Bien le bonjour, tout le monde !
L'année scolaire s'achève doucement, mais sûrement. Bientôt, cours, stages, mémoire et soutenance seront derrière moi et je pourrai enfin goûter à des vacances bien méritées !
Mais en attendant la délivrance, je vous propose un nouveau chapitre de Bendy and Boris. Bonne lecture !
PS : Courage à tous ceux qui passent le bac ce mois-ci !
Les quatre compagnons de route poursuivaient
leur exploration de la grotte, attentifs. De temps à autre, ils criaient le nom
de leur ami manquant dans l’espoir de recevoir une réponse. Seul Cuphead ne se
joignait pas à l’effort général, comme indifférent. Il avait fait émerger un
peigne d’une poche intérieure de sa veste qu’il fixait depuis de longues
secondes, comme si l’objet était capable de lui fournir des réponses aux
questions qui tenaillaient sa pauvre cervelle. A cette vue, Bendy se rapprocha
de lui et s’efforça de lui offrir un sourire encourageant.
- Hé, peut-être qu’on va retrouver aussi
Jackpot, lui suggéra-t-il.
Le
nervi du Diable haussa un sourcil, pas le moins convaincu par cette
proposition. Il passa son peigne dans sa chevelure élastique pour lui redonner
un semblant de forme.
- Ça m’étonnerait, répondit-il d’une voix
égale. Il n’a pas dû survivre.
- Ne sois pas un tel rabat-joie, mec…
La mine chiffonnée de celui qu’il avait
appris à considéré comme un ami toucha le mécanicien. Il devait réellement
s’inquiéter pour le pauvre petit chat… Il asséna un coup de poing léger
sur le bicep du frère de Mugman.
- Allez, Cupperoo. Tu ne penses même pas ce
que tu dis !
- Si, je le pense, rétorqua l’intéressé à
voix basse, mais j’espère avoir tort…
Mugman voulut s’approcher de son aîné
pour le réconforter, mais il n’en eut nullement le temps. Tout à coup, un
rugissement abominable s’éleva, statufiant nos quatre acolytes. Sous leurs yeux
terrifiés, une gigantesque araignée venait de surgir des ténèbres ! Ses
huit pattes monstrueuses brassaient l’air alors qu’elle fonçait vers eux,
l’écume à la gueule. Les aventuriers savaient qu’ils devaient fuir ou, tout du
moins, dégainer leurs armes, mais ils étaient pétrifiés à la vue de
l’instrument de leur mort imminente. C’est alors que l’immonde créature
s’effondra à quelques pas d’eux.
Tous retinrent leur souffle et l’un
d’entre eux laissa même lui échapper un petit cri aigu sous la forme d’un filet
de voix. Les jambes sciées par l’intensité de l’émotion qui les avait
assaillie, ils s’entregardaient, tremblants à l’idée que le moindre mouvement
pourrait attirer sur eux l’intention de l’araignée. Cependant, un éclat
rougeoyant attira l’attention de Boris. Il écarquilla les yeux en constatant
que du sang s’échappait des crocs du monstre en un flot épais et dense. Il
humecta sa bouche desséchée de sa langue puis parvint enfin à
balbutier :
- Attendez… Est-ce qu’elle est
morte ?
Les compagnons de route n’en revenaient
pas ! Maintenant que leur panique s’était quelque peu estompée, ils se
rendaient compte que de larges béances s’ouvraient dans le corps de leur
assaillante. La carapace épaisse avait été explosée par endroits sous la force
de coups dévastateurs et des coupures cisaillaient son corps tout entier. Qui
avait pu lui causer autant de dégâts… ? Un frisson parcourut la petite
troupe. Ils n’étaient pas certains de vouloir rencontrer l’auteur de toutes ses
plaies.
Néanmoins, ils y furent très vite
confrontés. En effet, ils s’aperçurent que leur ennemie n’avait pas débarqué
seule. Une silhouette se dressait sur son dos ensanglanté, une large épée à la
main. Elle les observait depuis son perchoir, l’œil aiguisé, le visage fermé.
C’était…
- Monsieur Félix ! s’exclama-t-on.
Le chat leur offrit un sourire et son
masque froid fondit instantanément comme neige au soleil. Il sauta du corps de
sa victime, soucieux et heureux à la fois de retrouver ses camarades. Son
sourire s’effaça très vite à la vue de l’abdomen bandé de Boris, de l’œil
gonflé de Cuphead et des mines échevelées des deux autres.
- Mon Dieu, que vous est-il arrivé, les
gars ? s’inquiéta-t-il.
