Je sais que j'ai énormément de retard sur la sortie du chapitre 25 alors que je vous l'avais promis fin février et j'en suis désolée. Néanmoins, comme l'intrigue originale a fait un petit bond, je me suis dit qu'il était temps de le poster, ce chapitre !
Alors, sans plus attendre, je vous laisse profiter de votre lecture !
Boris ignorait depuis combien de temps il
marchait ainsi dans le noir. Des minutes ? Des heures ? Il n’en avait
aucune idée… Il se dirigeait au hasard, le regard alerte, l’estomac tordu par
la peur. Il s’enjoignait au calme, mais l’obscurité grignotait peu à peu son
courage de ses crocs empoisonnés. Les autres ne devaient pas être si loin que
ça, il allait forcément finir pa les retrouver… n’est-ce pas ?
Le petit loup agrippa les bretelles de
son sac à dos. Ça va aller ! Evidément ! Tout d’abord, il devait
retrouver Bendy. Il n’était pas rassuré de savoir son grand frère loin de lui.
A chaque fois qu’il disparaissait de son champ de vision, il avait l’impression
de le perdre pour de bon…
- Bendy ! Bendy ! se mit-il à
l’appeler. Bendy, réponds-moi !
Mais seul l’écho de sa propre voix lui
parvenait. Quoique… Ses oreilles se dressèrent sur le sommet de son crâne. Non,
il percevait autre chose ! Comme un faible grattement ! Quelqu’un
bougeait dans les alentours ! Boris renouvela son cri, persuadé d’avoir
enfin mis la main sur son frère. C’est alors qu’un mouvement attira son
attention. Là, dans son dos. Il jeta un coup d’œil par dessus son épaule,
curieux. Ce qu’il vit lui glaça le sang. A quelques pas de lui, une immense
griffe pourvue d’yeux luisants semblait l’observer avec attention.
Le louveteau n’osait plus esquisser un
mouvement, terrifié à l’idée de voir cette chose se mouvoir à son tour. Il
devait pourtant fuir… Oh oui, il le devait ! Mais il ne parvenait pas
à… C’est alors que l’immonde monstre se mit à bouger ! Avant que
l’apprenti mécanicien n’ait pu esquisser la moindre tentative de fuite, il se
fit harponner par son agresseur. La griffe se logea à l’intérieur de l’anse du
sac à dos du loup qui fut soulevé de terre ! La carapace du monstre, plus
acérée qu’un rasoir, perça la chair du flanc de Boris. Ce dernier comprit avec
horreur que s’il ne réagissait pas vite, il mourrait. Malgré la douleur
lancinante de sa blessure et malgré la terreur qui lui hachait le souffle, le
benjamin de Bendy parvint à ramener son bras contre lui et à le glisser à
l’intérieur de l’anse.
Le sang frais ruisselait, son odeur âcre
lui agressait le museau. Il devait se dépêcher, sinon… sinon… Bendy va pleurer ! Il parvint
finalement à se dégager et chuta à terre. Le contact violent avec le sol envoya
une décharge de souffrance dans son ventre. Incappable de demeurer debout,
Boris tomba à genoux face à la terrible créature, complètement vulnérable. Une
main pressée contre sa plaie, dans l’espoir d’endiguer le flux vital qui s’en
écoulait, Boris tentait vainement de reprendre son souffle. Ses yeux endigués
de larmes se levèrent vers son sac, toujours entre les griffes de son
prédateur. La carte des anges était à l’intérieur, il devait la
récupérer ! Mais ses yeux embrassèrent alors l’ensemble du corps de son
adversaire… et il comprit qu’il n’avait aucune chance. Il se trouvait face à
une gigantesque araignée aux affreux crocs. Son corps titanesque était tapissé
d’immondes yeux jaunes.
Des larmes de pure terreur se joignirent
à celles de douleur pour dévaler le visage du jeune loup. Ses pensées
s’entrechoquaient, étincelles grimaçantes. Il allait crever ici… Pourquoi ne
courrait-il pas ? Il devait pourtant fuir… Bendy, Bendy avait besoin
de lui ! Il ne pouvait mourir, là, comme ça. C’était aussi simple et
logique que ça.
Pourtant, l’araignée levait de nouveau
son affreuse patte, prête à lui asséner le coup de grâce. Elle balança sa
griffe terrible de toutes ses forces, bien décidée à embrocher le louveteau,
cette fois-ci. Mais, une fois de plus, elle rata sa cible. Car Mugman venait de
surgir des ténèbres de la grotte. Il agrippa le poignet de Boris et se mit à le
tirer à sa suite dans son mouvement de fuite.
