lundi 12 décembre 2016

MON ECRITURE EN CHIFFRES

Bien le bonjour, tout le monde ! 

 A l'occasion du 300ème article de ce blog, j'ai eu envie de partager avec vous quelques chiffres qui jalonnent aujourd'hui mon parcours en tant qu'écrivain et blogueuse. 


A ce jour, j'ai écrit 30 romans et 20 nouvelles (si on considère les cartes du Dixit comme une seule et même entité). A l'âge de 6 ans, j'écrivais ma première histoire sur 2 feuilles Diddle, à propos de 4 paysannes qui se transforment en fées (c'était d'ailleurs le titre). 

J'ai écrit 1 collection quand j'étais au collège qui compte 14 tomes ainsi que 2 hors série. Le personnage principal de cette histoire, Ascal, a eu 8 ans le 14 novembre dernier. 

Mon premier roman (achevé) a été écrit quand j'avais 10 ans et comptait 79 pages. 10 ans plus tard, je suis en train de réécrire cette histoire qui comptabilise actuellement 4 tomes et donc 604 pages (le quatrième tome n'en est qu'à son commencement).

Je compte dans mes bagages 2 romans entièrement réécrits qui sont Le masque de la princesse et Réflexions d'une marionnette de papier (dont je vais devoir faire 1 nouvel article). La 2ème version de Soul sea s'est arrêtée à la page 100, mais la 3ème version est en gestation (la collection dont Ascal est le héros).

A ce jour, j'ai créé 486 personnages, dont l'histoire a été achevée (sauf pour les 75 de Cruor Ramorum, leur 4ème tome est en cours). 

J'ai écrit sur 2 blogs, avec 2 bannières différentes et totalise 300 articles (celui-ci inclus). Ces dits articles ont été commentés 280 fois.

Je suis présente sur 5 réseaux sociaux différents (Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr) et je poste mes écrits sur 4 plateformes d'écriture (Wattpad, FictionPress, Fanfiction.fr et Fanfiction.net). 

 J'ai été refusée par 30 éditeurs, mais acceptée par 1 (mais je ne pouvais leur fournir les 2000 euros de participation qu'ils exigeaient). 


Et pour finir ce déluge de chiffres, vous êtes 58 198 à être venus sur ce blog depuis sa création, le 22 avril 2012. Et, malgré mon absence de 2 ans de la toile, vous avez continué à venir. Pour cela, je ne peux que vous remercier 1000 fois. Alors, merci, merci pour votre soutien et votre fidélité, j'en suis vraiment très, très heureuse. 

J'aurais pu vous laisser avec une musique sur les chiffres, mais je me suis dit qu'une chanson sur les fêtes qui approchent serait plus appropriée. Alors je vous laisse le plaisir de (re)découvrir une petite animation appelée Most wonderful time (of the year) !


Marine Lafontaine

samedi 10 décembre 2016

JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, on va parler d'un classique de la littérature française. J'ai le grand plaisir de vous présenter Journal d'une femme de chambre, écrit par Octave Mirbeau et publié en 1900 chez Fasquelle

  
   Alors, qu'est-ce ? Ce roman, je l'ai étudié en classe et c'est pourquoi je voudrais vous en parler. Parce que, whaou, il est… très particulier.  Je vais vous dire cela tout de suite.

   Parlons un peu de l'histoire. On se retrouve dans l'esprit de Célestine R., une jeune femme qui sert sous les ordres des Lanlaire, un couple bourgeois particulièrement avare et ridicule. A travers le point de vue de notre narratrice, on découvre la France anti-dreyfusarde dans toute son horreur. Et bon sang, quel voyage !

   Ce roman est vraiment un coup de coeur. On découvre la France de 1898 dans sa plus grande intimité grâce à une écriture à la fois belle et acérée. Le personnage de Célestine est très intéressant et attachant à la fois, même s'il est parfois très dur.

     Mirbeau avait l'ambition de secouer les consciences avec cet ouvrage et c'est pourquoi il ne va pas hésiter à mettre sur pied des scènes parfois dures, voire dérangeantes (le passage sur le viol et le meurtre de la petite Claire, même si on n'y assiste pas, en est un bon exemple). A ses yeux, le scandale est un excellent moyen de diffuser son oeuvre car la littérature est un engagement qui vise à déranger. Et l'on peut dire qu'il y parvient parfaitement avec ce roman.

  
   C'est une oeuvre construite sur beaucoup d'analepses, c'est-à-dire que Célestine partage énormément ses souvenirs avec les lecteurs, on revient toujours sur ce qu'elle a vécu dans sa vie. C'est très intéressant et cela donne au personnage une épaisseur considérable. Grâce à elle, on se rend compte à quel point les domestiques étaient maltraités au 19e (même si la gente domestique n'est pas épargnée par la plume assassine d'Octave Mirbeau).

   Je ne conseillerai pas ce roman à tous. Il est super, là n'est pas la question, mais il peut être difficile à appréhender. De plus, la sexualité y est fortement présente, et pas sous son meilleur jour. Le traitement des domestiques est abominable et aucune institution n'échappe à l'oeil critique de notre ami Mirbeau, pas même le clergé et l'armée (ou devrais-je dire surtout pas). 

   Et, bien sûr, l'antisémitisme prend une place particulièrement importante dans le roman. C'est à la fois fascinant et terrifiant. Plutôt que vous en parler longuement, car je pourrais continuer ainsi longtemps, je vais juste vous conseiller de foncer le lire. Si cela vous tente, en plus, Léa Seydoux a joué dans une interprétation du roman en 2015 et le film est un petit bijou qui suit parfaitement le déroulement de l'intrigue.

