lundi 29 mai 2017

LES ZARNAK

   Bien le bonjour, tout le monde ! 

   Ah… Ça y est ! Cela fait deux semaines que je suis en stage aux éditions ABC Melody. Je vais attendre que le premier mois soit écoulé pour vous en parler. Mais, en attendant, j'ai tout de même des choses à vous partager. Notamment une lecture ! 


   Le catalogue d'ABC Melody comporte de nombreux titres. L'un d'entre eux, Les Zarnak, a attiré mon attention. Il s'agit d'une série de livres (deux tomes publiés, le troisième à paraître), écrite par Julian Clary et illustrée par David Roberts.

   Comment vous parler de cette histoire qui part d'un postulat assez, heu… inattendu !

   Et si des hyènes se prenaient pour des humains ?


   Car c'est le cas ici. Fred et Amélia Zarnak sont un couple de hyènes qui ont usurpé l'identité d'Anglais pour ainsi mener une vie d'êtres humains. Nos deux héros vont donc découvrir avec un regard innocent notre société et ses absurdités. Et comme si cela n'était pas assez compliqué comme cela, ils vont devoir aussi élever leurs jumeaux, Zach et Zoey, ce qui n'est pas chose aisée quand ton instinct animal revient à la charge et que tu as constamment envie… de rire !

   Les personnages brossés par Clary et mis en dessin par Roberts sont très attachants. Les Zarnak forment une famille unie et amusante qui profite de la vie comme elle vient. Dans la droite lignée des récits de Roald Dahl, les caractères sont exagérés sans pour autant être caricaturaux.

   Même si le but premier est de faire rire (grâce à Fred, notamment, qui ponctue la quasi totalité de ses phrases de blagues Carambar au sens littéral du terme), ce livre est aussi une belle leçon sur la tolérance et l'acceptation. Les Zarnak ont beau avoir beaucoup de poils et de grandes oreilles, ils ont une âme totalement humaine. Au cours de leurs aventures, ils font preuve d'une grande empathie et d'une ouverture d'esprit incroyable (cet aspect sera même renforcé au cours du tome 2).

   Et il faut tout de même que je vous parle des illustrations en noir et blanc qui sont sensationnelles ! Touchantes, absurdes, fourmillantes de détails ! On pourrait passer de longues minutes sur une page rien que pour les observer. Elles se marient superbement avec le texte grâce à leur aspect décalé et réaliste.


   De plus, plusieurs pages des deux romans sont entièrement noires. Je ne vous dis pas quand pour que vous puissiez le découvrir, mais ce sont des moments particuliers où la tension est palpable. Ce choix de couleur encadre à chaque fois le climax du scénario et c'est très appréciable.

   J'ai eu un petit coup de cœur aussi pour le début du tome 2 qui m'a vraiment, vraiment fait penser au commencement du Petit Prince. Je ne vous en dis pas plus.


   Voilà. Des personnages hauts en couleur, des histoires intéressantes et bien menées, de l'humour, de la réflexion, des illustrations drôles et intelligentes… Que demander de plus à un livre destiné aux enfants ?

   Pour le moment, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
    marine.lafontaine@gmail.com

    Marine Lafontaine

jeudi 11 mai 2017

RIEN N'A CHANGE

Bien le bonjour, tout le monde !

Ça y est, les partiels sont derrière moi. La semaine prochaine, je saurai si j'en ai définitivement fini avec cette année de fac et donc si j'ai obtenu ma licence de Lettres Modernes. 


Mais je n'ai pas attendu de savoir si je devais me diriger vers les rattrapages. Je pense obtenir ce semestre sans trop de soucis, alors j'ai décidé de partir en stage, une nouvelle fois. Mais, avant de commencer à envoyer mes demandes (j'ai fait ça dans les alentours de début janvier), je suis allée trouver ma directrice de licence afin de lui demander une convention en avance. 


Et vous savez quoi ? J'ai fait face exactement au même discours que l'année dernière. Le même. Mot pour mot. "Cela ne fait pas partie de votre formation, nous ne pouvons pas vous en accorder une". 

Bon… J'ai soufflé et je me suis dit que ce n'était pas bien grave, que je passerai par les même voies que l'année précédente afin d'avoir une convention. Alors, j'ai envoyé candidature sur candidature : le groupe Madrigall, POL, Edilivre, Albin Michel, Ankama, Bragelone, Delcourt, Fleurus, Flammarion, Glénat, Hachette, Ki-oon, Lafon et j'en passe ! La plupart du temps, je ne recevais pas de réponse et je n'obtenais pas plus de résultat quand je prenais mon téléphone pour relancer les candidatures. 


Finalement, à force de coups de téléphone, de jeux de réseaux et d'insistance, j'ai obtenu deux entretiens sur Paris début mars. J'ai appelé mon parrain et j'ai embarqué dans un TGV le jeudi soir. Le vendredi matin, vers 9h, j'étais aux portes des bureaux d'Edilivre


L'entretien avec eux a plutôt été… expéditif. J'ai bien essayé de le rallonger avec des questions, mais ça n'a pas semblé les convaincre. Dix minutes plus tard, j'étais sur le trottoir, un peu surprise. Mon prochain rendez-vous était fixé en début d'après-midi, alors j'avais du temps devant moi. 

