ses lèvres alors que son regard halluciné allait de Toboré à la duchesse. 
-                Tout va bien, lui assura doucement Lizzie en lui prenant la main. Tout ira bien désormais, Holly… 
Sanal souleva Toboré qu’il jeta sans ménagement sur une chaise où il prit le soin minutieux de l’attacher avec des nœuds marins comme lui avait appris son père autrefois. Satisfait, il se tourna vers sa jeune maîtresse.
-                Mes f’èwes ne de’waient plus êt’ loin, M'amzelle. Je vais les che’cher.
-                Merci, Sanal.
Lizzie encouragea Holly à s’asseoir sur une chaise alors qu’elle se tournait vers Toboré. Un sourire cruel vint ourler ses lèvres. Elle voulait lui faire payer… Sa morale et son honneur réclamaient vengeance.
Et elle était entièrement disposée à les écoutait…
Elle se saisit d’une bouteille qui traînait dans un coin de la cuisine. Elle la déboucha rapidement avant d’en balancer une partie à la tête du sous-fifre de Wait. Ce dernier s’éveilla en sursaut, hoqueta et papillonna des yeux, surpris. Quand il eut repris ses esprits, il fixa la duchesse avec des yeux ronds.   
-                Comment oses-tu, sale… !
-                Tut, tut, tut… l’interrompit doucement Lizzie avec un sourire. Il vaut mieux éviter d’être mon ennemi, Toboré. Je peux être encore plus cruelle que Wait quand je le veux.
Sa voix était devenue mielleuse alors qu’un éclat froid luisait dans ses yeux. Elle se mit à tourner autour de la chaise de Toboré qui s’était figé, attendant avec fébrilité la prochaine action de la jeune duchesse. Cette dernière ne se fit pas attendre. Lizzie cueillit avec délicatesse un couteau qu’elle fit tourner entre ses doigts graciles. Puis son sourire s’agrandit.
-                Toboré, j’aimerai que tu répondes à quelques unes de mes questions.
-               
-                Pour commencer, qu’avez-vous fait de Kanvre ?
-                Comment… ? hoqueta le garçon.
-                Ici, c’est moi qui pose les questions. Alors ?
-                … 
Lizzie fit la moue. Mais dès qu’elle fit mine d’approcher le couteau de sa victime, cette dernière glapit pitoyablement et se recroquevilla sur elle-même.
-                Je vais parler, je vais parler ! Ne me fais rien !
-                Cela dépendra de tes réponses, répondit Lizzie avec un soupir contrit.
-                Il a été enfermé dans le sous-sol, le sous-sol !
-                Merci. Les papiers, maintenant.
-                Les papiers ?
-                Oui, les droits de noblesse que vous avez lâchement arrachés à cette famille.
-                Je ne sais pas.
-                Toboré… susurra Lizzie alors que le couteau effleurait doucement sa joue.
-                Je l’ignore, c’est vrai ! cria Toboré. Je n’en ai aucune idée ! Wait a toujours refusé de nous en parler !
-                Je vois.
La duchesse délaissa sa victime et jeta le couteau avec répulsion. Dieu qu’elle détestait la violence… Elle prit la main d’Holly pour qu’elle la suive et l’emmena loin de son bourreau. L’aînée des Phamvarna se laissa faire, docile comme une poupée. Lizzie lui offrit un sourire rassurant quand la porte du vestibule s’ouvrit sur Sanal et ses frères. L’un d’eux se précipita sur Holly. 
-                Je m’occupe d’elle, assura-t-il avec un sourire. Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, la médecine peut vaincre les maladies les plus graves.
-                Merci, docteur.
-                M'amzelle, j’emmène mon f’èwe où ? questionna Sanal.
-                 Je vais vous guider.
Elle prit les devants. Son cœur battait la chamade alors qu’elle parcourait les couloirs. La porte qui menait aux geôles n’était même pas fermée. En la poussant, Lizzie fut accueillie par les rires des seigneurs Phamvarna qui dansaient dans leur cellule, un air extatique sur le visage. Sanal se tourna vers sa jeune maîtresse, les yeux écarquillés par la surprise. 
-                M'amzelle, qu’est-ce que…
-                Je t’expliquerai après, Sanal, fais-moi confiance pour le moment, je t’en prie.
-                … Bien.
-                Merci.
La jeune fille se tourna vers la cellule où Black et Green dormaient à poings fermés. Elle les appela doucement pour les tirer de leur sommeil. Ce fut la jumelle qui s’éveilla en premier et qui secoua son frère pour lui désigner la duchesse.
