Bien le bonjour, tout le monde !
Le truc pratique, quand fait des nuits de quatre heures, c'est qu'on se retrouve avec pas mal de temps libre ! Et comme vos réactions sur le dernier chapitre ont été plus que géniales, j'ai décidé de mettre mes heures de sommeil en moins à profit pour écrire le chapitre 28 des aventures de nos héros.
J'espère que leurs péripéties vous plairont. Sur ce, je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !
Dans la grotte souterraine, au sein d’un
lieu caché de tous, un groupe de cinq personnes (et un chat, tout de même,
n’oublions pas le délicieux petit Jackpot) était en train de mener un débat
houleux sur le meilleur moyen de dégager les rochers qui obstruaient son
passage, chacun y allant avec sa méthode. Profitant de l’occupation de ses
amis, Mugman avait fini par se détacher de l’assemblée pour s’approcher de leur
obstacle. Ses yeux coururent sur la pierre, à la recherche de failles. Hum… Ça
devrait le faire.
- C’est bon, les gars, on s’y colle !
annonça-t-il, mettant fin au conciliabule. On va détruire ce mur en un rien de
temps, hein, Cup ?
L’intéressé écarquilla les yeux, n’ayant
pas envie le moins du monde être impliqué dans un acte quelconque qui
impliquerait une nouvelle utilisation de son pouvoir. Son frère lui balança un
immense sourire, totalement confiant et complètement ignorant des monstres qui
détruisaient les entrailles de son aîné. Il lui donna un coup d’épaule en
riant.
- Faisons-le, frérot !
- Heu, OK, parvint à balbutier Cuphead.
Son regard tomba sur ses doigts, ses
doigts porteurs de ce don qu’il haïssait chaque jour davantage. Auparavant, il
était si fier de ses rayons mortels… Il en avait usé et abusé, se
délectant de ses capacités, confiant, régalien. Puis, il y avait eu cet
horrible accident.
Sang,
sang… Gerbe rouge, écarlate, flot qui inonde les pavés. Les yeux de sa
victime qui se vident de leur vie.
Mugman !
- Cup ? Tu es prêt ?
La voix de son cadet parvint à l’arracher
à ses immondes réminiscences. Le nervi du Diable se rendit alors compte qu’il
avait cessé de respirer. Il fourragea ses doigts dans la fourrure de Jacpot
dans l’espoir que cela l’aide à réguler son souffle.
- Je ne veux pas, OK ? cria-t-il en se
détournant brutalement. Ma vision est toujours flou !
- D’accord, d’accord, bon sang, marmonna
Mugman qui se demandait ce qu’il avait encore fait pour mériter qu’on
l’enguirlande.
Il s’avança sans plus se soucier de son
aîné.
- Bon, double charge pour moi !
déclara-t-il d’un ton joyeux. Vous devriez reculer, les gars !
Tous s’empressèrent d’obéir, curieux de
voir Mugman à l’œuvre. Félix avait même discrètement sorti un carnet de sa sacoche
pour pouvoir y consigner l’exploit du garçon, excité à l’idée de pouvoir de
nouveau contempler ses pouvoirs. Bendy fronça les sourcils quand il s’aperçut
que Cuphead, lui, n’avait pas encore bougé, complètement perdu dans ses pensées
douloureuses. Il l’attrapa par le coude et le tira sans ménagement en arrière.
- La terre à la tête vide, tu écoutes un
peu ? grogna-t-il. Ton frère nous a demandé de nous tenir loin.
- Oh… Désolé…
Bendy fut tellement interloqué qu’il
lâcha Cuphead. Venait-il à l’instant de s’excuser ? C’était nouveau,
ça ! Et son visage… On aurait dit qu’il était hanté par quelque
chose. Il aurait souhaité le questionner plus en avant, une pointe d’inquiétude
dans l’estomac, lorsqu’une lueur bleue attira son attention. Mugman venait
d’entrer en action ! Tous firent le silence alors que le benjamin de
Cuphead rassemblait son pouvoir dans le creux de ses deux paumes. Yeux clos,
bras croisés à hauteur de sa tête, il amenait à ses doigts toutes les
particules de pouvoir qu’il pouvait trouver. Quand il fut satisfait de la
quantité accumulée, il recula son pied droit afin d’assurer son équilibre puis
balança ses bras en avant de toutes ses forces ! Les rayons bondirent en
avant et se fracassèrent contre la paroi rocheuse. Celle-ci explosa
littéralement sous l’impact et les yeux ébahis de la petite troupe.
