jeudi 2 novembre 2017

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 15

Bien le bonjour, tout le monde !

J'ai réussi à écrire ce chapitre durant mes vacances. Comme il arrive un peu en retard, il est plus long que la moyenne afin de compenser. Les différentes scènes se concentrent sur mon personnage préféré, à savoir Félix !

Bonne lecture !




Une fois que la table du petit déjeuner fut délestée de toute sa nourriture et de ses boissons, Sheba décida qu’il était grand temps pour elle de retourner au travail.
-       Merci pour le repas, mon canard, déclara-t-elle en direction de Donald. Franchement, chat-peau !
-       Je sais, je sais, répondit le cuisinier en toute modestie.
-       Ouais, mais je dois filer, Harley.
-       Mais moi, c’est Donald, fit remarquer l’intéressé qui n’avait pas saisi la grande subtilité du jeu de mot.  
Félix, qui était en pleine conversation avec Oswald, vit avec tristesse son amie se lever.
-       Attends, tu pars déjà ? lui demanda-t-il.
-       Ouais, le devoir m’appelle, Feel’ ! répondit la libraire avec un clin d’œil.
-       Voilà une drôle de manière de dire « au revoir », grommela Donald qui avait toujours le mot de trop.


Félix était bien déçu. D’un côté, il n’avait pas envie de dire au revoir à Sheba. Après tout, cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus ! Il pourrait toujours l’accompagner jusqu’à son lieu de travail avant de reprendre lui-même la route. Mais, d’un autre côté, il n’avait pas envie de quitter la délicieuse compagnie du lapin et de ses enfants.
Quoique, cela aurait sûrement été étrange de demeurer ici alors que la chatte prenait le large. Se décidant subitement, l’écrivain se leva en criant à son amie de l’attendre. Mickey eut l’air soulagé par ce départ précipité. Il allait enfin être débarrassé de cette chatte bien trop collante… 
-       Oh, c’est triste que vous partiez si vite ! s’exclama-t-il par politesse. Mais je suppose que vous devez y aller.
La libraire, qui ne ratait jamais une occasion de taquiner une souris, lui décocha une œillade faussement énamourée. Elle saisit le menton du directeur de cirque d’une main, joueuse.
-       Tu veux que je reste, Mickey ? lui proposa-t-elle, malicieuse.

 
L’intéressé devint instantanément rouge ! Il jeta un regard désespéré à son frère et à Donald, mais ces derniers se moquaient ouvertement de lui ! Oswald se permit même un petit sifflement qui acheva de mettre son benjamin sur les nerfs.
Cependant, il n’eut pas le temps de s’énerver contre son aîné car le chat s’avança alors pour lui dire au revoir.  
-       C’était un plaisir de vous revoir, vous et vos adorables enfants, monsieur Ozzy, lui confia l’écrivain avec timidité.
Les oreilles de l’intéressé se redressèrent à l’entente de son surnom.
-       Ozzy ? répéta-t-il.
Ce fut à l’écrivain de paraître surpris. Il avait entendu à plusieurs reprises Mickey prononcer ce nom, mais il se serait trompé ?
-       Désolé, ce n’est pas votre nom ? 
Son nom ? Ozzy ? L’idée était des plus amusantes ! Si amusante, d’ailleurs, que le veuf se mit à rire de bon cœur. Doucement, d’abord, puis de manière de plus en plus libérée, jusqu’à ce qu’il parte carrément dans un fou rire incontrôlable qui laissa Félix des plus perplexes.

 
Constatant qu’il avait décontenancé son invité, le père des lapereaux se calma. Il offrit un beau sourire au chat, amusé.
-       Désolé d’avoir ri. C’est juste que… Ozzy est mon surnom, avoua-t-il. Mon vrai nom, c’est Oswald.
L’écrivain se mit à rougir furieusement en comprenant son erreur. Son air complètement perdu ne fit qu’accentuer le sourire du lapin.
-       Personne ne m’appelle comme ça, poursuivit-il. Seulement mon frère et… 
Et Ortensia.
Juste… Ortensia.
Violemment, Oswald se recroquevilla sur lui-même, la respiration douloureuse. L’image aimante de sa femme chérie le frappa au creux de l’estomac. Sa douce et tendre épouse… Les lapereaux se regroupèrent aussitôt autour de leur père, inquiétés par la souffrance qui transparaissait sur son visage. Félix, tout aussi angoissé, ne savait que faire !
-       Monsieur Ozz… Je veux dire, Oswald ! Ça va ? S’il vous plaît, dites quelque chose !
Ah, c’était vrai… Oswald se l’était juré. Il devait avancer. Il devait cesser d’être une source d’inquiétude pour ses enfants et son entourage. Prenant pas sur la peur qui lui bouffait le ventre, Oswald s’efforça au calme. Il prit une profonde inspiration puis expira, comme si, par ce geste, il expulsait tout ce qui l’entravait, l’encrassait.
-       C… c’est bon, je vais bien, assura-t-il.