-                Lady Elizabeth, que faites-vous ici ? s’étrangla Lando. Si Wait vous surprends ici… 
-                Il n’en sera rien, je peux vous l’assurer, s’empressa de le rassurer la jeune fille. De toute manière, tout sera bien vite fini.
-                Comment cela ?
-                On va vous sortir de là.
-                Mais…
-                Pas de discussion. Vous allez partir au manoir secondaire des Nemurine avec Holly et le médecin. Sanal, je te laisse gérer ici.
-                Où vous allez, m’amzelle ?
-                Chercher un ami.

Après quelques précisions gracieusement fournies par Toboré, Lizzie trouva l’accès aux sous-sols. Elle frissonna lorsqu’un courant d’air glacé passa sur sa peau. Dans quel état allait-elle trouver Kanvre ? Etait-il seulement en vie ? Armée d’une torche et de sa détermination comme seules armes, la jeune duchesse entreprit une longue descente dans les entrailles de la terre. Les murs de pierres succédèrent à ceux de terre nue et les marches se firent plus inégales, de bois. Après s’être tordue plusieurs fois les chevilles, l’héritière des Nemurine arriva enfin dans une sorte de corridor humide. Les murs suintaient et des stalactites armaient le plafond de dents acérées. Intriguée par ce changement de décor, Lizzie balaya son environnement du faisceau de lumière. 
-                 Kanvre ! appela-t-elle. Kanvre, où es-tu ?
Elle n’obtint nulle réponse. Le ventre serré par l’appréhension (elle se jura d’arrêter de lire des romans d’épouvante), la jeune fille parcourut lentement le corridor qui s’élargissait à mesure de son avancée. Finalement, elle déboucha sur une large salle qui puait la mort. Quand elle découvrit un premier cadavre de rat, Lizzie recula d’un bond en poussant un cri de surprise.  
-                Retourne d’où tu viens, Rima, je n’ai pas besoin de ta pitié ! cracha soudain une voix dans les ténèbres.
Lizzie ravala la peur qui l’avait envahi et se dirigea vers une partie plus basse de la salle. Là, elle trouva un garçon recroquevillé sur lui-même. Il mangeait quelque chose qu’il cachait avec ses mains.
-                Kanvre ? appela la jeune fille.
Elle vit son dos se raidir. Après un temps d’hésitation, il se redressa, la main en visière pour tempérer la dose de lumière qui s’attaquait à ses rétines.
-                Qui êtes-vous ? articula-t-il.
-                Je suis Elizabeth de Nemurine.
-                L’héritière Nemurine, s’étrangla le garçon. Que faites-vous ici ?
-                Je suis venue te chercher.
Elle voulut s’approcher, mais Kanvre la repoussa.
-                Les Phamvarna le paieront si vous faites ça !
-                Tout ira bien, Kanvre, cesse de t’inquiéter. Tout ira bien.
Elle l’aida à se maintenir debout sur ses faibles jambes. Le pauvre était dans un état de maigreur épouvantable. Il s’accrocha désespérément à la duchesse pour ne pas tomber, trop épuisé pour marcher seul. Lizzie l’encouragea doucement à se redresser, lui souriant presque tendrement. L’ascension des marches fut une étape plus pénible, mais, à force de patience et de paroles encourageantes, ils parvinrent enfin au rez-de-chaussée où Kanvre fut très vite pris en charge par le médecin.  
-                Comment va Holly ? l’interrogea Lizzie avec inquiétude.
-                Ne vous en faites pas, demoiselle, lui sourit le docteur. Les médicaments qui lui étaient fournis étaient la raison de son état : ils la plongeaient dans une torpeur hallucinogène qui provoquaient des troubles dans son cerveau. Avec du repos et du calme, elle devrait se remettre plutôt rapidement.
-                Quel soulagement…
Une fois les Phamvarna délivrés, ils furent installé dans une carriole avec Kanvre. Lando se pencha à la fenêtre.  
-                 Nous vous devons tout, Lady… murmura-t-il, un sourire triste dans la voix. Jamais nous ne pourrons nous acquitter de notre dette.
-                Commencez par vous remettre de votre captivité, lui sourit Lizzie. Après, nous en reparlerons.
-                Merci.
Sa jumelle saisit la main de la duchesse pour la presser entre les siennes. Ses yeux valaient tous les discours du monde. Le médecin et le forgeron prirent les rênes et saluèrent leur frère.
-                Que comptez-vous fai’, maint’nant ? voulut savoir Sanal alors que la carriole s’éloignait.
Lizzie prit une profonde inspiration alors qu’un sourire appréhensif venait ourler ses lèvres.
-                On va arrêter l’imposteur.         

Marine Lafontaine