Les chapitres sont vraiment quotidiens, en ce moment ! Il faut dire que j'en profite tant que j'ai un peu de temps car mes cours et ma charge de travail dans mon master vont s'alourdir après les vacances. Adviendra que pourra comme on dit !
Bonne lecture !
Cuphead était en train de fumer
tranquillement, allongé dans son lit, quand son frère débarqua comme une
joyeuse tornade dans leur chambre. Il se laissa tomber à ses côtés, un immense
sourire sur les lèvres.
- Boris a dit qu’il allait y penser !
s’exclama-t-il, excité comme jamais.
- Super, approuva son aîné.
- Et comment se présente les choses pour
Bendy et toi ?
- Il est têtu, mais, pour moi, il ne
devrait pas tarder à céder.
Un air coupable vint troubler l’air
festif de Mugman. Céder… hein ? Au final, on y revenait toujours, à cette
fichue histoire de manipulation. Cuphead dénota ce changement d’humeur avec
mécontentement.
- Muuugs, c’est quoi ce regard ?
gronda-t-il doucement. On a déjà parlé de ce plan. On prétend, seulement.
- Je sais, le coupa son cadet. Mais
j’aurais aimé qu’ils soient réellement nos copains… Je veux juste savoir
ce qu’est une vraie amitié, pour une fois…
Un silence agacé suivit ses paroles. Le
nervi du Diable détourna ostensiblement la tête, comme s’il cherchait à bouder.
Mugman comprit alors la nature de sa gaffe et tenta de se racheter par un
discours maladroit :
- Non, C… Cuppy ! Ce n’est pas comme
si tu n’étais pas mon ami ou quoique ce soit ! T’es mon frangin ! Le
meilleur de tous mes meilleurs amis !
Cuphead grogna pour approuver les dires
de son cadet, mais il refusait toujours de le regarder, gamin buté.
- Tu n’as besoin de personne, tu m’as, moi,
rétorqua-t-il finalement.
Cet aveu arracha un « Mooh » attendri
à Mugman. Celui-ci se coucha sur son aîné, un sourire taquin sur les lèvres.
- Mon frangin serait jaloux ? se
moqua-t-il gentiment.
Cuphead sourit à son tour, incapable de
résister à l’adorable bouille enjôleuse de son petit frère.
Il serra un instant Mugman contre lui
avant lui donner une pichenette contre sa tempe.
- Allez, terreur, au lit, maintenant.
Demain, je vais convaincre Bendy de nous laisser partir avec lui.
- Super ! On part à l’aventure !
Tout excité, le plus jeune des frères
gagna son propre lit en chantonnant. Cuphead pouffa légèrement. Il ne
changerait jamais, hein… Tant mieux.
- Bonne nuit, Mug.
- Bonne nuit, Cuppy !
*
Dans la pièce d’à côté, Boris était
tranquillement allongé sur le ventre, les yeux dans le vague. Il rêvait
doucement à des souvenirs lointains que le temps délavait. Alors qu’il se
perdait de plus en plus profondément dans ses pensées, la porte de la chambre
claqua subitement. Le louveteau vit alors apparaître son grand frère, le visage
rougi par l’alcool.
- Tu es déjà de retour ?
s’étonna-t-il.
Son aîné avait un sourire stupidement
heureux sur les lèvres. Il sauta sur le matelas et s’installa contre l’apprenti
mécanicien. Visiblement, le malade avait encore une fois abusé de la
bouteille…
- Tu sais ! lança soudain Bendy en
levant un doigt dans une attitude docte vacillante. A chaque fois que j’ai l’béguin
pour une fille… J’finis par devenir tout triste et tout l’bazar !
Maaais, quand j’suis avec toua, je suis touuut content de nouveau.
Ravi de sa propre bêtise, Bendy se laissa
tomber en arrière et pointa le museau de son petit frère de son doigt savant.
Le louveteau se mit à loucher, surpris par cette intrusion dans son champ de
vision.
- Aloooors, tant pis ! Tuuu s’ras ma nana !
Boris haussa un sourcil moqueur.
- Heu, d’accord… ?
- Ouuuais, j’sais, j’suis bourré, rit le
malade.
Il se laissa glisser sur le ventre pour
se coucher auprès du louveteau qui n’avait toujours pas esquissé un mouvement,
habitué depuis longtemps à tout ce cirque. Bendy riait et hoquetait bruyamment,
la tête baignée de brumes alcoolisées.
- Passons, je vais juste sortir avec
moi-même ! déclara-t-il, un sourire béat sur les lèvres. Youpi, j’suis
gay !
