lundi 11 décembre 2017

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 23

Bien le bonjour, tout le monde !

Hé bien, j'ai cru que j'arriverai jamais à l'écrire, ce chapitre ! Entre le salon de Montreuil, ma rhino pharyngite, mes devoirs et ma fatigue, on était mal barrés… Mais bon, le voilà enfin ! Ce qui est rassurant, c'est que l'histoire originale n'a pas vraiment avancé de son côté, alors je n'ai pas pris de retard.

Mais bon, en attendant, je vous laisse découvrir un nouveau pan de l'histoire… Bonne lecture !




Ouf, l’entraînement était enfin achevé ! Ravi d’avoir pu échapper aux exercices éreintants imposés par ses gamins (trop) énergiques et son petit frère (trop) exigent, Oswald avait subtilisé une carotte en cuisine avant de rejoindre Donald qui semblait occupé à emballer quelque chose dans la cour. Ce dernier, tout à son ouvrage, n’avait même pas remarqué son approche. Le veuf s’accouda à la table occupée par son ami et croqua dans son légume fétiche : 
-       Alors, quoi de neuf, docteur ? lui demanda-t-il.
-       Le ciel, voilà ce qu’i’ y’a d’neuf, répondit l’intéressé dans un grognement, mécontent qu’on le dérange dans son œuvre.
Un petit sourire en coin vint tout de même soulever le coin du bec du canard alors qu’il reportait toute son attention sur le papier de soie qu’il manipulait avec le plus grand soin.
-       Mais, plus sérieusement, poursuivit-il, j’aide Mickey a emballer quelques chocolats pour Minnie. Il pense ainsi pouvoir lui avouer ses sentiments et tout ça.
-       Oh, il a vraiment dit ça ?
Un air ravi transfigura le visage du lapin. Oh, oh, le jour serait enfin arrivé ! Depuis le nombre d’années que Mickey lui rebattait les oreilles avec le visage d’ange de la jolie souris qui n’habitait pas loin ! Voilà une nouvelle particulièrement réjouissante à entendre !

 
Cependant, une évidence sauta très vite à la figure de l’aîné. Quelque chose qui ne lui plut pas vraiment.
-       Attends, attends, c’est quand même une grosse nouvelle, releva-t-il. Pourquoi il ne m’a rien dit ?
-       Il ne voulait pas t’ennuyer avec ça, grandes oreilles, répondit le canard en haussant un sourcil, comme si cela était l’évidence même.
En parlant du loup… Le principal intéressé de la conversation venait de surgir dans leur champ de vision. Quand il vit que Donald était toujours occupé à s’occuper des chocolats de sa dulcinée, le rouge lui monta brusquement aux joues. Il se précipita vers son ami pour l’empêcher de poursuivre son activité, terriblement gêné.
-       T… Tu peux arrêter, Donald, balbutia-t-il. Ça ne vaut pas le coup… 
-       Oh, allez, quoi ! se mit à râler le canard. J’ai presque fini !
Oswald haussa un sourcil suspicieux. Il s’accouda sur Donald et se pencha sur son benjamin, le dominant de toute sa taille.
-       Un soudain changement d’opinion ? grogna-t-il. Ça te dérangerait de nous en donner la raison ?
Le directeur du cirque se recroquevilla sur lui-même sous les regards inquisiteurs. Que répondre face à de telles accusations ? Il se mit à torturer ses doigts, les yeux plongés vers le bas, comme si le sol était devenu soudainement l’objet d’observation le plus fascinant au monde.
-       Il n’y a pas vraiment de raison, bredouilla-t-il. Mais… J… Je ne sais pas… Je veux dire… Qu’est-ce que je pourrai bien lui offrir ?
-       Tu as bien du chocolat ! fit remarquer son aîné en posant une main sur son épaule en guise de réconfort.
La souris hocha négativement la tête. Non, Oswald l’avait mal compris. Comment pourrait-il lui faire passer son message… ?
-       Non, ce que je veux dire, rectifia-t-il, c’est que je ne possède rien qui pourrait l’impressionner. Pas de fortune, pas de belle apparence, pas de force… Je ne sais même pas comment parler à une dame !
Oh, c’était donc ça qui le préoccupait. Un sourire amusé vint planer sur les lèvres de son aîné. Décidemment, Mickey avait parfois une façon très simple d’aborder ses problèmes, ce qui avait un aspect assez adorable, à vrai dire. L’aîné asséna une violente tape sur l’épaule de la souris, un sourire taquin sur le visage. Il fallait tout faire soi-même ici… 
-       Oh, voyons, comme si ta personnalité haute en couleurs ne suffisait pas à toutes les faire craquer ! asséna Oswald.  
-       J… J’adore être moi-même, admit l’intéressé. Mais je suis plus à l’aise quand je suis entouré d’enfants… 
-       Les filles adorent les sensibles, lui assura son aîné avec un clin d’œil. Et tu as la fortune ! Enfin, pour compléter le tableau, tu as toute la force nécessaire quand tu mets toute ta volonté dans ton acte.
Un ricanement échappa au lapin alors qu’il relevait le menton dans une attitude faussement étudiée.
-       Et ne t’en fais pas pour l’apparence. Je suis la définition vivante de la beauté, frangin ! Et comme nous sommes frères, ça vaut à peu près pour toi aussi. Même si je reste toujours le plus beaux d’entre nous deux, ajouta-t-il précipitamment.
Mickey poussa un soupir désabusé. Il avait oublié combien son aîné pouvait avoir du culot… 


