Bien le bonsoir. Ce soir, je voulais vous faire partager un exercice d'écriture. Pour ne rien vous cacher, nous travaillions sur Rimbaud en classe et notre professeur nous a proposé une rédaction de type bac pour nous entraîner. L'exercice consistait à nous mettre dans la peau du jeune poète et d'écrire une lettre en pastichant son écriture. Le but était de raconter, en 1881, pourquoi Rimbaud avait renoncé à l'écriture. Nous basant sur sa biographie et les poésies vues en classe, nous nous sommes mis au travail. Et, sans vouloir paraître orgueilleuse, j'étais tellement fière de ma lettre que j'ai voulu la partager avec vous !
Rimbaud avait pour habitude de joindre un poème aux lettres qu'il écrivait. Alors j'ai décidé de l'imiter en vous proposant un vieux poème que j'avais écris lorsque j'étais en quatrième. J'espère que cela vous plaira.
La lettre est adressée à Monsieur Théodore de Banville, poète fortement admiré par Rimbaud. Mais, sans plus tarder, voici la lettre !
Harar (Abyssinie), le 26 septembre 1881.
À Monsieur Théodore de Banville.
Cher Maître,
Cela fait bien des années que nous nous
sommes vus pour la dernière fois. Vous rappelez-vous de celui que
j’étais ? J’ai bien changé - fort heureusement. Je n’écris plus, plus une
seule poésie. Pourquoi, me demanderiez-vous ? Pardon, cela me fait rire
car la réponse est bien simple, mais j’ai moi-même mis du temps à la
comprendre. Vous souvenez-vous pourquoi j’ai commencé à écrire ? Tout
comme mes pas me permettaient de fuir ma mère, mes vers me permettaient de
m’évader. Enlisé - que dis-je ! - enterré dans la marne de cette
bourgeoisie d’hygiénistes, j’avais beau me débattre, je continuais à lentement
dépérir. Mon moyen d’évasion, la poésie ! Des vers, des rimes, que j’égrenai
dans ma course par milliers. Mes ambitions - folles dames - m’entraînèrent dans
leur ronde effrénée. Que c’était étourdissant ! Je larguai les amarres, je
me libérai de cette vie ô combien étouffante ! Poésie fade et plate, je la
voulais lumineuse… non… objective !
Je m’étais rendu poète, je travaillais à
être voyant. Ah, cher Maître, que dire de la vie que je menais ? Les
poches crevées, mais la tête ballottée par les rêves, je vivais en bohème, une
existence dite de débauche. L’écriture était un long travail qui a nécessité
nombre d’expériences dont mon innocence a été le prix à payer. Je me suis
adonné, abandonné et j’ai écrit - une folle erreur de ma part, non ?
J’ai aimé, lors de mes années les plus
absurdes, un homme à l’intellect séduisant nommé Verlaine - mais vous le saviez
déjà, sans doute. Mon existence, déjà malaisée, prit le visage de l’enfer. La
souffrance que j’éprouvai fut plus grande encore ! Douleur, douleur, ô
douleur atroce ! Mes querelles avec Verlaine se firent graduellement plus
violentes, notre vie orageuse, non ! tempétueuse ! Nous vivions,
comme lui-même l’avait si bien souligné, “une orgiaque misère” où nous nous
permettions tout excès. Quand il me quitta, le monde me sembla soudainement
erroné et vide. Mais, quand je tentai de le revoir, il me tira dessus avec un
pistolet. La douleur fut effroyable, dans le cœur et dans le corps.
Satan, ô Satan, comme je le suppliai
pitoyablement de me laisser la vie sauve ! Je devais écrire, encore !
Par deux fois de nouveau, j’ai noirci des feuillets
et des feuillets. Le premier recueil que je composai, je le fis alors que je
marchais, vacillant, au bord du gouffre de la mort. Le
second… non… bien qu’il suivît l’autre de près, il fut
radicalement… différent. Comme si le bonheur avait apposé son empreinte à
même mon âme ! Je dois vous sembler exalté, mais cette époque me paraît
bien lointaine. Cependant, avec ces poésies, il m’a semblé arriver à une
sorte… comment dirai-je ? D’accomplissement ? Orphée avait bien
pâle figure à côté de moi !
