Bien le bonjour, tout le monde !
Nouveau chapitre en ligne ! Aujourd'hui, je vous introduis deux petits nouveaux qui portent les drôles de petits noms de Coquette et Badass (je ne peux pas vraiment me moquer vu que c'est moi qui ai choisi leurs noms…).
Bonne lecture !
En suivant les indications de Betty Boop,
Bendy avait fini par trouver la librairie de la fameuse Sheba. Aucune lumière
n’illuminait la vitrine, nul son ne lui parvenait… Etait-ce réellement
ouvert ? Timidement, le mécanicien poussa la porte et pénétra dans la
boutique. Il fut accueilli par l’odeur de poussière et de papier. Les rayons de
soleil matinaux traversaient la vitrine pour esquisser les contours d’un
univers plein de promesses, un monde où les étagères craquaient sous les tonnes
de savoir.
Cela faisait longtemps que le malade
n’avait pas mis les pieds dans une librairie et, bon sang, que cela lui
manquait ! Après qu’il ait contracté l’Inkness, Bendy avait cessé de lire.
Il avait cessé de faire beaucoup de choses, attendant simplement que la mort le
fauche. Jusqu’au jour où Boris était venu le trouver, les larmes aux yeux, la
carte des anges à la main. « Bendy, je pars », lui avait-il dit.
« Attends-moi », avait-il ajouté. « Je vais te guérir, je te le
promets ».
Et le mécanicien avait suivi ses pas.
- Bonjour ? appela-t-il. C’est
toujours fermé ?
Sheba, suivie de Félix, vint à lui. Oh,
un client ! Zut, elle n’avait pas encore fini de sécher sa fourrure !
Elle lui fit signe de s’avancer, toujours avec sa serviette autour du cou.
- Non, je viens juste d’ouvrir,
déclara-t-elle. Bienvenue, entrez !
L’écrivain, curieux, jeta un coup d’œil
au client. Tiens, une tête familière ! Où avait-il déjà vu ces lunettes de
soudeur sur le haut de ce crâne… ? Et cette queue pointue ? Hum… Ce
ne serait pas… ?
- Hé, c’est toi ! s’exclama-t-il. Bendy,
n’est-ce pas ?
Les yeux de l’intéressé s’écarquillèrent
quand ils identifièrent la personne qui leur faisait face. Un sourire ravi
étira involontairement les lèvres du mécanicien et des étoiles d’excitation s’allumèrent
dans ses yeux. Dans son esprit, ses deux personnalités, Coquette et Badass, se
réveillèrent brutalement, secouées par la brusque poussée de bonheur qui
secouait le corps du malade. Toutes deux se précipitèrent pour voir ce qu’il
pouvait mettre Bendy dans un tel état. Et elles ne furent pas déçus par ce qu’elles
virent !
Coquette se mit à sauter partout dans le
cerveau de son propriétaire, fou de joie. Badass, lui, remonta ses lunettes
noires sur son nez, faussement décontracte. Il se tourna vers son homologue,
agacé par ses bonds.
- Poto, calme ! grogna-t-il.
- Mais, c’est encore « Le
Félix »! ne put s’empêcher de crier Coquette. Et il se rappelle de mon
nom !
La queue Coquette battait les airs dans
son dos. Ses joues étaient rosies par l’excitation et les étoiles, présentes constamment
dans ses yeux, semblaient dévorer ses iris. Il avait tellement de question à
poser à Félix ! Tellement !
- Est-ce que je peux avoir votre
autographe ? Est-ce que votre nouveau livre est prêt ? C’est vrai que
vous avez la cicatrice de… ?
Badass le repoussa brusquement en arrière
afin de le faire taire, furieux. Cet idiot allait les faire passer pour de
parfaits crétins auprès de monsieur Félix !
- Peux-tu la fermer et me laisser
gérer ça ? grogna-t-il.
Pendant ce temps, dans la librairie,
Bendy était toujours en train de contempler un Félix des plus perplexes, qui ne
comprenait pas vraiment pourquoi le mécanicien s’était soudainement mis en
pause, avec des yeux de merlan frit. Une secousse parcourut son corps et le
malade sembla tout à coup se reprendre. Il tendit son poing devant lui, un
petit sourire sur le coin de la lèvre.