Boris leva les yeux au ciel. Quand son
aîné en arrivait à de telles extrémités, ils en avaient pour une bonne partie
de la nuit. Le lendemain serait difficile…
- Allez, Bendy, au dodo ! décréta le
louveteau.
- Ah ? Mais, pourquoi ? J’veux
pas !
- Si, si, dans ton lit ! Tu dois te
reposer !
Le louveteau saisit son aîné à bras le
corps et le souleva sans difficulté. Amusé, Bendy éclata de rire et noua ses
bras autour du cou de son frère. Boris l’emmena jusqu’à son propre lit et le
coucha entre les draps. Tel un petit enfant, le malade se laissa border avec
délice.
- Un bisou, un bisou ! réclama-t-il.
Bon joueur, l’apprenti mécanicien lui
baisa la tempe. Puis il lui ordonna de ne dormir d’un air sévère. Gloussant
d’un air espiègle, Bendy eut toutes les difficultés du monde à prononcer sa
promesse. Finalement, au bout de longues secondes de luttes, le louveteau
parvint à lui arracher un serment. Il put donc enfin se coucher, un léger
sourire aux lèvres.
- Bonne nuit, Bendy.
- Bonne nuit, chéri !
*
Effectivement, le lendemain fut difficile
pour le pauvre louveteau. Un Bendy aviné était un Bendy ronfleur ! Quelle
plaie… Les yeux bouffis de sommeil, le louveteau sortit de sa
chambre d’un pas lourd. Manger… Après, il réfléchirait. C’est alors que,
tout comme la veille, il entendit son nom être crié au loin. Il eut à peine le
temps de se retourner que Mugman lui sautait dans les bras !
- Bonjour ! le salua le petit frère de
Cuphead, un immense sourire sur les lèvres.
Boris, écrasé contre le torse de son
vis-à-vis, n’osait pas bouger. Oh, oui, maintenant, il avait un ami… enfin, il
le supposait.
Mugman, transporté de joie, câlinait
Boris avec grand plaisir, frottant sa joue contre la sienne. Celui-ci se
laissait faire de bon cœur, appréciant lui aussi l’étreinte. Néanmoins, sa
bonne humeur s’envola quand il aperçut Cuphead sortir de la chambre voisine à
la sienne en bâillant, les cheveux en bataille. Tous les muscles de l’apprenti
mécanicien se verrouillèrent alors que ses pensées s’affolaient.
Zut,
le frère fou ! Est-ce qu’il même au courant des derniers
évènements !?
Mugman remarqua la présence de son aîné.
Il lui sourit en se détachant de Boris et l’accueillit avec un grand
« B’jour, frangin ! ». Pendant quelques secondes, sur le visage
de Cuphead plana un air de haine farouche, destinée au pauvre louveteau qui
souhaitait disparaître de toutes ses forces. Puis l’émotion négative qui
habitait les traits de l’aîné fondit pour laisser place à un délicieux sourire.
- B’jour Mug, lui répondit-il. Oh, et à toi
aussi, Boris.
Les deux frères échangèrent quelques
paroles que ne le louveteau, véritable statue de sel, ne suivit pas. Un Cuphead
souriant était encore plus perturbant qu’un Cuphead normal… Celui-ci se
tourna justement vers lui.
- Ton frère est où ? J’aimerais
l’inviter à prendre le p’tit déj’ avec moi.
- D… dans la chambre, bredouilla timidement
le louveteau.
- Oh, super ! Amusez-vous bien, les
gamins.
Avant que Boris n’ait eu le temps de
comprendre ce qu’il venait de se passer, Mugman le saisit par la main pour
l’entraîner à sa suite. De son côté, Cuphead se glissa dans la chambre où il
trouva le mécanicien en train de boutonner sa chemise.
- Tu promets toujours d’arrêter de boire,
grommelait-il envers lui-même, absorbé par sa tâche. Mais nooon, tu adores
juste te torturer toi-même, n’est-ce pas, Bendy ?
Le frère de Boris vit soudain deux mains
apparaître devant lui puis obstruer dans son champ de vision.
- Devine qui c’est ! le défia une voix
affreusement familière.
Oh non… Il connaissait ce timbre ! Pourvu
que ce ne soit pas la personne à laquelle il pensait, pourvu, pourvu !
- Cup… head ? hésita-t-il.
Satisfait, le nervi du Diable le libéra
et lui offrit un grand sourire en guise de récompense.
- Bingo !
- Oh, Cup’, quelle surprise, lâcha le
mécanicien avec un sourire forcé.
