Bien le bonjour, oui, je sais, je vous avais promis les résultats du concours, mais j'ai un petit contre temps, je vous promets de mettre en ligne le premier prix très vite.
Au fait, pour information, j'aimerai savoir si plusieurs d'entre vous seront présents à la Japan Expo de Paris, dimanche 7 juillet. J'y serai avec une amie, elle déguisée en Undertakker et moi en Ciel Phantomhive, deux personnages du manga
Black Butler de Yana Toboso. Ce serait sympa de de s'y croiser ! Bien évidemment, je vous promets un bel article à mon retour !
En attendant, voici le moment que vous attendiez tous avec impatience (ne me cassez pas dans mon délire, s'il vous plaît…) ! Le chapitre de quatre de Médée, un monstre d'humanité est enfin en ligne ! Apparition d'un nouveau personnage qui va quelque peu compliquer les plans de nos personnages.
Bonne lecture !
Médée s’était
isolée un instant. Assise sur des marches, elle contemplait en contre bas, d’un
air songeur, les humains dont le ballet se faisait incessant. N’arrêtaient-ils
donc jamais de s’agiter ?
-
Quelle futilité, souffla-t-elle doucement, le menton posé au
creux de sa main.
Elle
ressentait sa présence dans son dos… Un frisson la parcourut.
-
Que veux-tu, Apsyrtos ?
Elle sentit un
liquide poisser son vêtement, mais elle ne se retourna pas, se refusant même
d’y jeter un coup d’œil. Elle pouvait voir les marches se draper lentement de
rouge sous elle, un rouge pâle qui courait sur la pierre dans des volutes
fantomatiques. Médée prit une profonde inspiration pour calmer les battements
affolés de son cœur.
-
Que veux-tu ? répéta-t-elle.
Sa voix se
brisa sur la dernière syllabe. Effrayée plus que de raison par ce fantôme
silencieux, elle entremêla ses doigts et pressa ses paumes l’une contre l’autre
pour tenter d’endiguer le tremblement qui commençait à agiter ses membres. Elle
sentit alors une caresse sur sa nuque, comme un souffle d’air. Sa gorge se
noua, ses tripes tressautèrent. Elle aurait aimé hurler, mais aucun son ne
parvint à s’extirper de ses lèvres scellées, soudées par une peur primale.
-
Que veux… tu… ?
-
Une vie pour
une vie, susurra une voix aux accents sanglants. Un juste équilibre…
-
Ma vie… ?
Un bruit de
succion lui arracha un haut-le-cœur. Puis un impact, répété, contre les
marches. Sous ses yeux fixes roulait une tête. La gorge semblait avoir été
déchiquetée, la coupure était sale, du mauvais travail. Dans les yeux révulsés
se dessinait un réseau de faisceaux éclatés des plus délicat. Des dents avaient
été arrachées et de la bave sanglante venait teinter l’émail de celles qui
restaient. La bouche aux lèvres gonflées se tordit dans un rictus.
-
C’est un
échange équivalent. J’ai été massacré par la seule personne qui comptait à mes
yeux. Hais-tu ton mari ? Penses-tu qu’il n’est pas normal que je te haïsse
à mon tour ?
-
Si, chuchota Médée d’un air lointain. Tu as sûrement raison…
Une étrange
sensation monta dans sa poitrine. Elle se plia en deux, le visage enfoui dans
ses genoux alors que sa bouche s’étendait comme une plaie sanguinolente. Un
sourire illuminé vint naître sur le visage de la jeune femme. Elle se redressa,
rejeta sa tête en arrière alors que surgissait de sa gorge un affreux rire. Son
corps en était secoué tout entier. Ses yeux écarquillés par la démence
fouillaient les alentours avec égarement.
-
Oh, si je hais, je hais, je hais, je hais, je hais, je hais,
je hais, je hais, je hais, je hais, je hais, je hais, je hais, je hais, je
hais, je hais, je hais, je hais, je hais ! Oh, comme c’est drôle !