L'après-midi a été un ascenseur émotionnel. Une demi-heure avant mon rendez-vous, on m'a appelé pour me dire que l'entretien était reporté car mon interlocutrice ne pouvait venir au bureau pour raisons personnelles. Je me suis retrouvée un peu bête, je vous avoue. Puis, alors que j'appelais un ami pour qu'on se retrouve près du métro de la Bastille, je reçois un nouvel appel pour me dire que quelqu'un d'autre me recevrait. 

Après une course effrénée, je suis finalement arrivée aux bureaux des prestigieuses éditions POL. L'entretien s'est très bien déroulé et j'ai beaucoup discuté avec la dame qui m'a reçue. Je suis sortie de là assez confiante. 


Pourtant, au final, POL m'a refusée (ils ont privilégié quelqu'un qui écrivait un mémoire sur leur entreprise, ce que je comprends tout à fait) et Edilivre m'a acceptée. Ravie, j'ai téléphoné à mon interlocuteur de l'année dernière pour lui annoncer la nouvelle et lui demander une convention. 

Et ça a été la déconfiture. 

Impossible de signer une convention de trois mois. Après une longue, longue bataille, j'ai dû renoncer à mon idée première. C'est tête basse que j'ai repris contact avec Edilivre pour leur dire que les trois mois étaient impossibles. Ils m'ont alors dit au-revoir. 


Puis le destin m'a souri de nouveau. En effet, parmi toutes les démarches effectuées cette année, j'ai aussi créé un compte sur l'Asfored (merci à Juliette Boue pour me l'avoir conseillé), un site Internet pour les éditeurs. Et j'ai été repérée là-bas par monsieur Husar, le directeur de ABC Melody. Je l'ai tout de suite prévenu pour les deux mois et il a accepté. 



Donc, voili, voilo, avec bien des difficultés, me voilà de nouveau en stage la semaine prochaine. L'année dernière a été compliquée, mais cette fois-ci, j'ai aussi eu mon lot de déconvenues. Encore une fois, j'ai eu l'impression que tout était contre moi. J'ai du batailler pour l'obtenir, ce stage.  

A cause des nombreuses législations qui régissent l'univers des stages, il est très difficile d'en obtenir un. Déjà que cela est complexe quand on a une convention avec son université, alors quand on en n'a pas… Vous l'avez constaté, c'est une galère sans nom. 

 Pour le moment, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
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    Marine Lafontaine

lundi 1 mai 2017

CARTE DIXIT PAR ETIENNE

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Le phénomène Dixit a séduit une nouvelle personne ! Etienne s'est frotté lui aussi au défi et, ma foi, il l'a relevé avec virtuose. La carte tirée au hasard a été choisie dans l'extension Day Dreams. Sans rien ajouter, je vous laisse profiter une nouvelle fois de la plume envolée et délicate d'Etienne


Une autre vie
 



   Elle emménage dans une maison qui n’existe pas vraiment. Ce n’est pas grave ; c’est ici qu’elle se sent bien. Qu’importe les parois en verre opaque, les portes massives à l’odeur de forêt ou le feu continuel dans la cheminée qui menace de tout brûler. Elle a construit cette maison, l’a rêvée, achetée, décorée : c’est une appropriation de son intériorité.

   Elle vit seule. Ses amis viennent souvent lui rendre visite, mangent sur la table cotonneuse, trouvent l’endroit étrange mais sont attristés lorsqu’ils doivent le quitter, comme s’ils respiraient le sulfure de l’espace créé par une interaction inconnue et que cela massait leurs corps endoloris. 
 
   Un jour, elle découvre dans son grenier, tout en ombres tordues, un carton de déménagement qu’elle a oublié de déballer. La poussière s’agite, tel un tapis de termites, lorsqu’elle souffle dessus pour lire l’inscription : Divers. Du marqueur noir, c’est son écriture, elle avait oublié, ces boucles, ces bâtons : c’est elle. Depuis combien de temps n’a-t-elle plus tracé d’arabesques de sa propre main ? Une vague l’opprime soudain, la brutalité d’une rencontre avec soi ; elle se redécouvre en déchiffrant son écriture en segments, presque géométrique. Et la larme qui pousse dans son œil, elle ne peut l’empêcher de se semer entre les lattes en bois du sol gris.
 
   Elle retourne dans le grenier le lendemain. Cette fois, elle déchire l’adhésif, écarte les rabats, dévoile le contenu du carton. Rien d’intéressant. Elle reste indifférente aux objets qu’elle sort un à un, des reliques qui ne lui évoquent plus aucun lien avec sa vie, une robe, un fer à repasser, trois livres achetés sur une brocante. Aucune émotion ne se produit ; pourtant, elle avait peur. Elle contemple son écriture au marqueur, mais la crise est passée, cathartique, et, malgré un pincement douloureux au cœur, elle n’a plus envie de pleurer.
 