Bendy, Boris et Félix bondirent en avant en
piaillant, plus qu’impressionnés par le tour de force de leur jeune ami. Le
seul qui semblait mécontent, en réalité, c’était Jackpot, terré sur l’épaule de
Cuphead. Tout ce vacarme, c’était bien trop pour ses pauvres oreilles
sensibles…
Le louveteau sauta dans les bras de
Mugman en riant.
- Mon ami est meilleur que le tien,
Bendy ! déclara-t-il en riant, extrêmement fier.
- Pas moyen, répliqua l’intéressé avec un
sourire en coin. Mug est mon copain aussi. Tu peux avoir l’autre.
L’autre en question se contenta de
répondre à la pique par un soupir désobligé.
*
Une fois l’euphorie retombée, les
aventuriers se remirent en route. Comme l’avait déduit Félix auparavant, il y
avait bel et bien une cascade de l’autre côté de la paroi. Mais ce ne fut pas
cet élément que retinrent les compagnons de route. Ce qui les stupéfia, en
effet, c’était que la chute d’eau était inondée de soleil ! Boris poussa
un cri de ravissement.
- Enfin, la lumière du jour !
- J’espère qu’on a trouvé une sortie,
soupira Félix, soulagé à l’idée de pouvoir faire sortir ses compagnons de ce
traquenard infernal.
Ils se mirent à avancer en silence. Alors
qu’ils évoluaient vers la cascade, ils remarquèrent de nouveau cadavres
d’araignées géantes, sauvagement démembrées, comme si on avait… mordu dedans.
Un frisson parcourut le dos du mécanicien.
- Vous aviez raison, monsieur Félix, concéda-t-il
en essayant de ne pas laisser paraître l’anxiété qui perçait dans sa voix. Il y
a vraiment une chose qui mange ces araignées…
- Mais, hé, peut-être que la chose en
question est morte depuis longtemps ! proposa l’écrivain.
- Hum…
- C’est une théorie !
Mais on ignorait surtout qui le chat
tentait de convaincre en avançant une telle hypothèse ; lui ou ses
amis ? Jackpot, insensible à l’ambiance générale, s’était de nouveau
faufiler entre les mains habiles de Cuphead afin de se faire câliner. Ce
dernier, ravi de plus prodiguer des caresses, en oubliait presque son
environnement macabre. Le doux sourire qui flottait sur ses lèvres attendrit
son benjamin.
- Il est tout doux… fit-il remarquer. Il te
rappelle quelqu’un, n’est-ce pas ?
Un lointain souvenir enfantin, duveteux
et chaleureux, affleura à la mémoire des deux frères. La maison leur
manquait… Ils échangèrent un sourire, simples et heureux.
Quant à Boris, il avait à peine remarqué
les cadavres qui jalonnaient leur parcours tant son attention était focalisée
sur la carte léguée par les anges. Si bien que, lorsque le parchemin lui livra
finalement l’emplacement exact du fragment de la machine, il s’exclama à voix
haute, inconscient du danger :
- Bon sang, c’est juste là, un peu plus
haut ! On y est, les gars !
Félix s’empressa de lui indiquer de se
taire, les yeux écarquillés. Le louveteau n’eut pas le loisir de le questionner
sur l’urgence qui transparaissait soudain dans son regard. Un craquement associé
à un monstrueux bruit de succion déchira soudain l’atmosphère. Les aventuriers
s’empressèrent de gagner l’extrémité de la grotte et se dissimulèrent derrière
un pan de la paroi. Puis, timidement, ils jetèrent un coup d’œil à
l’extérieur. Ce qu’ils découvrirent les statufia sur place.
Leur tournant le dos, se délectant d’une
araignée fraichement cueillie, à en croire les spasmes qui agitaient encore les
pattes, une sirène se tenait à quelques mètres à peine d’eux. Elle était tout
simplement gigantesque ! Au sommet de son crâne, une pieuvre endormie lui
servait de couvre chef. Elle croquait délicatement dans son amuse gueule,
sereine, ses immenses yeux noirs tournés vers l’infini de la mer qui se
déroulait devant elle comme un immense tapi de miroir frappé de soleil.
Il n’en fallait pas moins pour que Bendy
en tombe instantanément sous le charme. Il s’accouda au semblant de pan de mur
pierreux qui les cachait, un soupir accroché aux lèvres. Son attitude surprit
Cuphead qui se tourna vers Boris dans l’espoir d’obtenir des explications.
- Heu, donc, il les
aime… grandes ? en déduit-il.
- Celles-là sont ses préférées, répondit le
louveteau dans un soupir désabusé, certainement habitué aux frasques amoureuses
de son aîné.
C’était sans compter sur Félix qui rappela
sèchement son lecteur à l’ordre. Balbutiant, celui-ci se détourna de sa
contemplation, le rouge aux joues. L’écrivain leva les yeux au ciel puis se
retrancha dans ses pensées. Oh, cela lui revenait maintenant !