-
Que
racontes-tu ? s’inquiéta Apsyrtos. Quelle folie t’a-t-elle donc frappée, toi, ma sœur ?
Pourquoi a-t-il fallu que tu
tombes entre les griffes de ce monstre ?
-
Un monstre, dis-tu… ?
Médée saisit
la tête de son frère entre ses doigts en agrippant à pleine main ses cheveux
rendus poisseux par le sang. La tête penchée sur le côté, les lèvres plissées
dans une moue dubitative et, dans les yeux, une condescendance sans nom.
-
Monstre est un terme trop honorable pour un chien de
basse-fosse tel que Jason. Un monstre est un mot qui résonne avec force et
sauvagerie. Regarde-moi bien mon frère, observe, contemple, scrute et
admire… L’œuvre de celle que je vais devenir. Je vais être Médée !
Créon eut un
soupir las. Toute cette histoire le fatiguait. Bien sûr, l’idée que sa fille se
marie le réjouissait, comme tout bon père, mais c’était la requête qu’elle lui
avait formulé qui l’inquiétait. Epargner les enfants de Médée et Jason… Il
ferma un court instant les yeux, perdu dans des réflexions nébuleuses. A vrai
dire… Il aimait bien Merméros. L’enfant était d’une telle innocence, d’une
telle gentillesse qu’il ne pouvait qu’éprouver de la sympathie à son égard.
Mais Phérès…
Son regard se
perdit dans le lointain, dans la masse d’invités qui dansaient une folle
farandole. Il repéra l’enfant qui le préoccupait ; il évoluait avec cette
grâce étrange que lui avaient conférée les Dieux. Il était semblable à sa mère,
une sordide créature, engeance maléfique et vénéneuse, qui répandait lentement
son poison… Il avait des yeux sombres, tout comme ses cheveux, un sourire
qu’on aurait pu qualifier de charmant, si, derrière ce dernier, ne se cachaient
pas les flammes de Pluton… Phérès, se sentant sans doute observé, releva
vivement la tête vers Créon. Le monarque ne put réprimer un sursaut. Puis Jason
détourna l’attention de son fils en le cueillant dans ses bras pour un câlin
dans les règles de l’art.
Une rumeur se
répandit alors dans la salle de réjouissance. Les portes furent violemment
repoussées par un vent surnaturel alors qu’entrait lentement, imposant et
majestueux, le plus gros cheval qui leur ait été donné de voir jusqu’alors. La
bête à la robe noire et luisante pencha son imposante tête vers le sol, racla
le sol de ses sabots d’argent. Il hennit, d’une voix grave et pesante. Sa
cavalière flatta sa croupe d’une main légère puis se laissa glisser sur le sol.
Comme s’il s’agissait d’un signal attendu, le bel étalon se retira. Créon
bondit de son trône quand il reconnut l’effrontée.
-
Médée, siffla-t-il. De quel droit osez-vous souiller ce lieu
de votre présence ?
La jeune femme
prit un air dédaigneux.
-
Est-ce ainsi qu’il convient d’accueillir une prêtresse
d’Hécate, Créon, roi de Corinthe ?
-
Ne jouez pas à ce jeu avec moi ! Vous avez été bannie de
cette cité ! Je croyais pourtant avoir été clair à ce sujet !
-
Alors ainsi vous bannissez vos sujets sans même écouter leurs
complaintes ? Est-ce ainsi que doit agir un roi ? Ne vous
prendriez-vous pas plutôt pour un tyran ?
Des murmures
parcoururent la foule comme des vagues. Créuse, furieuse de cette soudaine
irruption, voulut s’avancer, mais Jason, craignant la réaction de Médée, lui
fit signe de rester où elle était. Créon, lui, sentit sa patience vaciller.
-
Que veux-tu, sorcière ? Que je te laisse distiller ton
infâme parole dans l’esprit de mes sujets ? Je les protège, je les
sauvegarde de toi !
-
Tiens donc ? Et quelle est donc ma faute ?