   Avec précautions, elle descend le carton à la cave.
 
   Elle veut le mettre dans un coin, il sera plus à sa place au sous-sol qu’au grenier. C’est en le poussant pour le ranger qu’elle heurte avec ses pieds quelque chose de dur au sol qui la fait trébucher. Alors qu’elle dégage, en frottant de sa manche, l’épaisse saleté, elle dévoile une poignée rouillée qui colore sa paume de rouge lorsqu’elle l’effleure. Une trappe. 
 
   Elle agrippe la poignée, ses mains moites glissent, la sueur lui fait une deuxième peau, pellicule salée. Enfin ça se soulève, à contrecœur ; elle peut regarder dedans, c’est noir, il fait noir, un noir presque trop noir, et la lumière de la cave s’infiltre puis éclate en particules dorées, des petites étincelles si fugitives que l’œil a du mal à les saisir. A force de fixer ce vide dense, elle distingue des mouvements, avec horreur elle pense d’abord à des anguilles, mais non, c’est blanc, ça tranche avec l’obscurité, et bientôt elle constate que cette blancheur irradie, comble les ombres. Ce sont des plumes. En suspension, elles se déplacent dans l’espace aux contours indéterminés, comme des poissons sans bocal. Leur calme agitation possède une grâce aseptisée. Sans réfléchir, elle s’allonge sur le sol dur du sous-sol et tend un bras aveugle pour attraper une de ces choses fragiles. Elle palpe sans rien voir, palpe du vide, palpe l’air sans chaleur, ça lui file entre les doigts, mais elle ne se décourage pas, c’est son objectif maintenant, sa motivation unique, elle ne partira pas sans en avoir remonté une à la surface. Elle y parvient finalement, crie de surprise et de joie : dans sa main se trouve une plume à la pointe assombrie par de l’encre. 
 
   Elle comprend vite que ces restes ornithologiques possèdent une sublime puissance. Chaque jour, elle descend à la cave, pêche une plume à l’aveuglette et, chaque jour, elle applique le liquide foncé qui en goutte sur une feuille vierge. De cette façon, elle peut décider des images qui agrémenteront son sommeil et ses nuits. Ce qu’elle écrit devient ce qu’elle rêve. Une plume ne s’utilise qu’une fois ; ensuite, elle se change en cendre. Elle n’est pas étonnée plus que cela de ce pouvoir –après tout, elle habite une maison qui n’existe pas vraiment. 
 
   Elle passe de plus en plus de temps à dormir. C’est si plaisant de plonger dans ce monde inconscient lorsque l’on sait ce qui nous y attend : pas de cauchemars, pas de monstres, pas de mort ni de pleurs, seulement le soleil, un pré, les rires et les jeux. Peu à peu, elle oublie de se faire à manger, ne reçoit plus personne. Elle est trop occupée, elle doit écrire, puis rêver ce qu’elle a écrit, puis écrire, puis rêver ce qu’elle a écrit, dans une boucle sans fin qui la charme. Les retours au réel se font de plus en plus douloureux, tout est gris et fade lorsqu’elle est éveillée, et comme le nombre de plumes ne semble pas diminuer dans la trappe, elle n’a aucune raison de s’arrêter, aucune raison de préférer le ciel du dehors à celui de son sommeil. 
 
   Sa maison qui n’existe pas vraiment s’écroule peu à peu sans qu’elle ne s’en rende compte.
 
   Lorsqu’elle dort, elle retrouve sa fille, se promène avec, l’accompagne au bord de la plage ou bien dans une randonnée à travers bois, lui fait prendre un bain, l’habille, caresse sa joue à la douceur de rose. Lorsque l’illusion se dissipe au lever du jour, elle trouve cela horriblement cruel. Selon ce qu’elle écrit, sa fille a six, dix-neuf ou même trente ans. La possibilité des situations est infinie, mais celle qu’elle rédige le plus souvent est simple : c’est le soir, elle borde Sarah et s’allonge contre son corps chaud, la serre entre ses bras, lui dit qu’elle l’aime. Et sa fille lui sourit en retour.
 
   Elle ne fait plus que dormir. Dans son repos douceâtre, Sarah est encore vivante, elle peut la retrouver, l’entendre, la toucher, la sentir. Elle ne veut plus jamais se réveiller.
 
   Dans un flot de larmes sucrées, sa maison est emportée et les plumes disparaissent.


Etienne

PS de Marine : Voilà un texte de mille mots fort en émotions. Quand je l'ai découvert, j'étais soufflée par la beauté du style et des images qui naissent avec une simplicité douloureuse. J'espère que cela vous a plu également. Et si tel est le cas, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire afin qu'il revienne écrire sur le blog. 


marine.lafontaine@gmail.com