Désolée pour cette longue absence, j'en suis désolée, mais, en ce moment, je suis à fond sur l'écriture d'un bouquin, je n'ai pas du tout pensé à entretenir le blog… Honte à moi !
Pour compenser, je vous mets ici le chapitre 3 de la fiction. En espérant que cela vous plaise toujours, évidemment !
Ah, oui, je voulais vous dire : n'hésitez pas à laisser des commentaires sur le blog pour me donner votre avis, faire des remarques ou poser des questions. Je serai ravie de vous répondre (enfin, dans la mesure du possible, tout de même !). Le blog est un lieu d'échange et de partage, alors n'hésitez pas !
- T’as encore pété un câble ou quoi ?
Wait jeta un regard assassin à son
serviteur tandis que celui-ci se penchait pour ramasser des éclats de verre,
souvenir d’un vase.
- Tu ne m’avais pas parlé de Lizzie, cracha
le Comte. C’est qui, cette pouffe ?
- Surveille ton langage en sa présence,
conseilla Gilles d’un ton sec. La duchesse de Nemurine est une personne à qui
tu dois le respect, Wait.
- Rien à faire, marmonna celui-ci.
- C’est toi qui a tenu à ce qu’on soit dans
cette situation. À toi d’en assumer les conséquences.
- La ferme, sale clébard, ou je te fais
arracher l’autre œil.
- Comme ça je ne verrai plus ta sale tête,
répliqua le domestique du tac ou tac.
Un violent coup de pied dans les côtes
l’envoya valdinguer contre un mur. Les morceaux de verre lui échappèrent et se
fichèrent dans le parquet ciré. Le Comte en ramassa un et le brandit sous l’œil
valide de son domestique.
- On peut arranger ça maintenant,
cracha-t-il.
- Tu as besoin de moi. Tu ne le feras pas.
- Je peux toujours m’en prendre à ta chère
famille.
- Tu m’avais promis que tu ne leur ferais
pas de mal !
- J’ai dit ça, moi ? Ah bon ?
- Oui, répondit Gilles dans un souffle, ne
quittant pas du regard l’éclat de verre à un centimètre à peine de son œil.
- Tu peux rêver, mon cher Gilles. Tant que
tu ne seras pas complètement soumis, je m’en prendrai à tout ce que tu
tiens !
- Tu m’as déjà tout pris !
- Comme ceci ? ironisa le Comte.
Il sortit de sous sa chemise un médaillon
relié à une longue chaîne. C’était un pendentif en forme d’étoile à huit
branches. Chacune des branches était frappée par une lettre minuscule de
l’alphabet grec ancien : deux alpha, un kappa, un mu, un nu, un lambda, un
rho et un sigma. Le centre était composé de plusieurs cercles concentriques,
disposés les uns sur les autres. Eux-mêmes étaient découpés en plusieurs arc de
cercles, comme les pétales d’une rose en plein épanouissement.
- Le plus précieux des trésors de ta
famille, non ? sourit Wait en voyant la flamme de colère s’allumer dans
l’œil de son domestique. Hein, le roturier ?
- …
- J’adore ce médaillon, avoua Wait. Il
faisait parti d’un trésor pirate, non ?
- …
- Et si je te crevai l’œil avec ? Ce
serait une sacrée ironie, non ?
- Wait ! appela une voix. Le déjeuner
est servi. Ta fiancée t’attend.
Dans l’encadrement de la porte se tenait la jeune femme aux cheveux coupés en carré court. Le Comte se releva en
bâillant :
- Pas trop tôt, grogna-t-il. J’avais faim,
moi. Gilles, qu’est-ce que tu attends ? Va chercher la fiancée et amène-la
à la salle à manger ! Tu t’attends à ce que ce soit moi qui le fasse ou
quoi ?
- Vous devriez, répliqua Gilles d’une voix
tremblante. Vous êtes son fiancé : à vous de vous occuper d’elle.
- Pff… Bon je vais envoyer Toboré la
chercher. Charge t’en, Gilles.
- Je t’ai déjà dit que je ne m’approcherai
jamais d’un de tes chiens de garde, cracha le jeune garçon en guise de réponse.
- Fais ce que je te dis ou je rend une
petite visite surprise aux jumeaux.
Gilles se raidit. Il jeta un regard
assassin à son Maître puis sortit du bureau en trombe.
Dans l’ombre, Sanal s’empressa de
retourner aux cuisines.
Un jeune homme pénétra dans sa suite sans
même frapper à la porte. Lizzie, qui s’était assise dans un canapé, se releva
en hâte. Elle ne l’avait pas encore vu… Ah si ! Ce matin, dans la chambre
de son fiancé. C’était un individu sec aux cheveux longs jusqu’aux épaules. Il
lui servit le même sourire éméché que celui plus tôt dans la matinée.
- Wait t'attend, indiqua-t-il avec
une voix mielleuse.