   J'espère avoir tout de même réussi à susciter votre intérêt. Je n'ai rien lu d'autre de Mirbeau, mais j'aimerais vraiment me plonger dans 21 jours d'un neurasthénique qui doit être proprement fabuleux. Si vous êtes partant, n'hésitez pas, je ne pense pas que vous regretterez cette plongée dans l'intimité des boudoirs et des cabinets de toilette.  
 
   Voilà, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com
    Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr

    Marine Lafontaine

mercredi 23 novembre 2016

STUDIO LAIKA

Bien le bonjour, tout le monde !
Aujourd'hui, un petit article pour vous parler non pas d'un film, mais de quatre, tous produits par un studio d'animation absolument fascinant, j'ai nommé le studio Laika !

Le studio Laika a été fondé en 2005 en Amérique. Ils n'ont que peu de films à leur actif, mais cela se comprend car chaque film est un travail de titan absolument phénoménal car chaque histoire est entièrement en stop-motion.

Tourner une seconde peut leur prendre une journée entière, c'est absolument stupéfiant. Il faut être des passionnés pour faire un tel travail de fourmi. De plus, chaque personnage est entièrement fabriqué et il prend vie dans des décors bien réels. Les figurines sont fabriquées en silicone et en plasticine, des matières facilement modulables. 

Là, sur la photo, vous pouvez voir le décor des Boxtrolls (2014). Sur le site du studio, quand vous allez voir l'histoire du studio, vous avez un aperçu du Pink Mansion de Coraline (2009) en construction. Il est gigantesque !
A la fin de chaque film, à l'exception de Coraline, je crois, vous avez la possibilité de découvrir un
extrait de leur travail. Dans Kubo, c'est la mise en mouvement du géant que nous avons rencontré ci-dessus. Dans The Boxtrolls (2014), c'est l'animation de deux méchants qui philosophent en passant le balais. Et dans Paranorman, nous avons la construction de Norman, le personnage principal.
Bon, c'est bien gentil de vous parler de l'animation, mais d'autres le font bien mieux que moi (sur Allô Ciné, sur la page consacrée à Paranorman, il y a des secrets du tournage qui sont très intéressants). Alors la question qui vous vient c'est, bien entendu, que valent les films en termes d'histoires ? Hé bien, ils sont excellents !

Chaque histoire a un univers très particulier, mais incroyablement travaillé, fascinant, riche ! Les personnages ont des personnalités incroyables, et tous nous transportent le temps d'une aventure. Pour ainsi dire, je suis complètement conquise. J'avais déjà vu Coraline il y a fort longtemps. Son histoire m'avait fortement marqué, mais ce n'est que récemment que j'ai découvert ses petits frères. Et tous sans exception sont… magiques !

Je vais vous parler un peu des histoires maintenant, mais assez rapidement, sinon l'article va être d'une trop grande longueur.

Coraline : Coraline Jones est une jeune fille intrépide qui vient d'emménager dans une nouvelle maison. Entre les voisins dingos, les parents absents, le foyer en mauvais état et le temps lugubre, Coraline a de quoi être malheureuse. Un soir, elle découvre une petite porte qui l'emmène dans une sorte de réalité alternative où tout est identique… mais en plus merveilleux ! Une mère à l'écoute, un père qui lui cuisine des plats délicieux… Mais tous les habitants de cet endroit une particularité : ils ont des boutons à la place des yeux. Pour Coraline, un choix s'impose : elle peut demeurer ici pour toujours, mais, en échange, elle devra laisser son autre mère lui coudre à elle aussi des boutons.

Fort, interloquant, poignant par moment, un grand instant de bonheur ! Coraline est dérangeant, mais aussi imaginatif et rêveur.  
Paranorman : Norman est un petit garçon rejeté de tous car il possède un pouvoir très particulier, celui de voir les morts. Un jour, son oncle fou à lier lui confie qu'il a une mission pour lui : Norman doit lire une incantation pour endormir pendant un an la sorcière qui a autrefois menacé leur ville et qui est enterrée non loin. S'il n'y parvient pas, les morts reviendront à la ville et sèmeront la terreur !

Drôle, beau, Paranorman est un gros coup de coeur (et pourtant, moi et les zombies, c'est une longue histoire de… de rien du tout, je déteste ça). Une très belle histoire qui vous emmènera loin.


The Boxtrolls :  A Cheesbridge, les gens sont obnubilés par le luxe et le fromage. Ils mènent une vie paisible sans se soucier des désagréments de la vie. Leur seule crainte ? Les Boxtrolls, d'infâmes créatures qui vivent dans leurs égouts. Tout du moins, c'est ce qu'ils croient. Les Boxtrolls sont en réalité de gentilles créatures qui on un goût prononcé pour les inventions. Parmi eux, il y a Oeuf, un humain qu'ils ont élevé tous ensemble. Mais leur quotidien est bouleversé par Archibald Trappenard, un déparasiteur qui n'a qu'un rêve : obtenir un chapeau blanc et ainsi déguster les meilleurs fromages au monde avec les plus grands de la ville. Et pour réaliser son rêve, il a trouvé un moyen : éradiquer toutes les Boxtrolls.

Je pense que ce film est mon préféré. Il est inventif et porte un message très fort, digne d'une fable de La Fontaine. Les Boxtrolls sont adorables et les personnages sont tous très bien construits.

Kubo and the two strings : Kubo est un petit garçon qui vit avec sa mère à la raison vacillante. Pour gagner sa vie, il utilise un pouvoir assez étrange : celui de donner vie à des origamis. Mais une menace le guette : ses tantes et son grand-père sont à sa recherche et veulent lui prendre l'unique oeil qui lui reste, l'autre lui étant été volé quand il n'était qu'un nourrisson. Un jour, alors qu'il avait rompu le couvre feu, il se retrouve poursuivi par ses tantes. Sa mère l'envoie alors au loin pour qu'il retrouve une armure magique et pour qu'il puisse ainsi survivre.