- Hé, c’est vous ! Félix, n’est-ce
pas ? Hé, je plaisante, je vous connais déjà.
L’écrivain, amusé par son attitude
faussement détendue, frappa doucement son poing contre le sien. Ce gamin était
vraiment amusant !
- Un check ? s’insurgea Coquette dans
son cerveau. Ce n’est pas ton ami, montre-lui le respect qui lui est dû !
- Laisse tomber, poto, rétorqua Badass.
Comme si tu pouvais comprendre…
Mais Coquette ne faisait déjà plus
attention à lui, perdu dans sa propre fantaisie. Une des questions qui lui
trottait souvent en tête était la suivante : le fabuleux, le génialissime
monsieur Félix portait-il vraiment la cicatrice de son combat contre le
terrible tigre de feu ? Car, dans son deuxième livre La Lettre Perdue de la Princesse Oriana, il s’était retrouvé face à
cette dangereuse créature ! Durant leur duel des plus épiques, l’animal
avait réussi à blesser gravement Félix !
Cependant, malgré sa plaie ouverte,
l’écrivain était sorti victorieux de cette rude bataille. Grâce à sa force
herculéenne, cela va de soi, mais aussi grâce à sa ruse digne de celle
d’Ulysse !
Et cette blessure, bien qu’elle ait
guérie avec le temps, avait laissé une marque permanente sur le corps du chat. C’était
une victoire, un trophée de guerre des plus merveilleux, mais Félix, qui était
humble, bien entendu, ne l’exhibait jamais. Pourtant, il
devrait… Coquette, en tout cas, apprécierait vraiment qu’il le
fasse !
- C’est un tas de connerie et tu le sais !
rétorqua Badass qui avait pu suivre le fil des pensées de son homologue rien
qu’à ses expressions faciales.
- Arrête de briser mes rêves ! cria
Coquette d’une voix rendue aigue par la colère.
Sheba, de son côté, passait du visage de
son ami à celui de son client. D’où se connaissaient-ils, ces deux-là ? Bah,
après tout, Félix était connu comme le loup blanc dans les parages, alors cela
ne la surprenait guère…
- Alors, comment puis-je vous aider ?
demanda-t-elle, tirant Bendy de sa contemplation.
- Oh, heu, miss Betty m’a envoyé vous
demander si les posters étaient prêts, bafouilla le mécanicien, soudainement de
nouveau ancré dans la réalité.
- Oui, bien sûr.
La libraire repassa de l’autre côté du
comptoir afin d’aller chercher la commande demandée à l’arrière boutique. Elle
passa près de son amie et remarqua qu’il restait une trace de nourriture datant
du petit déjeuner. Sûrement un lapereau avait-il plaqué une patte sale sur sa
joue en réclamant un câlin.
- Feel’, tu as quelque chose, là,
indiqua-t-elle en tapotant sa propre joue.
- Ah bon ?
L’écrivain gratta sa joue et constata, en
effet, une surface dure sous son doigt. N’arrivant pas à l’enlever, il attrapa
un pan de son tee-shirt afin de nettoyer sa joue. Il souleva ainsi le tissu,
dévoilant une partie de son abdomen zébré de trois affreuses griffes. A cette
vue, Bendy sentit une vague d’excitation le parcourir tout entier.
Serait-ce… ? Serait-ce… ?
C’était… ! Oh, il en perdait ses mots ! Dans sa tête, Coquette ricanait,
extrêmement fier de lui. Il se tourna vers Badass, un mauvais sourire sur les
lèvres puis tendit une main.
- J’avais raison, raboule le fric.
Son double se contenta de grogner pour
toute réponse. De mauvaise grâce, il extirpa de la poche intérieure de sa veste
une liasse de billets qu’il remit à un Coquette des plus heureux. Ce dernier
récupéra son bien avec avidité avant de s’enfuir à l’autre bout de l’esprit du
mécanicien en poussant de grands cris de triomphe.
Bendy, fasciné, s’approcha. Il ne pouvait
faire taire sa curiosité ! Félix posa sur lui un regard interrogateur.
- C’est bien la cicatrice que vous avez eu
de votre combat avec… ? demanda le mécanicien.
Le chat baissa les yeux sur sa blessure.