L’écrivain, néanmoins, n’était pas réellement convaincu. Il tenta bien de pousser plus loin son interrogation, mais Oswald, gêné, se cacha derrière ses oreilles et répéta, en marmonnant, qu’il allait bien. Son air embarrassé porta un coup au cœur du pauvre écrivain qui se sentait de plus en plus fondre pour ce merveilleux lapin. Le visage affecté du veuf était tellement mignon !
-       D… désolé, je me suis montré trop curieux encore une fois, s’excusa le chat. Merci pour tout.
Les fils d’Oswald se rassemblèrent autour de leur nouvel ami, attristés à l’idée de le voir s’en aller.
-       Vous devez partir, monsieur Félix ? lui demanda le plus sensible.
-       J’en ai bien peur, les enfants, répondit l’intéressé.
-       Restez, Restez ! le pria le plus demandeur.
-       Votre chapeau vous manque ? le questionna le plus partageur. Vous pouvez le reprendre, si vous voulez.
-       Non, pas de soucis, j’en ai plein ! indiqua l’écrivain.
Pour illustrer ses dires, il se saisit de la sacoche magique qu’il portait toujours à sa hanche. Il plongea alors la main dedans et en fit surgir un nouveau chapeau ! Bon joueur, il le jeta sur sa tête avant de faire un clin d’œil aux lapereaux. Ces derniers, enthousiastes, l’applaudirent à tout rompre.


Sheba, qui attendait depuis tout à l’heure, eut un sourire attendri à cette vue. Elle se posta près de son ami, poings sur les hanches, moqueuse.
-       Tu sais, si tu voulais rester, il suffisait de le dire, plutôt que de me faire poireauter tout ce temps, fit-elle remarquer en haussant un sourcil.
-       Oh, désolé, Sheba ! Le temps file à toute vitesse quand on est avec ces adorables bouts de chou ! s’excusa l’écrivain en câlinant les enfants qui lui avaient sauté dans les bras.
Le regard d’Oswald parcourut les visages heureux de ses fils. Ils semblaient si contents d’être en compagnie de l’écrivain ! Cela faisait longtemps qu’il ne les avait pas vus aussi épanouis… Un sourire ému s’étendit sur ses lèvres. Félix appréciait vraiment ses petits… 
-       Merci beaucoup, ça signifie beaucoup pour moi, confia-t-il à l’écrivain. J’espère vraiment que nous nous reverrons très vite.
Ces mots, d’une douceur incroyable, glissèrent avec délice dans les oreilles de son interlocuteur. Ce dernier avait l’impression qu’il allait fondre… 
-       Oh, monsieur Oswald… soupira le chat.  


-       Vous êtes sûr que vous allez bien ? lui demanda le veuf. On dirait que votre rhume empire !
Aïe ! Il rougissait à ce point ? Mince, mince, mince ! Maladroitement, l’écrivain assura qu’il allait bien et remit à Oswald les enfants qui s’accrochaient toujours à sa veste. Le lapin le salua joyeusement de la main alors qu’il s’éloignait péniblement, accompagné d’une amie des plus railleuses. Quand les deux félins eurent passés le portail de la cour, Mickey osa enfin émerger de sa cachette.
-       Elle est partie ? demanda-t-il d’une petite voix.
-       Ouais, lui répondit Donald, amusé de voir le grand Mickey trembler devant une chatte un poil trop taquine.
Oswald rit légèrement, amusé par l’attitude de son petit frère. Il lui confia trois des lapereaux qui, ravis, passèrent de ses bras à ceux de leurs oncles en criant de joie.
-       Vous avez un spectacle à répéter, non ? Je vais vous laisser.
-       Oh, tu ne veux pas venir répéter avec nous ? le questionna la souris, déçue.
-       Je…
-       Oh, oui, papa, viens avec nous ! s’écria un des lapereaux.
Il n’en fallut pas plus pour que l’ensemble des petiots encourage leur père à renfort de grandes exclamations enthousiastes. Oswald, touché par leur sollicitude, finit par accepter. Un sourire transfigura le visage de son cadet. Un pas, encore un ! Oswald ne cessait de progresser ! Encore un peu, juste un peu… 
Et peut-être qu’alors, enfin, il parviendrait à aller au-delà de son deuil.