Kubo est un film grandiose, il est magnifique (niveau réalisation) et d'une grande imagination. Néanmoins, certains choix scénaristiques m'ont laissé perplexe, mais ce n'est que mon avis. 
Voilà, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com

    Marine Lafontaine

 


dimanche 13 novembre 2016

LES GENS HEUREUX LISENT ET BOIVENT DU CAFE

Bien le bonjour, tout le monde. 

Avant de commencer cet article, j'aimerais juste consacrer un mot aux survivants des attentats du 13 novembre 2015. Nous n'oublions pas votre douleur, nous n'oublions pas ce que vous avez vécu. Ce qu'il s'est passé est inhumain, nous ne pouvons l'effacer, juste soutenir ceux qui porteront à jamais les stigmates d'une peur immense. Nous sommes là, avec vous. 

Le livre d'aujourd'hui est une commande de Margaux R., merci à elle, cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu d'article de ce genre ! Le livre qu'elle m'a demandé est Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand. J'avais déjà entendu parler de ce roman pour son titre très particulier qui renvoie à un café dans l'univers de l'auteur. Mais l'histoire n'est pas du tout aussi joyeuse que le laisse entendre le titre… 


L'histoire est celle de Diane, une parisienne qui a perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture. Un an plus tard, elle ne parvient toujours pas à sortir la tête de l'eau. Elle prend donc la décision de s'isoler en Irlande, une destination dont rêvait autrefois son mari. Là, peut-être, enfin, parviendra-t-elle à se reconstruire. 

J'ai commencé le roman sans rien savoir de l'histoire. J'ai été très vite frappée par le style très lapidaire de l'auteur qui privilégie les phrases courtes et les dialogues. On se situe exclusivement du point de vue de Diane, plongée dans un brouillard de fumée de cigarette où elle revit sans cesse son horrible perte. On s'attache vite à cette jeune femme blessée qui ne parvient plus à garder pied dans la réalité. Mais…

Le roman est cousu de fil blanc. Le personnage principal masculin, un dénommé Edward, est le cliché de l'artiste maudit à l'enfance compliqué et au coeur brisé. On voit venir la fin de loin, ce que je trouve un peu dommage, étant donné que l'histoire est bien traitée, ce qui n'est pas facile quand on s'attaque à un sujet aussi lourd. Même le personnage de Félix, un homosexuel fêtard, ressemble à une caricature, ce qui est dommage, il aurait pu apporter plus à la trame. 

Après, on ne lit pas ce roman parce que l'histoire est complexe, immensément riche et extrêmement bien écrite. C'est un bon roman, intéressant, sympa, qui se lit avec facilité. De plus, il a un format assez petit, ce qui permet de le glisser dans un sac. Donc, c'est pour ces raisons-ci que je vous le conseille. 

Voilà, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com
    Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr

    Marine Lafontaine

mercredi 26 octobre 2016

CARTE 11, QUE TREMBLENT CEUX QUI CRAIGNENT LA PEUR…

   Bien le bonjour, tout le monde.

   Cela faisait un petit bout de temps que je nous vous avais pas écrit un texte pour illustrer une carte de Dixit ! Et comme Halloween arrive à grands pas, je me suis dit qu'il fallait que je vous en écrive un sur ce thème-ci. Le hasard fait bien les choses car j'ai tiré une carte qui sied parfaitement au sujet. Je ne vous en dit pas plus, je vous laisse découvrir les mille mots du jour.



Depuis trois générations, ma famille a été isolée de la cité. Nous n’étions pas les bienvenus entre les murs de la ville fortifiée qui était pourtant un des seuls remparts contre les fléaux qui peuplaient le monde depuis le Conflit des Entités.

Le Conflit des Entités, c’est cette immense guerre qui a ravagé le monde. Un jour, nous avons appris de la plus violente des manières que les hommes n’étaient pas les maîtres de ce monde. Qu’il existait dans les entrailles de notre bonne vieille Terre des créatures extraordinaires, des créatures qui ne peuplent habituellement que les légendes.

Pourtant, elles étaient bel et bien réelles.

Elles ont été vomies des Enfers et s’en sont pris aux êtres humains. Mes ancêtres ont assisté à des massacres si épouvantables que certains en ont perdu la parole. J’en avais lu certains dans de gros livres interdits, couverts de toutes sortes de cadenas épouvantables qui vous mordent quand vous tentez de les forcer. Comme si quelques morsures pouvaient étouffer ma curiosité insatiable à propos de ce monde.

J’en ai découvert, des choses, grâce à cette fichue curiosité. Des secrets que je n’aurais jamais dû entendre, qui n’auraient jamais dû tomber des langues des adultes. Comme le fait que notre famille était maudite. Qu’elle avait autrefois perpétré des massacres, sous l’impulsion de folies meurtrières épouvantables. Que nous étions destinés à toujours avoir plus de sang dans la gueule et sur les griffes.

Car nous sommes communément ce qu’on appelle des loups-garous. Enfin, pas tous les membres de notre famille, bien sûr. Les premiers nés sont les seuls à porter cette infamie dans leurs veines. Alors, bien sûr, l’une des pires choses qui puissent arriver à notre famille, c’est la naissance de jumeaux.

Ce qui est notre cas.

Ma sœur et moi partageons ce terrible destin. Sortis ensemble du ventre de notre génitrice, nous sommes le symbole de la haine qui nous accable depuis maintenant tant d’années. Parfois, nous nous réveillons la nuit tous les deux, serrés l’un contre l’autre, au fond du jardin entouré de hautes clôtures, pour que nous puissions sortir assouvir nos soifs de sang. On en a la gorge brûlante, les membres tremblants, on frissonne autant d’effroi que de froid. Et notre mère alors se met à pleurer d’épouvante, terrassée à l’idée que l’on puisse un jour s’en prendre à elle.