Toutes ces
années, j’ai vécu à travers la poésie, pour elle, rien que pour elle.
Désormais, je voulais vivre pour moi. Alors, Anch’io, cher Maître, je voulais
être homme d’action ! Pourquoi ce brusque revirement ? Je ne puis
plus écrire de poésie. J’avais, au fond de mon âme, une ambition secrète dont
je ne vous ai jamais fait part : celle de créer un jour une langue qui
m’aurait permis d’exprimer ce que je ressentais. Hélas ! Je ne l’ai jamais
trouvée… Alors, oui, j’ai quitté le monde des chimères puisque cette langue n’y
était point. Peut-être la trouverai-je ailleurs, dans l’action, loin des terres
du Nord. Ici, sur ces terres du Sud dessinées grâce la sueur des hommes,
peut-être aurai-je une chance - ne sait-on jamais. J’ai longtemps voyagé, cher
Maître, j’ai cheminé à travers mille contrées dont j’ai appris tous les
dialectes pour m’en imprégner, les graver à même mon âme et ainsi espérer
trouver cette fameuse langue - même si, à mon grand désespoir, je dois vous
avouer que ce n’est toujours pas le cas. Cependant, le voyage n’est plus un
moyen d’évasion, mais un mode de vie. J’allais partout : Italie,
Rotterdam, Alexandrie, Chypre ! Ah, quel cachottier je fais, je ne vous ai
pas encore tout dit. Vous risquez d’être fort surpris - et je regrette de ne pas
être présent pour rendre compte de l’effet de cette nouvelle - mais, ne voulant
plus vivre de poésies, j’ai pris la décision de gagner ma pitance grâce au
travail : cette nouvelle expérience m’a beaucoup apporté ! Je
m’essayais à la direction de chantiers, au trafic d’armes… Que de
palpitantes nouveautés !
Mon cher
Maître, la poésie m’a longuement guidé, m’a grandement aidé, mais je devais me
détacher d’elle avant qu’elle ne me rende fou. Je ne regrette rien. Après tout,
comment pourrait-on regretter une vie que l’on a choisie ?
ARTHUR RIMBAUD
A travers la lettre, je retrace la vie de Rimbaud : ses fugues pour échapper à l'éducation trop stricte de sa mère, sa volonté de devenir “voyant”, son histoire avec Verlaine, Une saison en enfer, les illuminations, ses voyages, son travail…
Ensuite, voilà un petit poème que j'avais écrit lors de mes années collèges.
Un
jour, je sortirai
De
ce lieu où je t’ai rencontré
Où
nos souffles se sont échangés
Où
tout s’est achevé
Un
jour, tu es venu à moi
Tel
un messie comme je le perçois
Dans
toutes ces prophéties qu’étaient mes rêves
Un
jour, Éros s’est joué de nous
En
nous réunissant en cet instant
Cruelle
qu’est la Mort
Un
jour, l’amitié
A
tissé sa toile vicieuse
Pour
l’embraser par un baiser
Un
jour, j’ai crié
J’ai
pleuré
Et
même frappé les murs qui m’étouffaient
Quand
ils t’ont emmené
Un
jour, la lumière
La
porte qui grince sur ses gonds
Le
son du glas est annoncé
On
me saisit, on me traîne, on me secoue
Sonnée
par un coup, je vois le monde de rouge se colorer
Un
jour, je suis sortie
De
cette prison où je t’ai rencontré
Où
nos souffles se sont échangés
Où
l’échafaud a tout achevé
Maintenant
je viens vers toi
Quand
les lames pénétreront ma peau
Ne
crois pas que je crierai
Je
resterai digne et humble
Car
je sais que plus loin
En
dehors de cette gangue de chair
Tu m’attends
Je n'ai écrit que très peu de poésies, je ne suis pas spécialement douée. Contrairement aux romans, l'inspiration ne me vient que trèèèès rarement ! Enfin bon, qui puis-je si ce n'est pas ma tasse de thé ? Je n'ai plus qu'à me concentrer sur mes livres et devenir un bon écrivain !
Marine Lafontaine
1 commentaire:
J'adore la lettre !
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