Lizzie ne prit même pas la peine de
répondre. Elle releva le menton, l’air hautaine. On l’avait laissée seule dans
cette pièce pendant près d’une heure. Pendant près d’une heure, elle avait cru
entendre des cris de détresse et de rage. Elle avait cru sentir la chaleur des
flammes sur son visage, cru voir des visages en pleurs, cru percevoir des coups
de feu se perdre au loin. Les émotions semblaient avoir été jetées en vrac sur
le sol et elle avait mis les pieds en plein dedans. Il lui semblait qu’elles
s’accrochaient à elle pour pénétrer sa peau, déverser leur essence à même son
organisme. Tout était si violent qu’elle aurait aimé s’enfuir en courant.
Pourtant, c’est d’un pas tranquille
qu’elle emboîta le pas de son guide. Elle cacha sa peur sous un masque
marmoréen et battit plusieurs fois des cils pour disperser les dernières traces
de larmes dans ses yeux.
Ils allaient vers l’aile Est du manoir
qui, elle, avait été récemment reconstruite, en déduisit Lizzie en arrivant
dans la salle à manger. Elle en eut le souffle coupé. Même dans le manoir
Nemurine, il n’existait pas de pièce égale à celle-ci ! Le plafond était
orné de peintures et de lustres en cristal : le moindre rayon de soleil
s’y accrochait pour ricocher dans toute la salle. Les fenêtres étaient
composées de vitraux dont les couleurs miroitantes éclaboussaient le sol.
- C’est magnifique, murmura la jeune fille.
Un toussotement la fit sursauter. Wait,
debout près de la table, l’attendait avec une impatience non dissimulée.
Gilles, posté près de lui, lui glissa quelques mots à l’oreille, mais son
maître le repoussa d’un geste de mauvaise humeur. Lizzie se tira un siège et
s’assit. Wait se mit à table à son tour, suivi de Lena, Rima et son guide.
Gilles disparut un cours instant pour revenir en poussant devant lui un chariot
à roulettes. Ce dernier croulaient sous les plats au fumet appétissant. Holly,
au seuil de la salle à manger, suivait l’évolution de son frère du coin de
l’œil.
- Civet de lapin, accompagné de riz cuit
dans du thé noir et carotte vapeur à la crème, énonça Gilles en déposant une
assiette fumante devant Lizzie.
Elle le remercia d’un sourire puis
attendit que les autres soient servis. Sanal vint servir le vin et Wait leva
son verre.
- À nos fiançailles, ma chère Elizabeth.
Lizzie leva sa coupe par pure politesse.
Elle n’avait aucune envie de se fiancer à cet homme qu’elle trouvait
sincèrement méprisable. Mais la curiosité finit par prendre le dessus sur
son dégoût.
- Dîtes-moi, Wait, minauda-t-elle. Je
voudrai savoir… Qui sont ces personnes qui partagent notre repas ?
Vous ne me les avez pas présentés en bonne et du forme.
- Ouais, ouais… Elle, c’est Léna, tout
d’abord.
Il désigna la jeune femme aux cheveux
courts qui ne daigna même pas lever les yeux sur Lizzie.
- C’est mon bras droit, expliqua Wait.
Ensuite, Rima que tu connais. Une femme qui lit à merveille, n’est-ce pas,
Gilles ?
Le domestique lui jeta un regard noir.
- Et enfin, reprit le Comte, Toboré. Un bon
élément, mais un peu idiot sur les bords.
- Pas que sur les bords, ricana Léna.
L’intéressé voulut répliquer, mais une
œillade incendiaire de son chef l’en dissuada. Lizzie haussa un sourcil, mais
ne pipa mot. Un bruit de casse attira Gilles en cuisine, laissant derrière lui
un lourd silence médisant. Lizzie s’attaqua à son assiette qu’elle trouva
délicieuse. Laissant de côté toutes les questions qui la taraudaient, elle
dévora avec enthousiasme. Rima esquissa un sourire mais ne toucha à rien, même
pas à son verre de vin. Aucun ne parla durant le repas.
Gilles apporta le dessert, composé de
tartelettes à la framboise et d’un thé ambré. Lizzie grimaça : encore
cette boisson de vieux… Pourquoi est-ce qu’elle devait toujours en
boire ! Elle en prit une gorgée par politesse puis reposa la tasse. Elle
préférait nettement les chocolats chauds ! Par contre, en grande gourmande
qu’elle était, elle ne laissa pas une miette de sa tartelette.
- Mr le Comte, pourquoi ne pas emmener
votre fiancée près du lac cet après-midi ? suggéra Gilles. Je me chargerai
d’annuler vos rendez-vous.
- J’avais des rendez-vous ? s’étonna
Wait.
Gilles ne préféra rien répondre et
commença à débarrasser la table. Wait faillit le rappeler à l’ordre, mais se
ravisa en croisant le regard de Lizzie. Cette dernière lui offrit un délicieux
sourire. C’était le moment de lui soutirer les informations qu’elle n’avait pu
obtenir de Gilles.
- Cela me ferait très plaisir,
assura-t-elle. Et si nous y allions maintenant ?