Oups, il ne s’était pas rendu compte qu’il avait autant soulevé son tee-shirt.
- Le tigre de feu ? C’est bien ça,
répondit l’écrivain avec un sourire.
Bendy écarquilla les yeux, soufflé. Mais
alors…
- Donc, vos livres, les évènements sont
réels ? lui demanda-t-il avec avidité.
- Avec une pointe d’exagération, reconnut
l’intéressé. Mais, oui, la plupart sont réels.
La raison du mécanicien s’évapora. Oh,
mon Dieu ! Félix était encore plus incroyable qu’il n’avait jamais osé
l’imaginer ! Toutes ces aventures, toutes ces découvertes, tous ces
voyages qui l’avaient tant fait rêver, il les avait actuellement toutes
vécues ! Bendy se revoyait, gamin, son livre sur les genoux, la tête
pleine d’ailleurs qui le faisaient frissonner de rêve.
Bon sang, il était si heureux d’être
resté dans cette ville plus longtemps que prévu !
Félix s’amusait de ses réactions,
attendri par l’enthousiasme de son lecteur. Quel enfant adorable !
Mais, une nouvelle fois, dans la tête du
mécanicien, une toute autre scène se jouait. Badass avait décidé qu’il était
temps de reprendre les rênes du corps de Bendy et de se focaliser sur la chose
la plus importante, à savoir Sheba.
- Garde les yeux sur le butin,
copain ! ricanait-il, très attiré tout à coup par le métier de libraire.
Je veux dire, regarde-moi le boule de ce minou !
Coquette, bien entendu, ne l’entendait
pas de cette oreille. Badass ne pouvait pas dire des choses pareilles,
enfin !
- Es-tu fou ? cria-t-il. Et si c’était
une connaissance de monsieur Félix, ou une de ses amies, ou sa petite
amie !
Impossible de lutter contre son collègue
quand il était dans cet état, Badass n’en avait que trop conscience. Mauvais
joueur, il grogna un « fouteur de merde » pour la forme, mais décida
de se retirer. Tant que Félix serait dans les parages, Coquette ne le
laisserait jamais agir à sa guise, ce n’était pas juste !
*
Boris repoussa la porte de la librairie.
Cuphead lui avait indiqué qu’il pourrait trouver son frère là-bas. Quand le
louveteau l’avait interrogé sur la raison de sa présence à la boutique, le
frère de Mugman avait juste ricané à propos d’une certaine faiblesse masculine
puis s’en était allé, amusé par ses propres propos.
L’apprenti mécanicien avait donc déposé
ses courses à l’auberge puis était ressorti afin de mettre la main sur son
aîné. Il avait suivi les indications fournies par Cuphead et trouvé la boutique
dont il était question. Il fut soulagé de constater que leur vieil ennemi ne
lui avait pas menti et s’avança pour saluer son frère.
- Hey, Bendy ! Cuphead m’a bien dit
que je te trouverais là. Tout est prêt de mon côté. Tout va bien, ici ?
Le malade lui sourit à son tour.
- Oui, j’offre juste mon aide à miss Betty.
Après, on pourra s’en aller.
Miss Betty ? Ah, maintenant il
comprenait ce que le nervi du Diable avait voulu dire par « faiblesse
masculine »… Nul doute que la demoiselle devait avoir beaucoup de
charme.
Son regard fut attiré par la libraire qui
riait avec un chat dont elle semblait proche. Les yeux de Boris
s’écarquillèrent. Mais que… !
- Wha, je vois des choses ou c’est bien
monsieur Félix ?
- Ne pose pas de question, frérot !
s’exclama le mécanicien, ravi. Tout est réel !
Le louveteau se pencha sur son aîné afin
de fermer sa bouche d’un petit coup dans le menton.
- Attention, tu vas te mettre à baver, le
taquina-t-il.
- Oh, c’est bon !
Les deux frères rirent de bon cœur. Bendy
souriait, heureux, tranquille. Il y a quelques temps, il n’aurait jamais pensé
pouvoir de nouveau partager des moments de joie avec son benjamin. Mais, depuis
que celui-ci avait acquis la carte, tout était différent.
Il allait survivre.
Séduire encore de jolies dames.
Parler encore avec Félix.
Réparer encore des machines.
Câliner encore Boris.
Et vivre.
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