-
Vas-tu jusqu’à nier tes crimes ?! aboya le roi.
-
Parlez donc, puisque vous semblez si bien le faire. Prenons
ces invités comme témoin, jouons à ce jeu appelé justice, Créon.
Elle
s’installa dans un siège, mains sagement posées sur ses cuisses. Le roi crut
étouffé de rage.
-
Comment… ? balbutia-t-il, la colère lui faisant perdre
ses mots. Comment oser… ?
-
Je suis à votre écoute, sourit doucereusement Médée.
Jason s’avança
alors.
-
Médée, je t’en prie, reprends tes esprits. N’as-tu pas déjà
causé assez de dommages ?
-
Et voici l’heureux élu, murmura la jeune femme en plissant les
yeux alors qu’un étrange sourire venait se graver sur ses lèvres. Je ne crois
pas t’avoir invité dans ce procès, Jason d’Iolcos.
-
Médée !
-
Suffit !
Créon lança à
son futur gendre un regard qui en disait long. Ce n’était pas à lui
d’intervenir. Le jeune homme serra les dents, mais fut bien obligé de plier
l’échine. Créuse, soucieuse, attira son fiancé à elle. Médée fit à peine
attention à eux. Tout ce qu’elle voulait, c’était gagner du temps…
-
Créon, roi de Corinthe, reprit-elle en relevant le menton avec
fierté. Je suis ici pour plaider ma cause en tant que femme trahie. Je suis
présenter également pour représenter Hécate, déesse aux trois visages.
-
Que veux-tu donc, démone ? siffla Créon. Ne t’approche
pas ! hurla-t-il en la voyant se lever.
Deux
gladiateurs, achetés par le roi à l’occasion des évènements, dégainèrent leurs
sicas pour défendre leur maître. Médée eut une moue méprisante.
-
Comme si des chiens pouvaient quoique ce soit contre
moi… Mais puisque tel est la volonté de notre brave monarque, je resterai
à ma place.
Elle esquissa
un sourire.
-
Je vais réitérer ma demande, Créon. De quels crimes suis-je
coupable ?
-
Dois-je vraiment te les lister ? Au risque d’effrayer nos
invités ?
-
Allons, ils ne sont que témoins d’un procès.
-
Très bien… Médée, princesse de Colchide, vous êtes
accusée de fratricide, du meurtre de Pélias, roi d’Iolcos, de la chute de ses
filles dans la folie. Vous êtes accusée d’avoir bafoué les cultes, d’avoir
livré votre âme à la magie noire, de vénérer des divinités perfides et
mauvaises.
-
Tout divinité, aussi perfide soit-elle, se doit d’être
vénérée, répondit tranquillement la jeune femme. M’accuserez-vous aussi,
tantôt, d’avoir foulé le sol ? D’empoisonner votre air avec mon souffle
seul ? Vos reproches sont vides de sens. Ses meurtres, je ne les nie pas,
mais je n’aurai pas eu à les commettre si on ne m’y avait pas poussée.
-
Je ne crois pas qu’ensorceleur fasse partie des travers de mon
beau-fils. Si vous n’étiez pas sous l’emprise d’un quelconque maléfice, il
n’est en rien responsable de vos crimes.
Pollux, debout
près du banquet, resserra sa prise sur son verre. Il était vrai que Jason ne
savait aucunement manipuler la magie. Mais il maniait la langue avec habilité,
c’était un orateur digne des plus grands. Tel Sénèque et Cicéron, il savait
convaincre avec des phrases adéquates et qui sonnaient juste aux oreilles.
L’ancien
argonaute baissa la tête, perdu dans les méandres de ses pensées. Aussi
puissante soit-elle, Médée n’en demeurait pas moins une femme, sensible aux
flatteries et aux belles promesses. Qu’elle se soit laissée abuser par le beau
Jason était une hypothèse plus que probable…
Un gloussement
attira son attention. Il détourna bien vite le regard en voyant Médée le fixer
avec amusement. Comme si elle avait suivi le cours de ses pensées. La jeune
femme, de son côté, s’amusa de sa naïveté. Cet homme était si simple à
comprendre… Mais sa méfiance envers elle pourrait empêcher le bon
déroulement de ses plans. Elle se promit d’être attentive à ses mouvements.