Je ne sais pas vraiment comment cela serait possible. Après tout, nous passons la plupart de notre temps enfermés à double tour dans une pièce grinçante. Les murs sont tapissés de talismans, au plafond sont accrochés des centaines de grigris qui sont censés canaliser la bête en nous, cette bête infâme aux crocs incroyablement aiguisés. Parfois, la nuit, quand ma chère sœur est endormie, je me tourne vers la lucarne ouverte dans le plafond pour pleurer sur notre triste destinée. Je suis le garçon, le premier à avoir vu le jour, mais je ne sais pas être fort pour nous deux.

Une chose que je ne pourrai jamais me pardonner.

Aujourd’hui, nous fêtons nos huit ans avec ma sœur. Nos parents ont déverrouillé la porte de notre prison, avec des sourires sur leurs lèvres gercées par le froid. Ils nous ont habillé de nos plus beaux habits, des haillons, mais qui avaient tellement d’importance pour nous. Et alors, les portes de la cité nous ont été ouvertes.

Ma sœur et moi avons pénétré un royaume moins merveilleux que nous ne l’avions fantasmé. Nous étions peut-être miséreux, mais eux l’étaient également. Quelles mines étroites et opalescentes ! Pourtant, à notre approche, nous les avons vu se métamorphoser. Leurs épaules se sont tendues, leurs dos se sont redressés, il m’a même semblé que leurs visages s’arrondissaient, comme si notre seule présence les guérissait des affres de la faim.

Nous avons été séparés de nos parents, ma sœur et moi. Assis à une table, on nous a offert des plats de viandes en sauce, des légumes bouillis et de magnifiques morceaux de pain chaud. Jamais nous n’avions rien mangé d’aussi bon ! Et tout le monde était aimable avec nous. Je ne comprenais pas pourquoi tout à coup la ville nous fêtait. Mais cela m’importait peu, j’étais si heureux.

Puis, la nuit est tombée. Et les faces joyeuses sont devenues extrêmement graves. Les plats et les chaleurs se sont évanouis comme des flammèches qu’une bouche perfide aurait soudainement soufflées. Ma sœur serrait étroitement son doudou dans son poing, un vulgaire chiffon qu’elle chérissait tant. Ils lui ont enlevé.

Des ombres nous ont encerclés et j’ai vu des hommes sans visage jeter des brasiers sur un immense bûcher. Les flammes se sont élevées et des cris d’effroi ont jailli des gorges. J’ai jeté un coup d’œil derrière moi, serrant la petite main de ma sœur entre mes doigts crispés par la terreur. Et j’ai vu pour la première fois la bête qui nous liait. Qu’elle était grande et terrible, quelles dents, quelles griffes ! Oh, qu’elle me faisait peur ! J’aurais voulu être fort, mais des gémissements pitoyables sortirent de ma gorge. 

Des mains nous ont saisis et nous ont soulevés. J’ai alors compris qu’ils allaient tuer le loup. Ah… Quel soulagement. Ils allaient enfin nous débarrasser de cette chose immonde. Merci, merci !

Je peux enfin être libre.

Ah, mon cher frère, quel pauvre esprit. Je t’ai vu tellement de fois pleurer. On t’a tellement dit que tu étais une bête que tu as fini par t’en persuader. Ne regarde pas ton ombre avec tant d’effroi, ce n’est que ton image. Mais ne t’en fais pas, je ne vais pas lâcher ta main. Nous partons ensemble et, dans l’au-delà, je serai toujours là près de toi. Tu n’as pas  à avoir peur. Les hommes sont stupides, ils pensent pratiquer un exorcisme, ils ne font qu’assassiner de petits innocents.

   Exorcisez, exorcisez tant que vous pouvez. Mais soyez sûrs, qu’un jour, je vous ferai payer chaque larme de mon frère. Vous pensiez me tuer ? Vos flammes vont donner naissance à la plus terrible des créatures.

Marine Lafontaine 

jeudi 20 octobre 2016

CES ARTISTES DE LA TOILE

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Aujourd'hui, un article sur un sujet que je n'avais jamais abordé sur ce blog. J'ai eu cette idée en contemplant ma bannière (oui, ça m'arrive assez souvent…). Je me suis fait alors la réflexion que beaucoup d'artistes, telle Marcia, je les avais connus grâce à Internet. Et c'est donc de cela que j'aimerais vous parler aujourd'hui, afin de vous faire découvrir ces fabuleux artistes que la toile a un jour placé sur ma route.

   De nos jours, un artiste se sert d'Internet pour faire connaître son travail. Ainsi, il peut avoir une très grande visibilité puisque tout le monde peut y avoir accès. S'il multiplie les réseaux (Tumblr, Facebook, Twitter, DevienArt, Pinterest, YouTube ne sont que des exemples parmi d'autres), il a encore plus de chances de se faire remarquer. Et cela concerne toutes les formes d'art ! Photos, sculptures, performances, peintures, dessins et j'en passe ! Quelque soit le domaine d'activité, Internet saura le mettre en valeur. 

   Depuis toujours, je suis une férue d'images. Mon dossier “Images” est l'un des plus gros fichiers sur mon ordinateur, c'est fou. Et comme mes parents sont des amateurs d'art, j'ai toujours été entourée de grands noms. Alors, évidemment, la découverte de certains sites (je pourrai me perdre sur Pinterest pendant des heures !) m'a conduite à rencontrer certains noms.

   La première que je citerai sera Fa, une jeune femme découverte grâce à sa page Facebook “Les dessins de Fa”. Je vais procéder ici à un voyage chronologique et Fa est la toute première que j'ai été amenée à découvrir. Ces dessins joyeux et plein de couleurs m'ont très vite séduite. C'est mon premier coup de coeur du net. D'ailleurs, si cela vous intéresse, elle a dessiné un manga écrit par Le Rire Jaune. Je ne l'ai pas encore lu, mais il a l'air très drôle.