L’attention d’Oswald se reporta sur Donald qui avait enfin achevé l’emballage des chocolats à destination de Minnie. Visiblement, il était satisfait de son travail ! Le lapin passa un bras autour des épaules du canard, un grand sourire sur les lèvres.
-       Au pire des cas, tu peux toujours demander à notre petit expert, proposa-t-il. Lui qui a su faire tomber la canne la plus convoitée de la ville.
-       Bah, ce n’était pas grand chose, tempéra l’intéressé. Je lui ai juste demandé si elle voulait sortir avec moi et elle a dit « oui, pourquoi pas. »
-       C’est une bonne chose que tu lui ai fais ta demande quand elle était désespérée, hein, Don’ ? ricana le père des lapereaux.


Mickey aurait voulu demander à ses amis de bien se tenir, mais les deux intéressés étaient déjà à l’autre bout de la cour, Donald bien décidé à faire ravaler ses paroles à l’ancien magicien. Ce dernier, ravi de l’avoir mis hors de lui, bondissait dans tous les sens, les mains dans les poches. La souris décida de laisser tomber pour le moment. Autant les laisser se déchainer, ils se calmeraient par eux-mêmes par la suite… sûrement à l’heure du déjeuner, d’ailleurs ! Comme des gosses.
Le directeur du cirque poussa un soupir et prit le parti de les ignorer. De toute manière, quand ils étaient excités à ce point, mieux valait-il les laisser se calmer par eux-mêmes. La souris remarqua alors la silhouette de la jolie demoiselle Daisy qui semblait en train de clouer une affiche dans la rue. Mickey s’empressa de sortir de la cour pour aller la saluer. La canne se retourna à l’entente de son nom, le regard triste et le plumage terne. Mais qu’avait-il bien pu lui arriver ?
-       Oh, Mickey, c’est toi… murmura-t-elle.
-       Daisy, tu vas bien ? s’inquiéta la souris.
Il n’eut pas le temps de pousser son interrogatoire plus loin. Surgissant d’un détour de rue, Minnie venait de faire son entrée en scène, tête basse, le regard larmoyant. Son amie l’accueillit dans ses bras, inquiète.
-       Minnie, tu te sens mieux ? lui demanda-t-elle.
-       N… Non, hoqueta l’intéressée.


Mickey sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Minnie, sa chère et tendre, elle qui avait toujours un si beau sourire sur le visage ! Que lui était-il arrivé ?
-       Bon sang, qu’est-ce qui vous bouleverse à ce point, les filles ? les interrogea-t-il avec angoisse.
Si quelqu’un s’était amusé à torturer ces charmantes demoiselles, il lui ferait payer, foi de Mickey ! Mais Daisy lui tendit une affiche où était collée la photo d’un adorable chaton noir et blanc au cou orné d’un immense ruban.
-       C’est Figaro, indiqua la canne. Il a disparu depuis un moment, maintenant.
Figaro ! Le chat de Minnie, bien sûr ! La pauvre… 
-       Je vais vous aider ! assura le directeur du cirque. Avec les petits, on le retrouvera en un rien de temps ! Où l’avez-vous pour la dernière fois ?
-       Je ne sais pas, avoua péniblement Daisy. On le laisse toujours vagabonder… 
Le directeur du cirque hocha vigoureusement la tête. Les indices étaient maigres, mais il fallait s’en contenter. Il délaissa un moment les demoiselles en détresse pour appeler ses acolytes. Ses quatre cents vingt neveux répondirent aussitôt présents et, dès qu’ils eurent reçus leurs instructions, ils se mirent en quête du chat perdu. Donald et Oswald indiquèrent qu’ils allaient chercher quelques rues plus haut et ils s’en allèrent tranquillement.
-       Déjeuner ? proposa le canard.
-       Carrément !
Et tous deux s’installèrent sur un banc pour déguster leurs sandwichs.