- Monsieur Félix, le coupa le louveteau,
c’était… !
- Incroyable ! hurla le mécanicien en
s’interposant entre son frère et son idole, les pommettes rosies d’excitation.
Félix, bien que surpris par
l’intervention intempestive de son lecteur, eut la gentillesse de ne faire
aucune remarque. Il rit, soulagé. On dirait que tout le monde allait bien… Il
sentit quelque chose remuer contre sa poitrine. Le chat sourit légèrement puis
écarta les pans de sa veste.
- C’est bon, p’tit gars, le monstre est
parti.
La tête toute ébouriffée de Jackpot
émergea du vêtement sous les yeux ébahis des compagnons de route. Cuphead ne
put retenir un cri de joie et courut récupérer le chaton. Celui-ci, ravi, se
peletonna dans les bras du nervi du Diable. Il alla même jusqu’à frotter son
front contre le menton de son ami en ronronant de satisfaction. Mugman, ravi de
la tournure des évènements, se mit à gratouiller le ventre rond et chaud de
l’animal. Tout était bien qui finissait bien… Quel soulagement ! Un soupir
grave s’échappa de la poitrine de Félix. Pendant un moment, il avait perdu
espoir…
- J’étais si inquiet, avoua-t-il. Surtout
quand j’ai vu ton sac sur l’araignée, Boris…
- Mon sac ? l’interrogea vivement l’intéressé.
- Oui. Regarde autour, je pense toujours
qu’elle l’a.
Intrigué, le louveteau se pencha en avant
pour confirmer les dires du chat. Un sourire éclatant étira ses lèvres à la vue
de son sac à dos, toujours accroché à la patte de l’immonde créature. Il
délaissa son frère et ses amis pour aller le récupérer. Pendant ce temps, Félix
examina ses camarades, souhaitant leur apporter son aide s’ils étaient blessés.
Heureusement, cela ne semblait pas être le cas, si on exceptait l’œil gonflé de
Cuphead. Pour le moment, il n’y pouvait rien ; il fallait attendre que la
poche de sang se résorbe.
L’aventurier remarqua que la fourrure de son
petit lecteur, par contre, avait besoin d’être brossée : elle était plus
dépeignée encore que celle de Jackpot !
- Tu as été attaqué aussi, Bendy ? le
questionna-t-il. Tu es tout échevelé…
- Oh, non, c’est une histoire différente,
le rassura le malade en préférant passer sous silence sa chute peu glorieuse
dans le tunnel.
L’écrivain lui sourit avec douceur. Il
fit surgir une brosse de sa sacoche enchantée et la brandit sous le nez de
Bendy.
- Hé bien, tu vas me la raconter pendant
que je démêle tout ça, d’accord ?
Cette suggestion fit aussitôt monter le
rouge aux joues à son interlocuteur. Ce dernier tenta bien de bafouiller une
contestation, mais cette tentative se solda par un échec et il finit par
accepter les bons soins de son idole, plus que ravi que celle-ci s’occupe de
lui.
Boris, sur ces entrefaits, revint, chargé
de son sac à dos. Il en profita pour demander à l’aventurier s’il pourrait
ensuite lui emprunter sa brosse afin que lui-même remette un peu d’ordre dans
ses poils, ce que Félix accepta tout naturellement. Une fois que ce dernier en
eut fini avec son lecteur, il se recula d’un pas, satisfait du résultat.
- Et c’est fini, annonça-t-il.
- Merci, papa !
Un silence consterné tomba sur la petite
troupe. Les mots étaient sortis avec un tel naturel que Bendy n’avait rien pu
faire pour les retenir entre ses dents. Se rendant subitement compte de sa
bourde, le mécanicien passa par toutes les couleurs : blanc, vert, puis
rouge écarlate ! Il enfouit son visage entre ses mains et étouffa un cri de
malaise contre ses paumes, monstrueusement gêné. Dans son dos, Boris peinait à
réprimer un éclat de rire alors que Cuphead se fichait allégrement de lui, plus
qu’heureux de le voir dans l’embarras. L’écrivain, touché par cette
appellation, couvait le malade d’un regard tendre que ce dernier ne remarqua
pas, trop occupé à essayer de se faufiler dans le sac à dos de son petit frère
dans le vain espoir de disparaître à jamais de la surface de la terre.
- Cache-moi pour toujours, Boris !
suppliait-il.
Impitoyable, l’intéressé refusa aussi sec.