 

   Je vais parler un peu plus longuement de mon second amour, il s'agit de Gabriel Picolo, que vous pouvez retrouver sur Facebook, Tumblr, Printerest, mais aussi sur DevienArt. Cet artiste, ah, comment dire… Mais que c'est magnifique ! Je suis tombée amoureuse de son travail depuis plusieurs années maintenant, et je suis toujours aussi fascinée par son coup de crayon merveilleux et ses couleurs absolument douces et graves à la fois.

   Gabriel Picolo dessine tout avec une certaine mélancolie, toujours avec une grande force. Pendant ma prépa, j'avais ses dessins en fond d'écran (ça encourage, mine de rien) et j'ai essayé de convertir ma promotion. Je vous conseille vraiment de vous pencher sur son travail, vous ne le regretterez pas. Entre les dessins sur l'amour d'une bougie et d'une flamme, ceux qui ont trait à la culture populaire et ceux qui sont de véritables poésies muettes, ceux qui entrent dans sa série sur Harry Potter, ceux sur les constellations… Je vais vous mettre quelques exemples ci-dessous !






   J'aurais pu encore vous mettre plus, mais il faut bien s'arrêter à un moment et donner voix aux autres artistes qui peuplent cet océan de la toile. Mais il y en a tellement… Je pourrai vous parler de Akije Hirodi, mais aussi Sukalee ou encore Elentori

   Mais je vais m'attarder un instant sur Meash, ce qui est un peu de la triche car ce n'est pas internet qui me l'a fait connaître. Par contre, je suis ses travaux avec assiduité et je lui ai même acheté deux lithographies (c'est pour vous dire à quel point je suis conquise). Son art, c'est la porte ouverte sur un nouveau monde, un monde tortueux et torturé où des figures dépourvues de bouches vous observent à travers leurs yeux symbolisés simplement par de trous noirs.

   Son art, ça vous coupe le souffle et ça vous attrape, je ne sais pas vraiment comment le définir autrement. Ma mère est aussi sous le charme, donc on trouve des extraits du monde de Meash partout dans l'appartement. De plus, cet artiste se plaît à travailler sur des supports peu conventionnels, qui donne naissance à des œuvres incroyables.


   Evidemment, il y a aussi Marcia, l'artiste qui a créé la nouvelle bannière de ce blog et dont je vous avais déjà parlé. Un univers coloré, décalé, un coup de crayon véritablement stupéfiant. D'ailleurs, si vous le souhaitez, Marcia possède un compte sur YouTube où on peut suivre toutes les étapes de réalisation de certains de ses dessins grâce au SpeedPaint.


   Oh, et j'ai découvert il n'y a pas longtemps Cameron Stewart, aussi, qui a un style de dessin issu de l'univers des comics. Et je vais arrêter ici avec TaylorDraws (car cet article commence à être assez long), une artiste qui crée ses propres personnages qu'elle aime à mettre en scène. Je vous laisse la découvrir.

   Voilà, j'espère vous avoir donné envie d'aller faire un petit tour du côté de ces artistes. Bien sûr, je n'en ai présenté que très peu, peut-être que je ferai un autre article sur ce sujet plus tard. En attendant, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com
    Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr

    Marine Lafontaine

vendredi 7 octobre 2016

LA VOIE DE L'ECRIVAIN, 6

Bien le bonjour, tout le monde !

Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu de nouvelles par rapport à ma quête pour devenir le roi des écrivains. Et pour cause ? Je me suis retrouvée en prépa et là-bas, c'était un peu compliqué d'écrire.

Mais l'erreur est réparée et me voilà de nouveau en train de battre le pavé du chemin des ambitions. Et, comme compagnon de route, j'ai choisi cette fois-ci un autre de mes enfants que j'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui : Le Masque de la Princesse.

Alors, le Masque de la Princesse, qu'est-ce que c'est, quelle est donc sa genèse ? Alors, c'est un roman que j'ai écrit pour la première fois quand j'étais hum… en première, si je me souviens bien. L'écriture en était très facile et j'ai beaucoup aimé mettre en scène Liam, un personnage très insolent, un genre de caractère que j'ai assez peu l'habitude de manipuler, en fait. 

Donc, c'était un vrai plaisir d'écriture. Et quand je suis arrivée à la fin, j'en étais assez fière. Puis le temps à passer… et j'ai trouvé ça très mauvais ! Quand j'étais en hypokhâgne, soit environ deux ans plus tard, je me suis relancée dans une écriture sans grande conviction. Et là, surprise, les mots ont de nouveau coulé tout seul ! En quelques mois, la seconde version était achevée, ce qui m'a grandement étonnée. 

Puis est arrivée la khâgne… Rah, là, là, quelle période ! Et j'ai laissé de côté tous mes écrits. Enfin, j'ai passé le concours, je suis allée faire mon stage et les vacances ce sont offertes à moi, heures infinies de vide. Alors, évidemment, je me suis remise à écrire. Et j'ai forcé mon papa à lire Le Masque de la Princesse. 

Je procède toujours ainsi, en fait. L'étape “papa” est encore indispensable pour moi. Je lui envoie le roman sous format docx afin qu'il corrige les erreurs (type orthographe et grammaire), mais il émet aussi son avis sur certains termes utilisés, des choses de genre. Après, je repasse derrière afin de valider ou non ses choix. 

C'est là encore que Le Masque de la Princesse m'a surpris. Car, normalement, quand toutes ces étapes sont passées, je me lance dans une ultime relecture pour corriger des oublis. Et là, je me suis retrouvée à faire correction sur correction… J'ai même réécris des passages complets ! Comme quoi, ce qu'on dit est vrai : un roman est un objet sans cesse en construction. 