- Qu’est-ce que tu fais ! lui
hurla-t-il. Cours !
- Mugs ! cria à son tour l’apprenti
mécanicien.
Dans un sifflement suraigu, l’araignée se
lança à leurs trousses. Les fuyards pouvaient bien courir de toutes leurs
forces, elle les rattraperait en un clin d’œil.
- Elle est après nous ! signala Boris.
- Pas pour longtemps, répondit son acolyte.
Sans la moindre hésitation, Mugman fit
front au monstre pour lui décocher un puissant rayon bleu. La carapace de
l’araignée ne put résister à la vague d’énergie et explosa sous l’impact en une
multitude de fragments sanguinolents. Les deux amis reprirent de plus belle
leur course folle. Ils cavalèrent ainsi de longues minutes. Quand ils furent
certains d’avoir semé leur agresseur, ils se laissèrent glisser sur le sol, les
jambes sciées par l’émotion. Le benjamin de Cuphead se tourna alors vers le
blessé.
- Ça va, Boris ? lui demanda-t-il.
Pour toute réponse, le louveteau se jeta
dans ses bras, la queue battante. Mugman émit un petit rire et passa sa main
dans le pelage de son ami, soulagé de le voir en vie. Bon sang, il avait
ressenti une telle trouille quand il l’avait vu faire face à ce monstre ! Mais
il allait bien… Oui, tout irait bien…
- Alors, c’est un « oui » ?
demanda-t-il, taquin.
Aussi Boris se contenta-t-il de se nicher
un peu plus contre son sauveur.
*
Pendant ce temps, Bendy et Cuphead
poursuivaient eux aussi leurs recherches. Ou, tout du moins, essayaient-ils,
mais le mécanicien serait certainement plus concentré s’il connaissait
l’identité de la demoiselle qui occupait les pensées de son compagnon de route.
Bien entendu, ce dernier était fermement décidé à ne pas céder au caprice du
mécanicien. L’intéressé finit donc par croiser les bras sur son torse, vexé.
- Bien, marmonna-t-il, mais ne me blame pas
si je finis par te voler cette fille.
- Sérieusement, soupira son interlocuteur,
ça ne vaut pas la peine d’en parler.
Bien que cette idée ne lui plaise guère,
le nervi du Diable avait fini par poser une main sur l’épaule de Bendy afin que
celui-ci lui serve de guide. Il ne désirait aucunement mettre sa vie entre les mains de ce nain,
mais, pour le moment, il n’avait guère le choix. Aussi crut-il important de
rappeler au mécanicien qu’il devait faire attention du chemin qu’il empruntait
puisque lui, il n’y voyait toujours goutte avec son œil gonflé.
- Ne t’en fais pas, répliqua le malade avec
un sourire suffisant. Je sais où je mets les pie… !
Il n’eut même pas le temps d’achever sa
phrase. Trop occupé à parader, le mécanicien n’avait pas du tout observé le
sol.
Il venait de les mener tout droit dans un
trou.
Cuphead et lui n’avaient aucune prise,
rien à quoi se raccrocher.
Alors ils churent dans un concert de
hurlement.
*
Mugman et Boris avaient trouvé refuge dans
un coin reculé de la grotte. Le petit frère de Cuphead avait profité de leur
répit afin de bander la blessure de son ami avec sa propre écharpe. Le blessé
caressait la douceur du tissu, un air embarassé peint sur le visage.
- Oh, mec… Je t’avais dit de ne pas
insister. Maintenant, je me sens mal pour avoir ruiné ton écharpe,
marmonna-t-il.
Dans un petit rire, l’intéressé lui
assura, une fois de plus, que c’était bon et qu’il n’avait pas à être gêné.
Certes, il tenait à cette écharpe, mais il tenait encore plus à son ami et il
ne l’aurait certainement pas laissé se vider de son sang sous ses yeux. Il
s’apprêtait à ajouter quelque chose quand un son étrange lui parvint,
suspendant ses mots sur sa langue. Les oreilles du blessé s’agitèrent puis
s’applatirent sur son crâne.
- Tu as entendu ça ? chuchota-t-il,
tremblant à l’idée de recroiser la route d’une de ces terribles araignées.
Mugman ne lui répondit pas, cherchant la
provenance de cet éclat. Il brandit son doigt baigné de lumière quand le bruit
devint vacarme. Sa main libre se plaça à hauteur de Boris et il lui ordonna
sèchement de demeurer derrière lui. Le louveteau apeuré ne se le fit pas dire
deux fois et recula nerveusement.