Et c’était bien lui… Avisant son air
crispé, l’humeur du frère de Mugman s’assombrit. Hum, il n’aurait pas Bendy
aussi facilement… Peut-être qu’il devrait plutôt jouer la carte de
l’innocence alors ?
- Tu ne me fais pas confiance, n’est-ce
pas ? chuchota-t-il en lui offrant son plus bel air de chiot abandonné.
Bendy ne sut réellement quoi répondre. Ce
gars avait vraiment besoin de poser la question ? Et voulait-il vraiment
entendre son avis sur le sujet ? Son interlocuteur dut comprendre qu’il
avait trop attendu de sa proie. Il poussa un soupir et se détourna.
- Désolé, je vais m’en aller,
marmonna-t-il.
Sa ravisant, Bendy l’attrapa par l’épaule
pour l’obliger à s’asseoir sur le lit le plus proche. Il aurait été bien plus
simple d’envoyer ce fou dangereux sur les roses, mais, quelque part, il savait
que Cuphead ne méritait pas une telle froideur. De plus, s’il parvenait à le
comprendre, peut-être que lui et Boris seraient enfin débarrassé de la menace
des deux frères !
- Très bien, pose ton derrière là et jouons
franc jeu une seconde. Certes, on s’est sauvé les fesses les uns les autres, et
c’était cool et tout, mais pourquoi ce conflit entre nous a démarré en premier
lieu ?
Une lointaine conversation que Bendy
avait eue avec son cadet lui revint en tête. Quand Cuphead avait tiré sur
Mugman, Boris avait énormément pleuré. Il lui assuré, entre deux crises de
larmes, que les deux frères semblaient obligés d’agir ainsi, comme si une
personne les poussait à s’en prendre à eux…
- Est-ce que vous avez été… forcés, d’une
certaine manière ? questionna le mécanicien.
Timidement, son interlocuteur hocha la
tête en détournant le regard.
- Tout ce que je peux te dire, c’est que
nous avons agi contre notre volonté, confessa-t-il rapidement. Mais j’espère
que tu comprends que je ne peux pas te dire qui nous a fait chanter !
Les yeux de Cuphead étaient sincères en
prononçant ses mots, tout autant que sa voix. Bendy sut tout de suite qu’il lui
disait la vérité.
- Hé bien, je suppose que je peux respecter
ça, admit le malade. Mais toute cette situation est un peu soudaine, et tu
restes une dangereuse machine à tuer avec ton pouvoir.
Ces mots transpercèrent Cuphead de part
en part. Une machine à tuer… n’est-ce pas ? Il contempla ses mains un
instant. Ces mains qui contenaient ce pouvoir dévastateur, mortel…
Un
pouvoir qui a failli coûter la vie à Mugman !
- J… Je n’aime pas ce pouvoir du tout, avoua-t-il
d’une voix tremblante. Je pensais qu’il était génial et tout, mais après qu’il
ait transpercé mon frère comme ça… J… Je ne peux plus le supporter !
Submergé par l’émotion et par l’horreur
de ces souvenirs, Cuphead ne put retenir ses larmes.
Bendy n’aurait jamais cru qu’une simple
phrase mettrait son vis-à-vis dans un tel état ! Il s’empressa de
s’excuser.
- Tu n’as pas à te rappeler de ça !
lui promit-il.
Cuphead hocha la tête et écrasa les
perles qui roulaient sur ses joues. Il lui fallut quelques secondes pour
recouvrir à son calme et cesser de pleurer. Bendy, mal à l’aise, ne savait que
faire pour consoler son ennemi d’hier. Finalement, il lui tapota maladroitement
le dos, gêné.
- Là, là, grommela-t-il.
Le frère de Mugman lui jeta un regard
moqueur. C’était là tout ce dont il était capable ?
- Wha, t’es nul pour réconforter les
gens…
Piqué au vif, le malade se redressa et
foudroya Cuphead du regard.
- Mec, au moins, j’essaie ! se
défendit-il.
Les deux adversaires se jaugèrent. Qui
aurait pu dire, il y a encore deux jours à peine, qu’ils étaient capables de
tenir une conversation sans se sauter à la gorge ? A y réfléchir, la
situation était des plus coquasses ! N’y tenant plus, tous deux se mirent
à rire.
- Tu n’as pas l’air d’avoir beaucoup
d’amis, asséna un Cuphead des plus taquins.
- Oh, la ferme ! rétorqua Bendy.
Quand ils se turent, les deux vieux
ennemis échangèrent un sourire entendu.
- P’tit déj’ ? proposa le malade.
- C’est ma tournée ! répondit le nervi
du Diable.
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