Il alla même jusqu’à repousser son aîné
afin d’avoir accès au contenu de son sac à dos et en retirer la carte, soulagé
de voir qu’elle était intacte. Si jamais l’araignée l’avait abîmée – ou
pire ! détruite ! – il ne se le serait jamais pardonné.
- Parfait, nous allons pouvoir nous
remettre en route, s’exclama Mugman. J’ai hâte de sortir de cette grotte, elle
me donne froid dans le dos.
Tous l’approuvèrent vivement. Les cinq
aventuriers se remirent en route, soulagés d’avoir enfin réussi à se réunir.
Ils ignoraient quels autres obstacles se dresseraient sur leur route, mais cela
importait peu. Ensemble, ils pourraient les surmonter, ils en avaient la
conviction.
Tous emboîtèrent le pas du louveteau qui
avait revêtu un pull avec ravissement, soulagé d’avoir enfin quelque chose sur
le dos. Boris avait le nez plongé dans la carte et avançait d’un pas sûr. Bendy
trépignait d’impatience. Ils allaient enfin pouvoir mettre la main sur le
premier fragment de l’Ink Machine ! A ses yeux, il s’agissait du premier
pas vers sa guérison inespérée. Peut-être n’allait-il pas mourir, en
définitive… Il avait l’impression de vivre un rêve éveillé.
Néanmoins, la mine sombre de son idole le
préoccupait. Il finit par se racler la gorge puis s’adresser à lui,
inquiet :
- Quelque chose vous préoccupe, monsieur
Félix ?
L’écrivain eut une moue pensive. Il finit
par pousser un soupir avant de confier ses pensées au reste de la troupe :
- Les araignées des rochers vivent toujours
en groupe et sont rarement aussi grosses… J’ai remarqué des membres
d’araignées avec des traces de crocs sur mon chemin. J’ai peur que quelque
chose de bien plus dangereux nous attende plus loin.
Les quatre compagnons de route
s’entregardèrent, anxieux. Il fallait qu’ils soient sur leurs gardes. A leur
grand soulagement, cependant, ils ne rencontrèrent plus aucun monstre. Ce fut
un autre problème qui se dressa bientôt sur leur route.
- Les gars ? les interpella le
louveteau. La carte dit que nous devrions poursuivre dans cette direction, mais
la route est bloquée…
En effet, le chemin était encombré par
d’énormes rochers. Un éboulement devait avoir eu lieu ! Impossible de
continuer par là. Félix vint coller son oreille contre la paroi.
- Je peux entendre une cascade…
constata-t-il. Il y a quelque chose derrière !
Bendy s’avança aussitôt pour observer la
caillasse. Plutôt satisfait de son examen, il recula d’un pas pour déposer sa
sacoche et remonter ses manches, un sourire au coin des lèvres.
- OK, débarrassons-nous de tout ça !
Ça ne semble pas bien lourd.
Cuphead, de son côté, leva les yeux au
ciel, fatigué par les inepties qui pouvaient parfois sortir de la bouche du
mécanicien. Comme s’il était possible qu’il soulève de tels blocs de
pierre ! Tout ce qu’il allait y gagner, c’était un bon mal de dos et une
nouvelle humiliation, comme si celle de tout à l’heure n’avait pas suffi.
- Ne te méprend pas, la crevette,
intervint-il. Il n’y aucune chance que tu parviennes à…
Néanmoins, il eut tôt fait de ravaler ses
paroles. Sous ses yeux ébahis, le malade venait de saisir à bras le corps un
rocher qui faisait au moins le double de sa taille. Et le pire, c’était qu’il
le soulevait dans les airs comme si de rien n’était !
Le mécanicien se recula de plusieurs pas
pour déposer son fardeau. Il trottina ensuite vers l’amas de cailloux afin de
renouveler son geste. Alors qu’il tenait un nouveau rocher contre lui, Boris
l’interpella dans un soupir.
- Ça va prendre une éternité si l’on fait
ça, Bendy, fit-il remarquer.
- Oh, alors tu suggères quoi ? le
questionna son aîné.
- Repose ça, d’abord, on va y réfléchir.
Le mécanicien haussa les épaules, mais
obtempéra. Lui et son frère se mirent à débattre sur la façon de dégager la
voie, très vite rejoints dans leur conciliabule par Mugman et Félix. Seul
Cuphead demeura un moment en retrait, stupéfait. Il comprit avec surprise que
Bendy était loin d’être aussi faible et pathétique qu’il ne l’avait cru au
premier abord. Non, le malade cachait bien son jeu… En fait, si lui et Mugman
n’avaient possédé leurs pouvoirs, ils auraient été battus à plat de couture
depuis un long, très long moment.
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