Puis j'ai dit stop et je me suis tournée vers l'avenir. Il était temps de l'envoyer, ce roman !… ce qui est une façon très théâtrale de dire que j'ai perfo-relié des pages et des pages pendant deux heures. 

Car oui, après avoir choisi les éditeurs vient l'heure de la création du manuscrit. Donc, passage par la case boîte à copie. Et, pour éviter de payer une fortune pour faire relier les petits, je le fais moi-même à la maison.  

Enfin, cela est fait ! L'envoie comprend 8 Masques de la Princesse, 6 par la poste et 2 par internet. 190 pages de rêves partent sur les routes, ça y est, et vont rejoindre mes précédents éclaireurs (Chassé-Croisé, Réflexions d'une marionnette de papier et Eros et Thanatos). 


Comme quoi, quoiqu'il arrive… L'aventure continue ! 

marine.lafontaine@gmail.com
Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr
Marine Lafontaine

LE MASQUE DE LA PRINCESSE

Bien le bonjour, tout le monde ! 

   Aujourd'hui, grand jour car je reprends du service en envoyant un nouveau manuscrit sur les grands chemins. En effet, je me suis enfin décidée à proposer un nouveau manuscrit aux éditeurs. Et celui choisit est intitulé “Le Masque de la Princesse”. 

   Ce roman, je l'avais déjà évoqué plusieurs fois à travers divers articles, mais sans vraiment me pencher dessus. Aujourd'hui, je le remets à l'honneur avec cette petite présentation. D'ailleurs, j'ai remarqué que j'avais laissé des révélations de la première version sur le blog, mais j'ai heureusement rectifié le tir. 

   Ce roman est une réécriture, celle d'une histoire que j'avais écrite au lycée. De nombreuses choses ont été modifiées depuis la dernière fois, notamment le personnage principal que je pense avoir grandement épaissi (ce qui ne pouvait pas lui faire de mal). Et qui dit nouvelle version dit nouveau résumé. Je vous le mets ci-dessous : 

Liam Sefa est un jeune homme issu d’une famille tombée en disgrâce à cause des actions passées de son grand-père. Il a été condamné à mort par pendaison pour une longue liste de méfaits. Mais, alors qu’il était sur le point de rendre son dernier souffle, il est gracié par Eliya d’Asrestos, l’héritière du trône. Cette dernière lui fait une proposition : elle pourra oublier le passé s’il accepte en échange de devenir son maître d’armes. Pour Liam commence ainsi une longue quête sur le chemin de la vérité et cela pourrait bien l’amener à comprendre ce qui se cache derrière la mort de son ami d’enfance, le frère jumeau d’Eliya.  

Dans la première version, Liam et la famille royale n'étaient liés que grâce à Sigène Sefa, mais, dorénavant, notre bretteur en herbe a un passif encore plus lourd avec les enfants au sang bleu. Ce qui rend la situation plus dramatique, en fait.  

L'histoire tourne autour d'un renversement de situation qui a été amené assez bien, tout du moins, je l'espère. Mon unique lecteur m'a dit avoir été surpris, donc on verra bien. En tout cas, ce roman est une histoire que j'apprécie beaucoup, notamment parce qu'elle est facile à écrire. J'espère que Liam et Eliya sauront faire rêver les éditeurs et, par la suite, qu'ils pourront conquérir vos coeurs. 

En attendant que ce jour arrive, je vais vous proposer un petit extrait que je vais mettre en vis-à-vis d'un extrait issu de la première version. Puisque j'en avais déjà mis un en ligne, je pense que c'est celui-ci que je vais vous laisser le plaisir de découvrir. Je vous souhaite une excellente lecture. 

