samedi 15 février 2014

V POUR VENDETTA (X2)

   Bien le bonsoir, nous voilà réunis pour un nouvel article commande de Valentine F. Merci à elle pour son mail aussi sympathique que riches en conseils. 

   Valentine m'a demandé de rédiger un article sur V pour Vendetta. Malheureusement, elle ne m'a précisé si je devais traiter la bande dessinée ou le film, c'est pourquoi j'ai choisi de faire les deux !  Attention, pour que mon article soit constructif, je dévoile certains détails clés de l'intrigue. Surtout que j'analyse la fin du film et que je la compare avec la bande dessinée. Avant que vous n'alliez plus loin, je tenais à vous prévenir.

   Merci donc à elle pour cette demande qui m'a permis de découvrir l'histoire stupéfiante du Guy Fawkes, de V, d'Evey et l'origine du célèbre masque que voici.
   Le sujet est délicat à traiter en raison de l'aspect politique qu'à pris le masque à travers Anonymous ou le mouvement Occupy. Aussi mon but ici n'est pas de faire de la politique, même si je suis obligée d'évoquer cet aspect, mais de traiter une histoire, une fiction. J'espère que vous comprendrez ma position et que vous m'excuserez si, par mégarde, je devais faire quelque amalgame ou erreur. 

   Alors, lançons-nous ! Alors, V pour Vendetta est avant toute chose une bande dessinée des années 80, scénarisée par Alan Moore, monument de la BD à qui on doit notamment Watchmen et La ligue des gentlemen extraordinaires, et illustrée par David Lloyd. Avant de vous parler de l'histoire en elle-même, je dois commencer par vous présenter Guy Fawkes. 

   Guy Fawkes était un terroriste du début du dix-septième siècle, 1605, si je me souviens bien, et c'était un catholique dans une Angleterre majoritairement protestante. Pour lutter contre les mauvais traitements que subissaient les catholiques, ce cher monsieur décida de faire sauter le parlement, et le roi avec. Mais il fut arrêté avant d'avoir accompli son méfait et pendu. Bon, je résume grossièrement, hein… Pour plus de détails, voici un lien : ici.

   Ce personnage est le fondement de V, le terroriste anarchiste qui lutte contre le pouvoir fasciste en place. Mais commençons par le commencement. 

  L'histoire se déroule en Angleterre dans un monde post-apocalyptique. En 1980, après une guerre nucléaire qui a réduit l'Europe, l'Afrique et les Etats-Unis en cendres, un parti fasciste nommé Norsefire a pris le pouvoir. Il a alors mené une épuration ethnique, sociale et politique sans pitié. 
    Nous sommes en 1997. Apparaît alors V, un homme masqué qui s'en prend aux institutions de pouvoir pour ébranler le parti en place. C'est lors de son premier éclat (le dynamitage du Palais de Westminster) qu'il sauvera Evey Hammond, une jeune fille de seize ans qui s'apprêtait à se faire violée puis exécutée pour prostitution.

   Alors, pour rien ne vous cacher, je ne suis pas spécialement fan de BD. La dernière que j'ai lu, ça devait être un tome de Tintin, ça remonte très loin dans le temps… Autant je n'ai pas de mal avec les mangas, autant les BD… Voilà. C'est pourquoi j'ai eu un peu de mal au début, surtout que le dessin ne m'emballait pas vraiment, mais le texte m'a très vite transportée.
   Il y a des passages de vraie poésie dans cette histoire. Comme lorsque V va rendre “visite” à la statue de la justice où il déclame un long monologue. L'un de mes passages préférés, aussi, étrangement, est le monologue intérieur de Rosemary Almond lorsqu'elle danse sur scène.
   Le scénario en lui-même est bon. Dans le genre dystopie, l'œuvre d'Alan Moore a su créer un univers à la fois angoissant et entraînant. 

   L'histoire est une éloge de la liberté, de la différence, des arts, aussi. Ce qui est “politiquement incorrect”, c'est l'aspect anarchiste, bien évidemment. Après, je ne connais pas Alan Moore ni ses intentions politiques, alors je ne peux pas affirmer de but en blanc que son ouvrage est un éloge de l'anarchie.