*

Sheba et Félix se rendaient tranquillement à la boutique tenue par la chatte. Ils flânaient dans les rues, peu pressés de se séparer. La libraire, bien évidemment, ne put s’empêcher de taquiner son ami. Il fallait dire qu’il lui avait fourni de la matière, ce matin !
-       Tu devrais écrire ton prochain livre sur ton petit ami le lapin, décréta-t-elle.
-       Il n’est pas mon petit ami, rétorqua calmement l’intéressé, et je vais refuser ton offre.
Maintenant qu’il était loin d’Oswald, le cerveau de Félix semblait marcher de nouveau. Il avait recouvert à son calme et ses joues avaient enfin retrouvé leur couleur habituelle. Il allait ajouter quelque chose quand un sifflement attira soudain son attention. Il vit un seau d’eau fendre le ciel à vive allure et atterrir sur la tête de Sheba ! Cette dernière n’avait même pas besoin de réfléchir pour connaître les coupables qui étaient à l’origine de cette blague puérile. Ah, les petits monstres… !  
-       Inky ! Winky ! hurla la chatte, furieuse.
Deux têtes malicieuses apparurent alors à l’angle d’une rue. Félix reconnut avec plaisir ses adorables neveux qui riaient allégrement de leur réussite, ravis d’avoir trempé Sheba de la tête aux pieds.
-       On l’a eue ! se réjouit Inky.
-       Hé, tu aurais dû nous dire qu’oncle Félix serait là aussi ! fit remarquer son jumeau à la chatte. On lui aurait préparé un seau aussi !


Les deux garnements coururent jusqu’à leur oncle. Ce dernier s’agenouilla pour les accueillir dans ses bras et les embrasser. Cependant, ses neveux ne se laissèrent pas faire, étant arrivé à l’âge où l’on commençait à se mener une révolter ferme contre toute marque d’affection.
-       Yo, oncle Félix ! Quoi d’neuf, mec ? demanda Winky alors qu’Inky se contentait d’un « Yo ! » enthousiaste.
-       Oh, IW, les gourmanda le chat, l’air faussement fâché, une telle farce n’était pas nécessaire.
Puis l’écrivain se pencha d’avantage sur eux, un sourire complice sur les lèvres.
-       Mais, sérieusement, bien joué les enfants, leur chuchota-t-il, accompagnant son compliment d’un clin d’œil.
Ses neveux rirent, très fiers de leur petit effet. Sheba, dont le maquillage était parti avec l’eau, jeta un regard courroucé à son ami.
-       Tu apprécies la situation, avoue, grogna-t-elle.
-       Hé bien, tu t’amusais tout le temps à me renverser des seaux d’eau sur la tête quand nous étions petits, répondit l’écrivain qui ne pouvait, en effet, dissimuler son extrême satisfaction. Je savoure donc cette douce revanche.
-       Si seulement ton copain savait à quel point tu étais con en réalité, soupira la libraire, moqueuse.
-       Il n’est pas mon copain ! se récria violemment l’intéressé, le rouge aux joues.
Une grimace apparut sur le visage des deux enfants en entendant les mots de Sheba.
-       Un copain ? grogna Winky. M’enfin, mec, tu es notre oncle clown !
-       Ne tombe pas dans le piège de l’amour, renchérit son frère en tirant la langue. C’est dégueu !