Le Masque la Princesse, version 1, 2012

-     Liaaam ! chantonna une voix.
-     Amy ! s’écria-t-il en réprimant une grimace.
Pourquoi à chaque fois qu’il mettait un pied en ville cette fille devait lui tomber dessus ?! Amy se détacha de lui en souriant. Le soleil avait fait ressortir ses tâches de rousseur et elle portait une robe de soie bleu toute légère qui lui arrivait aux genoux. 
-     Tu n’as pas froid ? railla Liam. L’hiver n’est même pas fini.
-     Tu es venu vendre des récoltes ? le questionna vivement la jeune fille, ignorant royalement sa question.
-     Tu es idiote ou quoi ? soupira le garçon. Les champs commencent à peine à dégeler. On doit travailler la terre. On ne pourra semer que d’ici deux ou trois semaines.
-     Ah… 
Amy était gentille, mais pas très futée. Surtout collante. Issue de la petite bourgeoisie, elle attendait sagement que son père la marrie et passait ses journées à échapper à ses leçons de lecture, piano, cuisine et autres. Elle adorait fureter de droite à gauche à la recherche de ragots à se mettre sous la dent. Puis, dès qu’elle croisait Liam, elle lui sautait dessus et lui cassait les oreilles avec ses récoltes et ses avis.
D’ailleurs, ça y est, elle était partie…   
-     Tu sais que la princesse Eliya est de sortie aujourd’hui ? lui lança Amy alors que Liam marchait tranquillement sans prêter attention à ses bavardages. C’est tellement rare de la voir hors du palais ! J’aimerai tellement la croiser ! On la dit si belle ! C’est l’anniversaire de la mort de son frère jumeau, j’ai entendu dire donc elle serait au cimetière royal tout à l’heure puis viendrait en ville ! Je ne sais pas pourquoi faire, mais il y a tellement de rumeurs là-dessus que je ne sais plus où donner de la tête !
Liam se demanda un instant si la langue était un muscle indépendant qui ne connaissait pas la fatigue puis si toutes les filles étaient aussi bavardes. Sa mère aimait bien parler également. Elle chantonnait en faisant la cuisine ou parlait aux plantes qu’elle arrosait. Elle lui posait sans cesse des questions telles que “Et ta journée, elle s’est bien passée ?”, “Tu as bien travaillé aujourd’hui ?”, “Tu as pensé à ranger les outils ?”… Oui… Cela devait être propre à la gente féminine de parler tout le temps.
Il détailla un moment le profil d’Amy qui lui racontait que des brigands semblaient avoir été aperçus autour de la ville. Ses joues rebondies et ses yeux malicieux lui donnaient un air de hamster. Elle avait noué d’imposants rubans rouges à ses couettes, une vraie gamine… Malgré ses manière futiles de petite bourgeoise, il arrivait (bien que rarement) à Liam d’apprécier sa compagnie. Dans le coin, il était plutôt connu comme quelqu’un de bagarreur qui s’emportait facilement, trop en réalité. On lui donnait un regard de démon, hérité par son grand-père qui avait autrefois trahi le royaume et avait été exilé. Ses yeux vifs et d’un bleu particulièrement lumineux, cachés en partie par une mèche de cheveux châtains qu’il laissait pousser. Si sa mère faisait mine d’approcher les ciseaux de cette mèche, il s’enfuyait en courant. Il n’aimait pas ce regard de démon et le cachait. Amy n’avait emménagé que très récemment dans la cité royale. Attentive aux rumeurs, elle n’avait pas tardé à entendre parler de Liam Sefa, cet adolescent qui ne cessait de causer la pagaille et avait voulu très vite le rencontrer.
Ils étaient enfin arrivés à la poissonnerie.  Amy se pinça les narines d’un air indigné.   
-     Le poisson sent bien meilleur une fois cuit et mélangé à de la sauce ! décréta-t-elle d’une voix nasillarde.
-     Tu me fatigues, soupira Liam.
Il allait pousser la porte quand il se fit percuter de plein fouet par une silhouette. Tous deux tombèrent à terre dans un cri de surprise. 
-     Dé… Désolée ! bafouilla une voix. Je courrai et je ne vous ai pas vu !
-     J’ai remarqué ! répliqua Liam avec humeur. Si tu cours, regarde où tu vas, idiote !
La jeune fille qui lui était rentrée dedans rougit fortement. Elle ne s’attendait pas à une réaction aussi véhémente.
-     Vous… Vous vous êtes fait mal ? demanda-t-elle timidement.
-     Comme si, persifla le jeune homme en se redressant.
-     Liam, voyons ! intervint Amy. Ce n’est pas de sa faute, ne sois pas aussi agressif ! Vous allez bien, mademoiselle ?
La jeune fille hocha la tête. Elle était vêtue de vêtements sales, mais plutôt bien coupés. Ses longs cheveux noirs lui arrivaient dans le bas du dos et ses grands yeux entre le noisette et le doré étaient très vifs. 
-     Je suis désolée, répéta-t-elle.
-     Pff…
Sans même lui accorder un regard, il entra dans la poissonnerie. Amy s’excusa auprès de la jeune fille et courut à la suite du garçon.
-     Tu es vraiment malpoli ! le réprimanda-t-elle. Cette fille ne t’avait rien fait de mal !
-     Si mon attitude te dérange, tu peux partir, répliqua Liam d’un ton où perçait tout son ennui. J’ai mieux à faire que d’écouter tes bavardages. 
-    Tu es vraiment impossible !
 
Le Masque la Princesse, version 2, 2015

-                Liiiiiiam !

Ah… 

Ce n’était qu’Amy… Mais… 

Pourquoi à chaque fois qu’il mettait un pied en ville cette fille devait lui tomber dessus !

Amy se détacha de lui en souriant. Le soleil avait fait ressortir ses tâches de rousseur et elle portait une robe de soie bleue toute légère qui lui arrivait aux genoux. Elle tenait serrait contre elle un réticule de la même couleur que son vêtement, ce qui était sûrement un acte calculé de la jeune fille.   

-                Tu n’as pas froid ? s’étonna Liam. L’hiver n’est même pas fini.

-                Tu es venu vendre des récoltes ? le questionna vivement son interlocutrice, ignorant royalement sa question.

-                Tu es idiote ou quoi ? soupira le garçon. Les champs commencent à peine à dégeler. On doit travailler la terre. On est tout juste en train de semer.

-                Ah… 

Liam trouvait Amy gentille, mais pas très futée. Surtout collante. Issue de la petite noblesse, elle attendait sagement que son père la marrie et passait ses journées à échapper à ses leçons de lecture, piano, cuisine et autres. Elle adorait fureter de droite à gauche à la recherche de ragots à se mettre sous la dent. Puis, dès qu’elle croisait Liam, elle lui sautait dessus et lui cassait les oreilles avec ses récoltes et ses avis.

-                C’est super que tu sois venu aujourd’hui ! lui annonça la colporteuse. La princesse doit aller au cimetière royal cet après-midi pour rendre hommage à son  frère défunt ! Tu sais qu’on dit qu’elle est vraiment belle ? Mais les rumeurs sont certainement exacerbées par le peu d’apparitions publiques qu’elle offre au peuple ! Oui, c’est certainement ça. Mais, il paraît qu’elle est vraiment jolie. J’ai entendu à l’auberge une servante qui travaille là-bas raconter que… Hé, Liam, où vas-tu ?

L’intéressé prit le parti de l’ignorer. Mains dans les poches, il s’était éclipsé discrètement avant d’accélérer le pas dans l’espoir insensé d’échapper à la tornade blonde.

Ah, ah…

Comme si. 

-                Liiiiam, attends-moi !

-                Ne me suis pas !

-                Attends, enfin !

Elle l’attrapa par le bras, l’obligeant à ralentir.

-                Madaima t’a envoyé faire des courses, je parie ! C’est bien son genre, d’avoir des idées pareilles pour ton anniversaire. Je t’accompagne. Oh, je t’ai souhaité bon anniversaire ? Bon anniversaire ! Ça te fait bien dix-neuf ans, hein ? Je t’achèterai un gâteau dans la meilleure boulangerie du coin pour fêter ça.