Mais, alors qu’ils s’attendaient à voir
surgir une monstrueuse créature vomie tout droit des enfers, ce fut Bendy qui
leur apparut. Sa chute l’avait
mené droit vers eux ! Le mécanicien parvint tant bien que mal à demeurer
sur ses pieds, les yeux écarquillés, les bras tendus pour garder un semblant
d’équilibre. Quand il constata que sa chute était enfin terminée, il fit
mouliner ses membres pour ne pas chuter tête la première et parvint, au grand
étonnement des deux témoins, à garder son assiette. Le malade brandit alors ses
poings en signe de victoire et cria un « Je vais bien ! » aussi
joyeux qu’éberlué. C’était sans compter sur son compagnon de chute, qui, lui,
n’avait pas réussi à demeurer sur ses pattes. Son corps percuta de plein fouet
celui du petit mécanicien !
Les deux benjamins demeurèrent en retrait,
abasourdis. A leurs pieds, Cuphead était étendu de tout son long sur un pauvre
Bendy complètement sonné. Le nervi du Diable se tenait le crâne d’une main, une
grimace imprimé sur les lèvres.
- Argh, tout ça devient ridicule,
marmonna-t-il.
Une fois qu’il se fut remis de sa
surprise, Mugman s’approcha vivement des deux nouveaux arrivants.
- Cuppy ! l’appela-t-il.
- Mugs ! s’exclama l’intéressé, toute
trace de mauvaise humeur envolée. Où es-tu ?
Le plus jeune aida son aîné à se redresser.
Il rit gaiement de sa mésaventure, un grand sourire accroché sur ses lèvres.
- Je suis juste devant toi, bêta.
- Ah, ah, désolé, les choses sont un peu
floues, avoua le blessé.
- C’est mignon et tout, fit remarquer une
voix, mais tu pourrais te lever, maintenant ?
La voix appartenait en réalité à Bendy.
En effet, Cuphead était toujours assis sur son dos ! Les deux frères, tout
à l’émotion de leurs retrouvailles, l’avaient complètement oublié.
Les deux frères s’écartèrent. Boris
saisit alors les mains du mécanicien afin de le remettre sur pieds.
- Je suis si content qu’on soit de nouveau
tous ensembles ! confia le louveteau avec grand soulagement.
Bendy voulut répondre, mais il posa
soudain son regard sur l’abdomen emmailloté de son frère. Tout son sang sembla
se retirer de son visage. Une… blessure ? Boris était blessé ! Il
porta ses mains agitées de tremblements à l’écharpe imbibée de sang. Non,
non ! Instantanément, les larmes lui vinrent aux yeux.
- B… Boris ! Qu’est-ce que
c’est ! Comment tu t’es fais ça ! Tu vas bien ?!
Face à l’avalanche de questions, le
louveteau ne put glisser une réponse. Il tentait bien de sourire, mais les
doigts frissonnants de son frère appuyaient sur sa plaie, cela lui faisait mal.
Avec des gestes qui se voulaient apaisants, il essaya d’amener Bendy à
recouvrir à son calme.
- Je vais bien, maintenant, Bendy,
détends-toi.
Cependant, le malade était loin de
s’apaiser. Il enfouit son visage contre le torse de son benjamin, le corps
habité de soubresauts malsains et la gorge nouée par un terrible sentiment
d’angoisse.
- Je n’étais pas là pour toi, Boris. Je… Je
suis désolé, chevrota-t-il.
L’apprenti mécanicien déposa une main sur
le sommet de son crâne afin de lui prodiguer une caresse qu’il espérait réconfortante.
- Bendy, tu te comportes étrangement,
encore. Pourquoi es-tu désolé, d’abord ? Je suis en vie, n’est-ce
pas ? De plus, Mugman était là pour moi ! Il m’a sauvé d’un monstre
gigantesque et il m’a même offert son écharpe en guise de bandage.
- V… Vraiment ?
Le blessé opina du chef, rassuré de voir
Bendy se reprendre. Ce dernier avait toujours le visage dévoré par les larmes,
mais, au moins, il avait cessé de trembler. Le malade se tourna vers le sauveur
du jour, aussi rassuré de savoir qu’il pouvait compter sur lui qu’époustouflé
par sa force.
- Whaou, merci, Mugman. C’est tellement
gentil de ta part.
Ces flatteries firent virer le visage de
l’intéressé au rouge pivoine.
- Oh, c’était rien ! assura-t-il.
Boris se mit à rire doucement.
Maintenant, ils n’avaient plus qu’à retrouver Félix et Jackpot pour enfin que
leur petite troupe soit au grand complet ! Et alors, ils pourraient enfin
reprendre le cours de leur trépidante aventure.
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