 
Félix rit doucement de leur réaction. Il avait vraiment les neveux les plus adorables du monde ! Fort heureusement, ils n’étaient pas aussi nombreux que les lapereaux, le monde n’y survivrait probablement pas… 
Les gamins auraient voulu papoter plus longtemps avec leur oncle, bien trop souvent en vadrouille à leur goût. Malheureusement, ils devaient s’en aller. Exceptionnellement, ils acceptèrent le câlin de l’écrivain qu’ils allèrent jusqu’à embrasser sur les deux joues. Puis les chatons espiègles disparurent dans les rues en riant, comme deux petits fantômes qui se seraient soudainement évaporés dans les airs.
Félix et Sheba échangèrent alors un regard nostalgique, revoyant dans ces deux loustics les gamins farceurs qu’ils avaient été autrefois. Puis ils gagnèrent la librairie en se chamaillant gentiment. Dès qu’elle eut déverrouillée la porte, la chatte fila à l’arrière boutique afin de récupérer une serviette et de troquer ses vêtements humides contre des secs. Son ami en profita pour flâner près de la table où étaient exposés plusieurs des livres préférés de la libraire. Ses pensées vagabondes finirent inéluctablement par se tourner vers Oswald. Il venait à peine de le quitter, mais le lapin lui manquait déjà cruellement… Le chat songea aussi à son comportement, face à lui, comportement des plus immatures. Comment une simple personne pouvait ainsi lui faire perdre tous ses moyens ?
-       Hum, Sheba ? appela-t-il.
-       Quoi ? lui répondit l’intéressée depuis son arrière boutique.
-       Tu ne trouves pas que je comporte bizarrement quand je pense ou que je suis près de monsieur Oswald ?
Un sourire attendri monta sur les lèvres de la libraire. On dirait que cela le préoccupait vraiment… Elle aimait bien ce Félix-ci, celui qui se laissait aller, qui fondait d’amour et qui souriait avec bonheur. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu si heureux.
-       Pas vraiment, répondit-elle joyeusement. Tu es juste amoureux, boule de poils.


Le chat passa une main à l’arrière de son crâne dans un grognement. Amoureux, hein… ?
-       C… Ce n’est pas ce que je voulais dire… J’agis comme quelqu’un qui aurait la moitié de mon âge. Je pense juste que ce n’est pas normal pour un adulte comme moi de se comporter comme ça.
Sheba revint dans la librairie, une serviette autour du cou, amusée par les réflexions de son ami. Elle ne souvenait pas l’avoir connu amoureux, tout du moins, pas amoureux d’autre chose que tous ses manuscrits poussiéreux où il adorait se plonger. Alors, peut-être qu’il agissait comme un gamin, peut-être, mais qu’importe. Elle était enchantée de le voir enfin s’ouvrir et, à ses yeux, c’était là le plus beau des sentiments.
-       Hé bien, lui répondit-elle afin de le rassurer, tu n’as jamais voulu te lancer dans des histoires de romance dans ton âge d’or. Alors je suppose que ton adolescent intérieur a finalement émergé.
-       Tu crois ?
La chatte hocha vigoureusement la tête pour confirmer ses propres dires. Elle passa de l’autre côté du comptoir afin de saisir son agenda. Alors qu’elle vérifiait son emploi du temps, elle songeait aux rencontres du matin. Que des visages qui lui disaient furieusement quelque chose… Oh, et si ! Sheba se rendit dans un rayon en particulier et fouilla dans une malle. Elle en tira un vieux poster et poussa un cri de triomphe. Elle le savait !
La libraire retourna auprès de l’écrivain, un sourire satisfait sur les lèvres.
-       Regarde ça ! Je savais bien que j’avais déjà vu ces gars avant !
-       Quoi ?
Elle lui glissa le poster sous le museau.
-       Tu sais, Mick’ et ton Pan-Pan d’amour !


Sur le papier glacé aux couleurs passées, deux figures souriaient de toutes leurs dents. Au premier plan, on retrouvait la souris préférée des enfants qui jetaient des confettis. Et derrière lui se tenait son grand frère. Ce dernier était revêtu d’un splendide costume de magicien et d’un sourire à faire fondre la neige.  
-       Ce poster est vraiment vieux, indiqua la chatte, songeuse. Il date de l’époque où le cirque se résumait à la souris et son frère. Des amis à moi m’avaient dit que l’équipe s’était vraiment agrandie, mais je ne m’en étais jamais préoccupée, je suppose… 
Le silence de son ami la surprit. Félix tendait les mains devant lui, comme hypnotisé. Sans un mot, la chatte lui remit le poster. La queue de l’écrivain se mit à fendre joyeusement l’air alors que des étoiles s’allumaient dans son regard.
-       Je n’en ai pas plus, désolée, déclara la libraire avec un sourire désabusé.


Le chat ne lui répondit même pas, perdu dans la contemplation d’Oswald. Sheba leva les yeux au ciel et décida de le laisser tranquille. En attendant, elle, elle avait une boutique à faire tourner.

Qui se serait alors douté, ce matin-là, que Félix était à l’aube d’une grande aventure ?

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