-                Je n’en ai strictement aucune envie, grommela Liam.

-                Je ne te demande pas ton avis, chantonnait la jeune fille.

L’intéressé préféra céder plutôt que se lancer dans une conversation stérile avec la petite noble. Celle-ci comprit qu’elle avait gagné et se relança dans son activité favorite.

-                Comme je te le disais à l’instant, normalement, on aura une chance de… Oh, mais je ne t’ai pas dit un truc super important ! Figure-toi que… 

Liam se demanda un instant avec dépit si la langue était un muscle indépendant qui ne connaissait pas la fatigue et si toutes les filles étaient aussi bavardes. Sa mère aimait bien parler également. Elle chantonnait en faisant la cuisine ou parlait aux plantes qu’elle arrosait. Elle lui posait sans cesse des questions telles que “Et ta journée, elle s’est bien passée ?”, “Tu as bien travaillé aujourd’hui ?”, “Tu as pensé à ranger les outils ?”, “Où est-ce que tu vas encore ?”, “Essaie de ne pas provoquer de bagarres, cette fois-ci”… Oui… Cela devait être propre à la gente féminine de parler tout le temps.

Il détailla un moment le profil d’Amy qui lui racontait que des brigands semblaient avoir été aperçus autour de la ville. Ses joues rebondies et ses yeux malicieux lui donnaient un air de petit animal. Elle avait noué d’imposants rubans bleus à ses couettes, une vraie gamine… Malgré ses manière futiles de petite noble, il arrivait à Liam d’apprécier sa compagnie.

Il faut dire que, dans les alentours, il était plutôt connu comme quelqu’un de pugnace qui s’emportait facilement, trop, même. On lui donnait un regard de démon, hérité de son grand-père, un félon qui avait autrefois trahi le royaume et avait été exilé loin de la capitale. C’était en partie pour cela qu’il dissimulait ses yeux vifs et d’un bleu particulièrement lumineux derrière une longue mèche de cheveux châtains. Il n’aimait pas ce regard de démon et le cachait ; il lui avait attiré trop d’ennuis par le passé, comme éveiller la curiosité d’un prince qui s’était fait beaucoup trop présent dans sa vie par la suite.

Avant d’en disparaître sans laisser de traces.

Amy avait emménagé il y a peu dans la cité royale. Attentive aux rumeurs, elle n’avait pas tardé à entendre parler de Liam Sefa, ce jeune homme qui ne cessait de causer la pagaille et avait voulu très vite le rencontrer.

Liam, tentant de faire abstraction de l’abeille qui bourdonnait à son oreille, se dirigea vers la poissonnerie. Malheureusement, sa route fut coupée par un barrage qui avait été érigé dans la rue principale. Une foule dense s’était agglutinée contre les barrières et les conversations allaient de bon train. Des gardes royaux en armure rouge gardaient l’espace, le regard acéré et l’allure fière.

-                Oh là, là ! Ça va être génial ! s’excita Amy en attrapant son bras pour le secouer. Tu ne crois pas ? La sécurité est très élevée, dis donc, une souris ne pourrait pas passer ! J’espère qu’on la verra bien d’ici. On ne devrait pas aller par là, plutôt ? Je suis certaine qu’on aurait une meilleure vue.  

-                Fais ce que tu veux, je vais te laisser là, répliqua le jeune homme.

-                Ah, non ! Reste avec moi ! Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir la princesse !

-                Je ne veux pas la voir et surtout pas aujourd’hui, répliqua sèchement le garçon en se dégageant de l’emprise de la jeune fille.

Il avait envie de fuir cet endroit et haïssait cette sensation qui lui bouffait les entrailles. Mais, quand le son du cor retentit, il se sentit comme ancré dans le sol. Son regard dévia, attiré par la procession qui venait de déboucher à l’autre bout de la rue avec, à sa tête, une cavalière tout de noir vêtue. Elle était… Liam s’avança presque inconsciemment, les yeux écarquillés. La jeune fille se tenait très droite sur son destrier et son regard doux parcourait la foule. Quand ses yeux se posaient sur vous, vous vous sentiez pris dans une étreinte mélancolique qui vous serrait la gorge dans un étau. Elle était vêtue d’une robe noire composée de voiles et de dentelles vaporeuses qui semblaient envelopper son corps tout entier. Une mantille couvrait le haut de sa tête et son front, symbole d’un deuil encore vif.

Elle avait un visage empreint d’une beauté noble et triste. Mais ce qui retint l’attention de Liam, ce furent ses mains. Elles étaient blanches et fines, dépourvues de la moindre cicatrice, de la moindre saleté. Même ses ongles semblaient d’une blancheur immaculée. Sûrement n’avait-elle jamais tenu une arme entre ses doigts.  

Le cheval et sa cavalière passèrent à quelques pas de lui. Liam suivit silencieusement des yeux le mouvement des cheveux noirs de la princesse qui semblaient flotter dans son dos, avec une grâce étrange. Ah… Son parfum lui parvint une fraction d’instant. Il flotta un moment sur ses narines avant de s’évanouir, souvenir évanescent.

Ezra devait avoir le même parfum dans leur enfance… 

A ses côtés, Liam entendit Amy pousser un soupir de mélancolie.

-                Elle est aussi belle que les rumeurs le prétendent, murmura-t-elle, visiblement conquise par la vision qui venait de s’offrir sous ses yeux. Nul besoin de joyaux ou de discours quand on est capable d’ensorceler un peuple entier par sa seule présence. Notre princesse héritière sera une grande souveraine, un jour. 

    Voilà, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com
    Pinterest, Facebook, Twitter, Google+, Tumblr

    Marine Lafontaine