- C’est pourquoi le symbole à l’entrée de
la grotte m’était familier. Il représentait une sirène de haute mer. Je suppose
que je ne l’avais pas reconnue car elle était sous sa forme endormie. Mais tout
comme les araignées de terre… Pourquoi est-elle géante ?
Boris sortit alors le nez de sa carte
dans une grimace. Il avait une mauvaise nouvelle…
- Je ne crois pas qu’il faille la
contourner, malheureusement… La pièce est dans sa tête.
Cette révélation sema le trouble parmi
ses camarades. Dans la tête de la sirène ? Mais qu’est-ce qu’une pièce de
l’Ink Machine pouvait bien faire dans la tête d’une sirène ! Un soupir
découragé échappa à Félix.
- Pourquoi doit-on tuer une si majestueuse
créature ? se désola-t-il.
- La question est surtout comment on va
faire cette merde ? rétorqua Cuphead.
Tous les regards convergèrent vers Mugman
qui observait avec attention leur nouvel adversaire. Quand il comprit que ses
amis comptaient de nouveau se reposer sur lui, il chercha du soutien auprès de
son frère. Cependant, celui-ci se contenta de lever un pouce en l’air avec un
sourire crispé.
- Allez, tu y vas et tu tires !
l’encouragea-t-il. Je crois en toi, frangin !
C’est là que le benjamin se rendit compte
qu’il ne pouvait pas le moins du monde compter sur son frère. Quelle
plaie… Il grommela quelque chose puis s’éloigna de quelques pas, vexé et
déçu. L’attitude de Cuphead, plus que suspecte, poussa Bendy à se poser de
sérieuses questions par rapport à son compagnon de route. Pourquoi diable
refusait-il de les aider ? Reviendrait-il sur la promesse qu’ils avaient
échangée ? C’était presque comme s’il était effrayé à l’idée de ti…
rer… ?
Oh…
Alors c’était ça.
Un discret sourire vint soulever le coin
des lèvres du mécanicien. Il posa un regard neuf sur son ami, plus tendre, plus
compréhensif. Ledit regard fut capté par Cuphead qui fronça les sourcils.
- Pourquoi tu me fixes comme ça ?
grogna-t-il.
Le sourire du malade s’élargit, amusé par
l’attitude défensive du jeune homme.
- Tu sais, Cup, tu n’as pas besoin
d’abandonner ton pouvoir, lui indiqua-t-il avec une simplicité désarmante. Tu
ne blesseras pas de nouveau ton frère, surtout si tu l’aimes autant.
Son conseil ne tomba évidemment pas dans
l’oreille d’un sourd. Boris et Mugman, qui se tenaient juste à quelques pas,
écarquillèrent les yeux, un éclair de compréhension coincé au fond de leurs
pupilles. Le benjamin de Cuphead sentit le rouge lui monter aux joues en même
temps qu’une éclosion de chaleur dans sa poitrine. Son frère était
décidément… incroyable…
De son côté, Cuphead se sentit rougir,
mais alors rougir ! Il se terra dans le col de son manteau, plus gêné que
jamais. Mais qu’est-ce qui avait bien pu traversé la tête de Bendy pour qu’il
pense qu’exposer ses états d’âmes à lui était une bonne idée ?
Il jeta un regard incendiaire au petit
mécanicien qui continuait à sourire. Un sourire qui l’empêcha de sombrer
totalement dans une sorte de honte poisseuse, un sourire qui disait simplement
que ce n’était pas grave, que c’était juste… normal. Quelque peu rasséréné,
Cuphead accepta de sortir la tête d’entre ses épaules et croisa les bras au
niveau de son torse.
- OK, c’est peut-être la raison !
admit-il avec le plus de mauvaise grâce possible. Mais je peux facilement tirer
sur n’importe quoi, n’importe quand !
Mugman bondit alors dans ses bras pour
une séance de câlinage dans les règles de l’art. Malheureusement, cette joie ne
fut qu’éphémère. Soudain, la voix crispée de Félix s’éleva :
- Désolé de ruiner le moment, mais Cuphead,
tu dois voir ça !
Intrigué, l’intéressé s’avança. Un cri de
stupeur et de peur mêlées lui échappa.
- Jackpot !
Le chaton avait profité de l’inattention
générale pour se faufiler en dehors de la grotte et entamer une balade en bord
de mer, le museau au vent, irrésistiblement attiré par l’odeur iodée et
poissonneuse d’une certaine sirène carnassière.
Et ladite sirène venait à l’instant de
poser son regard noir sur son prochain repas.
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