    Le but de V dans la bande dessinée est tout d'abord une vengeance personnelle dont il se sert
comme “moteur” de sa vendetta. Il engendre la haine et le chaos dans Londres où, au fur et à mesure de l'intrigue, tout se dégrade, la ville comme ses habitants qui sombrent dans une sorte de folie meurtrière.

   Je ne vais pas trop m'attarder sur la BD et vous parler un peu du film. Avant toute chose, saviez-vous qu'Alan Moore avait renié le film ? Hé oui, au point de refuser tout argent venant des droits d'auteur et au point que son nom fut supprimé du générique ! Pourquoi ? Bah, on va tenter de voir ça !

   V pour Vendetta date de 2006. C'est, somme toute, un assez bon film, mais le message de V a été dilué, et le côté anarchiste , effacé. La violence brute qui existait dans la BD a été remplacée par de l'extraordinaire.  je vais donc comparer les deux fins. Je vous avertis de nouveau au cas où…

Commençons par la BD. Dans le schéma d'Alan Moore, Finch parvient à trouver la cachette de V dans les tunnels du métro et lui tire une unique balle (permettez-moi d'insister, une !) et V lui lance alors un couteau dans l'épaule avant de s'en aller en disant que ce qu'il a fait ne sert à rien car sous sa cape, il n'y a pas un homme de chair et de sang, mais une idée, une idée immortelle. Puis V retourne auprès d'Evey et meurt dans ses bras. C'est à la suite de ça qu'elle prend sa relève etc (partie complètement oubliée dans le film, au passage).
   Maintenant, le film… Oh mon dieu, mais qu'ont-ils fait ?!
   V et Creedy (et quelques uns de ses hommes) se retrouvent dans les tunnels pour tuer le haut chancelier Sluter (comment le Commandeur Adam James Susan est-il devenu Adam Sutler ? Mystère). Après une exécution rapide vient l'affrontement final où tous les méchants pas beaux vident l'intégralité de leur chargeur chacun sur V. Mais celui-ci parvient tout de même à tous les abattre avec grâce et élégance. Et, alors que Creedy vide une seconde fois son chargeur sur lui, V arrive à puiser assez de forces en lui pour le soulever de terre pour lui briser la nuque. Puis il rejoint Evey et meurt dans ses bras après lui avoir déclaré son amour… OK…

   Vous allez peut-être trouver ça idiot, mais ça m'a choqué que V, un homme sans pitié, mais un homme bel et bien, devienne une sorte de surhomme sentimental…
    Ensuite, ce que je reproche au film, c'est d'avoir fait des membres du parti fasciste des caricatures.
   Dans la BD, par exemple, Adam James Susan est un homme certes avec une poigne de fer, mais qui se révèle en réalité un homme inapte socialement et qui souhaite en fin de compte seulement se faire aimer. Dans le film, il n'est qu'une brute cruelle et sans cœur qui meurt pitoyablement. Les personnages du film sont beaucoup moins fins psychologiquement que ceux de la BD.
   Enfin, gommer le côté anarchiste de la BD était un mauvais calcul. Certes, ce choix avait été fait pour bien correspondre à la politique du XXIème siècle, mais cela change le message de l'histoire originale. Si, dans la BD, la “libération” du peuple est issu de la souffrance et du chaos qu'il a lui-même engendré dans la peur, dans le film, on a l'impression que tout ira bien, que les citoyens vont demeurer maîtres d'eux-même et qu'ils vont changer leur monde, simplement.

   Bref, mon article est déjà suffisamment long comme ça, je ne vais pas en rajouter. La BD est à lire, bien qu'elle m'est mise véritablement mal à l'aise. Le film, hé bien… Il est à voir, je pense, mais je mets un bémol tout de même.
   Bon, on dirait que j'ai réussi à m'en sortir sans déclencher de polémiques ! Un bon point pour moi !

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   Merci d'avoir lu cet article jusqu'au bout et à très bientôt je l'espère pour un nouvel article !

 Marine Lafontaine       

  
 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Alan Moore s'est auto-proclamé anarchiste, alors si, la BD fait bien l'éloge de l'anarchie.
Après, je trouve pas l'histoire si terrible que ça et le dessin franchement dégueulasse, mais bon…