Ah… Cela faisait du bien de s’éloigner un peu de toute cette agitation. Ils auraient toujours le temps de chercher Figaro plus tard. Les deux compères, bien décidés à savourer leur moment de détente, observaient autour d’eux tranquillement. Dans la rue, en contrebas, une dame aidait sa fille à faire ses premiers pas. Un sentiment de nostalgie envahit le lapin. Ça lui rappelait quand il avait aidé Donald à faire les siens. D’ailleurs, le canard devait penser à la même chose car il ne quittait pas la gamine des yeux, comme fasciné.
-       Et un jour elle grandira et deviendra une sale râleuse, prédit le veuf d’un ton docte. C’est le destin.
-       Je ne me sens pas visé, grogna son ami en guise de réponse.
-       Ne parle pas ainsi à celui qui t’a élevé, sale gosse.
-       Elever, élever, comme tu y vas.
Oswald eut un petit rire, un sourire moqueur au coin des lèvres.
-       Bon d’accord, je ne t’ai pas « élevé », convint-il. Mais je t’ai quand même appris des trucs de dingue, non ?
Le canard saisit le bras que son ami avait passé autour de son cou pour le lui rendre obligeamment, le sourcil haut.
-       Heureusement que j’étais trop jeune pour me rappeler toute cette merde, grommela-t-il. D’ailleurs, c’est pas là que t’as rencontré… ?
Il tut le nom au dernier moment, pâle comme un linge. Flûte… Il avait remis ça sur le tapis, mais quel boulet ! Alors qu’Oswald semblait enfin aller mieux ! Le canard détourna le regard, affreusement gêné. Dans un mouvement doux, le lapin replaça son bras autour des épaules de son ami.
-       Tu allais dire « c’est là que t’as rencontré Ortensia »… Non ? lui souffla-t-il.
-       Heu, je… désolé… 
Un Donald gêné, voilà un tableau rare ! Le père des lapereaux lui sourit gentiment. Pauvre canard… Il devait vraiment avoir l’air pitoyable pour le pousser à se confondre en excuses ainsi.  
-       Tu n’as pas besoin de t’excuser, mon ami, lui assura-t-il. Tu peux évoquer son nom autant qu’il te plaira. Après tout, tu n’es pas un étranger.


Sa rencontre avec Ortensia, hein… ? Depuis combien de temps n’y avait-il pas songé ? Sa femme était déjà un sacré numéro à cette époque. Oui, il s’en rappelait encore clairement aujourd’hui. Alors qu’il essayait de faire marcher Donald, ce maladroit caneton au duvet encore tout doux, elle était intervenue, tel un chevalier blanc. Elle lui avait crié de le laisser tranquille, de ne pas le forcer à apprendre quoique ce soit, que cela lui viendrait en temps et en heures. Elle avait même rectifié sa façon de s’adresser à elle, comme une vraie maîtresse d’école.
Qu’est-ce qu’il lui avait répondu, déjà ? Ah, oui… Qu’elle sentait comme une vieille dame… A ce souvenir, Oswald rit doucement. La petite Ortensia s’était énervée contre lui et l’avait poussé alors qu’il tenait toujours bébé Donald dans les bras.


Une forte tête, à n’en pas douter… contrairement à lui qui avait fondu alors en larmes. Terriblement gênée, la chatte avait acheté son pardon avec des bonbons afin qu’il recouvre à son calme. Quel souvenir… 
-       Dieu seul sait comment j’ai fini par épouser une fille pareille, hein ? murmura le lapin.
Donald fronça les sourcils. La voix de son ami tremblait comme une flamme de bougie prise dans un courant d’air. Le père des lapereaux s’était recroquevillé sur lui-même, la respiration lourde. Non, non, c’était fini, tout ça ! Il était allé au-delà de son deuil… n’est-ce pas ? Sois fort, sois fort, Ozzy ! Il devait arrêter d’inquiéter son entourage, bon sang !
Oswald sursauta violemment en sentant la main de Donald se poser sur son épaule. Son ami se pencha sur lui, mortellement sérieux.
-       Oswald, je sais que c’est étrange de ma part de dire ça, mais tu ne devrais pas garder tes émotions pour toi, lui assura-t-il. Ce n’est pas bon pour toi… Alors… pleure… Je serai muet comme une tombe, promis.
Et à l’abri des regards, de ceux de ses enfants, de celui de son frère, Oswald se mit à pleurer. Oui, il pleura entre les plumes de son ami qui veillait silencieusement sur lui. Ce dernier ne prononça pas une parole, il n’eut même pas un geste de réconfort. Non, il se tenait juste… là.
Et, pour le veuf, c’était peut-être le meilleur des remèdes.

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