-
Je ne suis pourtant qu’une victime de la Fortune, mon
seigneur, plaida-t-elle d’une voix misérable. Pensez-vous réellement qu’une
faible femme telle que moi puisse supporter le poids de tous ces morts ?
Si tel était le cas, voilà fort longtemps que je me noierai dans le sang de mes
victimes !
Des rires,
semblables à une chute de larmes, fusaient à ses oreilles. Du coin de l’œil,
elle percevait les mouvements d’ombres furtives qui glissaient sans bruit entre
les invités. Les furies étaient décidemment intenables… L’une d’elle alla
jusqu’à caresser la joue de Phérès, mais le garçon repoussa ses doigts griffus
avec agacement. Il tenait Merméros par la main, celui-ci ne semblant pas bien
comprendre ce qu’il se passait.
-
Phérès, chuchota-t-il avec inquiétude, que se
passe-t-il ?
-
Rien, Merméros, lui sourit gentiment son grand frère. Maman
discute avec le roi.
Créon ricana.
-
Toi ? Faible ? Ce serait te rabaisser, Médée. Je
reconnais et crains ta puissance, comme n’importe lequel d’entre nous ici-bas.
Médée pouffa.
-
Crainte ? Vraiment ? Si vous me craigniez vraiment,
Créon, vous éviteriez de me contrarier. Ou alors, c’est que vous êtes bien
inconscient.
Un esclave
repoussa brusquement les portes de la salle. Il se précipita vers Créon à qui
il chuchota fiévreusement quelques mots.
-
Comment ? hoqueta le roi. Faites-le rentrer, au nom de
Jupiter !
Une magnifique
escorte fit alors son entrée. Une centaine d’esclaves, les bras chargés de
présents, s’agenouillèrent de part et autre d’un épais tapis qui venait d’être
déroulé. Et, fier et droit, se tenait en son centre Egée.
-
Le roi d’Athènes ? murmura Médée pour elle-même en
fronçant les sourcils. Que peut donc bien être la raison de sa visite ?
Tous
s’inclinèrent sur le passage du monarque. Pollux, lui, s’agitait nerveusement.
Quelque chose lui soufflait que les ennuis arrivaient…
-
Egée, quelle bonne surprise ! clama Créon avec sincérité,
heureux d’échapper à sa joute verbale avec Médée. Que me vaut donc l’horreur de
ta visite ?
-
Créon, mon vieil ami !
Ils se
donnèrent une accolade fraternelle.
-
Créuse, sourit Egée avec ravissement. Votre beauté est chaque
jour plus lumineuse !
La princesse
haussa un sourcil en guise de réponse.
-
Que faites-vous ici, roi Egée ? s’enquit-elle. Nous
étions au beau milieu d’une importante cérémonie.
-
Vous m’en voyez navré, chère Créuse. Mais j’avais une demande
des plus prompt à vous formuler.
-
Ah, et qu’est-ce ?
Egée eut un
sourire radieux.
-
Créon, roi de Corinthe, moi, Egée, monarque d’Athènes, je suis
venu vous demander la main de votre fille !
Mais que va-t-il se passer ?!
Pour répondre à certaines remarques qui m'ont été faites sur le fait que les chapitres soient assez courts, surtout par rapport à Lecture dangereuse, j'ai effectivement découpé mes chapitres autrement. Déjà, ainsi, l'histoire est plus dynamique et plus de gens la lise. Plusieurs personnes, en effet, m'ont confié ne pas lire le blog parce qu'il y avait trop de texte… Mouais, c'est assez bizarre…
Bon, et, dernière raison, c'est qu'ainsi, il y a quand même plus de suspens, non ?
A la prochaine pour les résultats du concours “A vous la suite !”
Marine Lafontaine