- Bien… Rima, Toboré, vous restez au
manoir. Lena, tu viens avec nous.
- Sanal, tu restes ici.
- Bien, M’amzelle.
- Miladie, reprit Wait en tendant la main
vers Lizzie.
Avant de sortir, le Comte jeta un regard
noir à son domestique qui, pour toute réponse, lui fit un petit signe de main
en guise d’au revoir. Une fois les trois promeneurs sortis de son champ de
vision, un air las s’inscrivit sur son visage.
- Quelle plaie, grommela-t-il. Il me reste
encore beaucoup de boulot.
- Laisse-moi t’assister ! proposa
Rima.
- Je dois avouer que ton aide serait la
bienvenue.
Rima se figea. Elle avait du mal que
Gilles ait cédé aussi facilement. Lui qui d’habitude lui refusait tout
systématiquement…
- J’espérai que les parents de Lizzie
m’auraient accordé plus de temps… A croire qu’ils ont hâte de se débarrasser de
leur fille. Quoiqu’il en soit, nous n’avons plus qu’un moi pour retaper
entièrement le manoir. La moitié de l’aile Ouest tombe en ruines, le hall, la
façade et le jardin ont besoin qu’on s’occupe d’eux en urgence. Si ont veut que
le mariage ait lieu comme prévu, tout doit être dans un état irréprochable.
- Gilles… Tu as conscience que Wait ne
voudra jamais épouser cette Elizabeth ?
- Il le faudra bien s’il veut que son plan
fonctionne.
Il déroula un plan du manoir pour s’y
pencher. Appuyée sur la chambranle de la porte, Rima le détaillait. Comment un
enfant de son âgé pouvait être aussi sérieux ? S’en était presque
fou !
- Gilles… commença-t-elle.
- Quoi ?
- Tu sais… On… Je m’en veux et
je…
- …
- J’ai toujours été sincère avec toi.
- Bien sûr, ricana-t-il, amer. Tu t’es joué
de moi, tu m’as dupé, tu as tué des personnes qui comptait à mes yeux, détruit
la vie de ma famille… A part ça, tout va bien !… Ça m’apprendra
à être aussi naïf !
- Gilles…
- Bon, voyons ce qu’on a aujourd’hui !
Il faudrait nettoyer la façade !
- ‘Peux aider ! proposa Sanal en
montrant ses biceps. Chez Numerine, nous twès forts !
- Merci Sanal… Rima, va chercher
Toboré et trouve un moyen de le dégriser parce qu’il doit déjà être pompette
là.
- J’y vais.
- Bien… Au travail.
Wait, Léna et Lizzie marchaient le long
d’un petit sentier. Cette dernière se demandait de quelle manière elle pourrit
tirer les vers du nez du Comte.
- C’est vraiment dommage que le manoir soit
dans cet état, soupira-t-elle d’un ton faussement désolé. On me l’avait dit si
magnifique !
- Si tu l’dis.
- Comment ça ?
- Je ne l’ai jamais vu, répliqua Wait en
haussant les épaules.
“Trop facile !” jubila Lizzie.
C’est alors qu’intervint Léna :
- Bien sûr que si, Wait. Tes troubles de
mémoire sont de plus en plus fréquents, décidément.
- Troubles de mémoire ? répéta Lizzie,
incrédule.
- Wait a vite été éloigné de sa famille à
cause de tentatives d’assassinats répétées. Il ne garde que peu de souvenirs du
manoir, souvenirs brouillés par des pertes de mémoire. Quand Wait a réintégré
le manoir, ce dernier avait déjà été sujet aux flammes.
“Sa version correspond à celle de Gilles,
pesta Lizzie. Mais je suis sûre qu’ils me mentent !”
- Et vos parents, les Seigneurs
Phamvarna ? demanda-t-elle poliment.
Un mauvais rictus contracta le visage de
Wait alors qu’un sourire carnassier étirait ses lèvres.
- Eux, ils ne sont pas près de me déranger
de sitôt !
- Que voulez-vous dire ?
Ils étaient arrivés près d’un lac
ceinturé de roseaux. Léna étendit une nappe et les fiancés s’y installèrent.
Wait défit le ruban noué autour du col de sa chemise et détacha ses cheveux
flamboyants. Il sortit de son col un médaillon en forme d’étoile et sourit.
- On dit qu’un jour, suite à une guerre
sans merci, un homme est resté aux portes de la mort pendant près de trois
mois. S’il est revenu à la vie, c’est grâce à ce médaillon, parce que ce bijou
à repousser le Dieu de la Mort… Fascinant, non ?
- Et assurément faux, renifla Lizzie, très
terre à terre.
- Vous croyez ?
- Vous n’avez pas répondu à ma
question.
- Les Phamvarna ? Ah… Disparus.
- Disparus ?
- Oui, mais ils seront là à temps.
- À temps pour quoi ?
Il lui offrit un sourire de loup
(décidément, c’était sa spécialité !)
- À temps pour le spectacle, ma chère Marine Lafontaine
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